une ressource génétique la domestication des plantes
La domestication des plantes
La permanence des champs cultivés sur le même sol pose le problème des mauvaises herbes. En effet, la culture du sol crée un milieu favorable au développement de certaines plantes sauvages, car elle y établit des conditions de vie marquées par une concurrence moins sévère entre les espèces. Ainsi, s'est développé le labourage, le sarclage, le binage puis plus récemment l'usage de désherbants qui détruisent périodiquement les plantes qui envahissent les cultures.
Depuis le début de l'agriculture, certaines plantes vivent en mélange avec les espèces cultivées par l'homme : les coquelicots, le bleuet, la nielle mais aussi le Galeopsis ladanum ou la nigelle qui surviennent plus tardivement et fleurissent après la récolte.
Les plantes messicoles sont « des mauvaises herbes annuelles » qui peuvent accomplir leur cycle en même temps que la culture et même s'y adaptent. On parle aussi de plante mimante. À tel point que certaines mauvaises herbes sont devenues plus tard des plantes cultivées. Les mauvaises herbes les plus avantagées ont été celles qui s'égrènent le moins facilement.
L'agriculture a essayé de se débarrasser de ces plantes par vannage et criblage des semences. Ainsi, jusqu'à l'arrivée d'un triage parfait (semences certifiées).
Les botanistes et archéologues, comme André-Georges Haudricourt, distinguent les cultures primaires qui sont la base de l'agriculture antique (blé, orge, soja, lin, coton) des cultures secondaires, plus récentes, qui ont pris naissance à partir des mauvaises herbes et des plantes salissant les cultures primaires. Ainsi, certaines mauvaises herbes d'une culture ancienne sont devenues d'actuelles plantes cultivées. C'est le cas de la cameline, du seigle, de l'avoine, de la vesce, du millet, de la spergule, de la moutarde, de la roquette, de la navette, de la mâche ou de l'épeautre.
Le seigle a été certainement une mauvaise herbe des champs de blé. Ainsi, les variétés sauvages de seigle telles que Secalinum vavilovie ou Secalinum montanum ont évolué et se sont croisées pour donner naissance à Secalinum cereale (le seigle) à grains nus et épis rigides. Avena fatua a donné naissance à Avena sativa.
Des messicoles porteuse d'un patrimoine génétique
On constate aujourd'hui que plusieurs espèces messicoles ou adventices ont autrefois été cultivées, la plupart du temps sur de faibles surfaces et dans des conditions particulières. C'est pour cela que dans les flores on parle de plantes subspontanées. Et il est parfois difficile de distinguer la variété sauvage de la variété domestique (pois cultivé, cameline). Une seule espèce est toujours cultivée dans les cultures (sans compter les trèfles, luzernes et sainfoins) : la vesce. Seules trois espèces sont aujourd'hui remises en culture : la cameline, l'ers et le pois carré, notamment par des producteurs biologiques. Concernant le pois cultivé, il est difficile de distinguer la variété sauvage de l'espèce cultivée.
Ces ancêtres sauvages, les autres espèces comme les légumineuses autrefois cultivées (ers, jarosse, vesce de Narbonne) et celles qui ne l'ont jamais été comme Lathyrus aphaca, Lathyrus annuus, Vicia bithynica (vesce de Bithynie), Vicia hybrida, Vicia cracca, Vicia pannonica, Medicago, Scorpioides Matthioli, Melilotus parviflora (mélilot à petite fleur), trifolium stellatum (trèfle étoilé), constituent un véritable patrimoine génétique qui mériteraient l'attention des chercheurs.
Les liens entre les espèces sauvages et les espèces cultivées ou autrefois cultivées (par exemple la mâche) sont toujours peu connus et peu étudiés. Ces espèces sauvages ou subspontanées constituent une ressource de gènes pour les espèces cultivées.
La mise en culture de ces espèces avec une production de semences pourrait s'avérer un atout pour développer certaines pratiques agroécologiques comme l'implantation de cultures intermédiaires ou d'engrais verts, le semis sous couvert vivant. Le semis de blé dans un couvert vivant est aujourd'hui pratiqué par quelques producteurs avec des vieilles variétés de blé à paille longue dans de la luzerne. Il pourrait être intéressant de pouvoir implanter des légumineuses annuelles qui ne soient pas aussi concurrentes que la luzerne.