Démarche collective : Le GIEE de Sainte Rose (La Réunion)
LA DÉMARCHE
Les Donnay ont cœur à partager et sensibiliser autour de la restauration écologique, de la préservation et de l’augmentation de la biodiversité, des pratiques agroécologiques et des savoir-faire traditionnels de La Réunion.
Dans un contexte où l’agriculture est souvent pointée du doigt, le monde agricole doit relever plusieurs défis : climatiques, agronomiques et écologiques, économiques et sociaux.
Un travail quotidien afin de façonner des paysages, nourrir la population, préserver les sols, l’air, les nappes phréatiques et la biodiversité, participer à l’économie de leurs fermes mais aussi de leur territoire.
A Ste Rose, où 62% de la population est en dessous du seuil de pauvreté, l’agriculture et notamment l’agriculture vivrière est un enjeu majeur pour subvenir aux premiers besoins pour cette commune mais pour l’île entière. La recherche de l’autonomie alimentaire dans un contexte de restauration écologique est donc essentielle pour répondre aux besoins de la population. Cette autonomie peut s’évaluer simplement en mettant en parallèle la consommation de la population et les surfaces de terres agricoles disponibles. Le CNRS met en avant une surface de 480 m2 par habitant alors qu’en métropole ce seuil est de 3700 m2 / habitant, soit 8 fois plus (CNRS, 2022). Certes la métropole n’est pas aussi exigüe que l’île de La Réunion et offre une surface bien plus importante mais elle révèle les enjeux en termes d’autonomie alimentaire de l’île qui ne se limiteront pas à un simple ajustement de l’affectation des terres mais par une modification structurelle majeure du système agro-alimentaire.
Face à ces constats, les Donnay et un petit groupe d’agriculteurs ont souhaité se regrouper pour partager en collectif et trouver des solutions à leur échelle pour mieux produire et diversifier leurs productions et promouvoir les actions du territoire.
LES SAVOIRS AGROÉCOLOGIQUES
Le 08 juillet 2021, 17 agriculteurs et agricultrices de Ste Rose ont créé l’association PARER pour partager des valeurs et une ambition agroécologique.
Toutes ces fermes font face aux mêmes problématiques : l’enherbement, les ravageurs des cultures, les maladies comme la fusariose, l’accès aux parcelles, les aléas climatiques, la valorisation et reconnaissance des productions, les obligations légales et répondre aux attentes des consommateurs, etc.
Les fermes sont diversifiées et expérimentent régulièrement de nouvelles cultures, pratiques montrant ainsi qu’il est possible de maintenir un niveau de production de qualité tout en réduisant le recours aux intrants et les diverses pollutions associées.
L’objectif principal de l’association est de créer une dynamique collective agricole autour de l’agroécologie pour atténuer les problématiques environnementales, économiques et sociales des exploitations et aussi du territoire.
Le fil rouge qui accompagne la mission de l’association est d’accepter la différence des pratiques fonction des conditions locales et donc de privilégier les approches systémiques et singulières.
3 ans plus tard et 2 agriculteurs supplémentaires dans le collectif PARER, le groupe se lance dans la création d’un GIEE : le GIEE de Ste Rose avec une parité homme / femme respectée.
La DAAF de La Réunion a reconnu officiellement le GIEE en novembre 2023 autour des objectifs suivants : Cultiver l’agriculture durable avec la préservation de la biodiversité, la lutte contre les EEE, le soutien à l’agriculture, la valorisation des produits et une communication engagée par l’association.
Le GIEE peut mettre en place ses actions pendant 3 ans, d’août 2024 à octobre 2027.
Le collectif compte donc 19 agriculteurs, agricultrices et une animatrice récemment recrutée.
Dès l’arrivée de l’animatrice, le collectif a répondu à l’AAP de l’ADEME autour du climat avec le souhait de travailler à une meilleure connaissance des sols des fermes du collectif et du potentiel de stockage de carbone des sols.
Le collectif se regroupe régulièrement pour affiner leurs objectifs et les moyens de les réaliser mais aussi d’échanger autour de bonnes pratiques qui répondent aux enjeux des fermes et du territoire notamment en termes de restauration écologique, de plantation de haies indigènes, de lutte contre la fusariose sans intrants chimiques, de la gestion du letchi et de son élagage et bien d’autres sujets agronomiques.
Outre la volonté d’être dans la Performance économique, sociale et environnementale, ils se sont fixés 3 grands objectifs :
- Augmenter la valorisation de leurs productions par une meilleure reconnaissance commerciale des pratiques agroécologiques et durables
- Lutter contre l’isolement en milieu rural et insulaire notamment par une meilleure rémunération
- Valoriser les fonctionnements des écosystèmes et des régulations offertes par la Biodiversité
L’animatrice a procédé à un diagnostic de ferme rapidement après son arrivée et à la définition d’une série d’indicateurs permettant de mieux qualifier les fermes sur divers aspects (agronomiques, pédologiques, énergétiques, Biodiversité, etc.). Une façon de mieux comprendre les objectifs de chacun et d’accompagner les fermes.
Les fermes du collectif sont diversifiées d’une part pour pérenniser l’activité agricole mais aussi pour maintenir et favoriser la biodiversité. En effet, ils sont convaincus du rôle de cette biodiversité réunionnaise pour les aider à mieux gérer les diverses problématiques agronomiques et environnementales.
Quelques exemples :
Une ferme avec une vocation historique de canne à sucre avec de nouvelles diversifications vers la banane sous couvert de légumes, vanille sur tuteur indigène, ou encore de transformation de produits locaux (fruits secs, sirop, etc.). Une ferme qui s’engage à diminuer ses IFT notamment herbicide sur canne à sucre en ne réalisant plus qu’un seul passage d’herbicide.
Une ferme en letchi AB avec diversification vers le fruit de la passion, ananas et d’autres productions légumières et médicinales avec transformation à la ferme.
Une ferme en maraichage très diversifié en AB avec le développement d’une offre circuit court. Ferme prometteuse tant par la diversité variétale présente que par la gestion de la restauration écologique.
L’exploitation des Donnay étant aujourd’hui un modèle de référence tant en matière de restauration écologique que de production de vanille en sous-bois ou encore de production de letchis. Une opportunité pour transmettre des messages, des pratiques durables et de conserver des savoir-faire traditionnels.
Les Donnay ont cœur à augmenter la biodiversité mais constate qu’elle n’est pas que végétale ou animale mais belle et bien humaine aussi ! Ils s’évertuent à partager leur savoir et leur passion pour la biodiversité indigène et endémique de La Réunion.
INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR
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