Régulation naturelle des ravageurs
LA DÉMARCHE
Depuis quelques années, Philippe Delmas met en place des aménagements sur l'exploitation pour favoriser la régulation naturelle des ravageurs. Conscient de l'importance de ces actions long terme, il souhaite densifier le maillage paysager de son exploitation.
Via le GIEE Héraclès, un groupe de viticulteurs a été accompagné par des experts naturalistes pour implanter des haies et poser des nichoirs à oiseaux et à chauves-souris (Groupe chiroptères Languedoc-Roussillon ; Association des amis du parc ornithologique du Pont de Gau). Le matériel végétal et l'accompagnement pour la conception des plantations de haies ont été financés par Perrier. Pour le projet auxiliaires de culture oiseaux et chauves-souris, le travail des associations naturalistes de diagnostic du paysage et de l'habitat disponible, ainsi que la mise en place et le suivi de l'occupation des nichoirs ont été financés par la DRAAF.
LES SAVOIRS AGROÉCOLOGIQUES
Haies
Les 760 m de haies implantées en fin d'automne 2017 sont composés au total de 22 essences de l'arbre à l'arbuste (Arbre de judée (Cercis siliquastrum), chêne pubescent (Quercus humilis pubescens), érable de Montpellier (acer monspessulanum), érable à feuille d'aubier (acer opalus), grenadier (punica granatum), nerprun alaterne (rhamnus alaternus), laurier noble (laurus nobilis), pommier sauvage (Malus sylvestris), églantier (rosa canina), cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), romarin (Rosmarinus officinalis), ciste cotonneux (Cistus albidus), coronille (coronilla glauca), seringat (philadelphus). Parmi ces espèces beaucoup d'espèces à fruits ou à baies pour apporter des ressources nutritives aux auxiliaires ou à la faune sauvage.
Quelques éléments clés à prendre en compte avant l'implantation d'une haie :
- Des essences locales adaptées au milieu méditerranéen (et adaptées à l'évolution du changement climatique - sécheresse et pics caniculaires réguliers)
- Des essences mellifères permettant de fournir des ressources nutritives aux pollinisateurs (pollen et nectar) comme l'érable à feuille d'Aubier, l'azerolier ou le romarin.
- Une diversité d'espèces avec des périodes de floraison différentes permet d'obtenir une floraison étalée.
- Des espèces favorables à la régulation de ravageurs : par exemple le chêne pubescent via ses feuilles pubescentes accueille des acariens auxiliaires de la vigne (lutte contre les acariens parasitaires) et l'orme champêtre abrite Anagrus atomus, parasitoïde de la cicadelle verte de la vigne ainsi que des araignées, chrysopes, hyménoptères et des coccinelles.
- Des alignements d'arbre continu (importance de ne pas avoir de trou) pour jouer le rôle de corridor écologique
- Des essences permettant d'obtenir une haie composée de différentes strates (arbre, arbuste haut et bas, arbrisseau) et être ainsi un refuge pour une diversité d'espèces
Philippe Delmas a fait le choix de positionner ses haies en bordure des habitations afin de créer une barrière naturelle entre zone traitée et riverains.
schéma de plantation des haies – réalisé par cave Héraclès.
Plantation de haies collective (déc. 2017) Crédit photo : Camille Guilbert
Haies plantées à l'automne 2017 (2/05/19) – Ciste de Montpellier
Haies plantées à l'automne 2017 (2/05/19) – Romarin
Nichoirs
Des nichoirs à oiseaux et à chauve-souris ont été installés dans deux objectifs : assurer la préservation des espèces ciblées et sensibiliser les agriculteurs et les citoyens à la biodiversité et à son importance dans l'agrosystème.
Concernant les nichoirs à oiseaux, 2 types ont été posés pour cibler de petits oiseaux (passereaux de type mésanges…) et de plus gros (huppes, rolliers).
Après une première année d'expérimentation, les retours sont positifs puisque les naturalistes ont relevé un taux d'occupation des nichoirs de 61 %.
Une diversité d'espèces ont colonisés les nichoirs : mésange charbonnière, étourneau sansonnet, rollier d'Europe, hiboux petits-ducs… Toutes ces espèces sont consommatrices d'insectes au moins en période de nidification ce qui les définit comme auxiliaires de culture.
Des résultats très encourageants pour les viticulteurs du groupe.
Dans l'objectif de favoriser la prédation des ravageurs de la vigne ( vers de la grappe eudémis notamment) par les chauves-souris, il est nécessaire de « fixer » des colonies de ces espèces sédentaires à proximité des parcelles cultivées. La fixation des colonies de chiroptères peut être favoriser par l'implantation d'abris artificiels qui doivent cependant aller de paire avec des pratiques agricoles favorables aux chauves-souris et le maintien des gîtes existants (arboricoles, arbres isolés, bâti, ponts…).
En France le CTIFL a montré, la prédations par des espèces du genre Pipistrelle de ravageurs comme la cicadelle pruineuse, la mouche de l'olive, le carpocapse de la pomme et la tordeuse orientale. Depuis 2017, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) finance le programme de recherche « Vitichiro » coordonné par la LPO Aquitaine, en collaboration avec Eliomus et l'INRA qui met en évidence l'activité de prédaction des chauves-souris sur les tordeuses de la grappe.
13 espèces de chauve-souris ont été recensées sur le territoire. Les nichoirs à chauve-souris ont donc été conçus pour recevoir une diversité d'espèces. Après 2 années d'expérimentation, aucune chauve-souris n'a été observée dans les abris2 occupations d'abris ont pu être constatées à l'été 2019, ce qui est très positif dans la mesure où l'occupation des abris artificiels à chiroptères est beaucoup moins évidente que celle des oiseaux. Selon les experts, la recolonisation peut prendre une dizaine d'année. D'autres traces d'occupation possible ont été observées.
Nichoir à chauve souris Crédit photo : Camille Guilbert
Nichoir avec œufs de Rollier Crédit photo : Benjamin Vollot
Pose de nichoir à oiseaux photo : Camille Guilbert
Quelques fossés ont également été restauré dans le cadre de contrat MAEC.
Principaux bioagresseurs | Moyen de lutte privilégié | Pratiques défavorisant les ravageurs | Prédateurs des ravageurs | Aménagement paysager |
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Eudémis Lobesia botrana (Vers de la grappe) | Confusion sexuelle | Chauves-souris | Haies, pose de nichoirs | |
Cicadelle Scaphoideus titanus (Flavescence dorée) |
Épamprage (préventif) Traitements obligatoires (Pyrevert (à base de pyréthrine) Repérage et arrachage des souches contaminées |
Certains cépages non sensibles à la flavescence (porteurs sains) | ||
Pyrale Cryptoblabes |
Traitements sur cépages tardifs au spinosad (Cabernet Sauvignon)
Surveillance |
Comptage, piège de papillons
Cépages précoces moins impactés |
Haies, pose de nichoirs |
Confusion sexuelle
La confusion sexuelle est utilisée pour lutter contre le vers de la grappe. Pour une bonne efficacité, il est important de pratiquer la confusion sexuelle sur de grandes superficies pour disposer d'une bonne couverture des phéromones. Ainsi l'action collective a du sens puisque de nombreux vignerons coopérateurs de la cave sont voisins. Les viticulteurs constatent une très bonne efficacité sur l'ensemble des générations.
Diffuser de phéromones dans les vignes.
INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR
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Agronomiques |
Environnementaux |
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