De quoi parle-t-on ? Des plantes de service

Il existe peu de références sur les différents services rendus par les plantes messicoles. Les travaux récents, notamment sur les services de pollinisation et de lutte biologique, portent sur les adventices en général dont certaines sont des messicoles souvent associés dans le cadre de mélanges de plantes sauvages associées à des plantes cultivées (sarrasin, coriandre).

Les derniers travaux de recherche sur le service de pollinisation viennent tous confirmer l'importance des bourdons et des abeilles sauvages dans la pollinisation des cultures et encore plus dans celles des plantes sauvages. Leur activité est complémentaire des abeilles domestiques à moins que ce ne soit l'inverse. La richesse spécifique de ces pollinisations sauvages est tout aussi importante que leur abondance.

Et seule une flore diversifiée proche des parcelles cultivées est à même de maintenir ces pollinisateurs. Celle-ci peut se trouver dans les infrastructures pérennes comme les lisières de bois ou les haies, les prairies naturelles mais encore mieux au sein des parcelles (les messicoles). Il est possible de compenser en partie cette flore sauvage en implantant des bandes fleuries composées de plantes sauvages et d'espèces cultivées choisies pour leurs ressources nectarifères et en pollen.

Cependant, ces mélanges ne sont pas à même de maintenir certaines espèces d'abeilles sauvages et donc indirectement certaines plantes sauvages.

De part leur caractère peu compétitif, les messicoles contribuent donc dans les champs où elles sont encore présentes (c'est-à-dire très peu) à assurer ces services et donc ont un effet positif sur le rendement des cultures.

Ailleurs où les messicoles sont absentes, il est conseillé d'implanter ces bandes fleuries.

Dans une stratégie de réduction de l'usage des pesticides (plan Ecophyto II) et de développement de l'agriculteur biologique, il devient important de proposer des mélanges fleuris aptes à contribuer aux services de pollinisation et de contrôle biologique.

Certaines plantes messicoles sont d'ores et déjà repérées : coquelicot, bleuet, anthemis des champs, moutarde des champs, cameline. D'autres pourraient être ajoutées notamment les fabacées (vesces et gesses).

La production de semences pour pourvoir à ces mélanges devient donc un enjeu stratégique.

De quoi parle-t'on?

La ressource génétique que constituent ces plantes est aussi un enjeu majeur. En effet, certaines sont d'anciennes plantes cultivées qui pourraient être remises en culture.

Elles sont en mesure de contribuer à créer de nouveaux mélanges pour implanter des cultures intermédiaires, des méteils ou des céréales sous couvert vivant.

Dans ce contexte, il devient impératif de protéger et accompagner ces véritables conservatoires in situ que constituent certaines parcelles particulièrement riches en messicoles et très souvent localisées chez des producteurs biologiques.

Leurs rôles esthétiques ou leurs usages alimentaires (plantes de cueillette) ou des usages thérapeutiques ne sont pas non plus à négliger.

En fait, les plantes messicoles qui ont accompagné l'avancée de l'agriculture constituent un véritable patrimoine culturel avant même d'être un patrimoine biologique. Elles tracent l'histoire de celle-ci depuis le Néolithique et la longue domestication des plantes sauvages.

Pour toutes ces raisons, il convient d'investir sur ces plantes sauvages ou semi-sauvages et ne pas les laisser disparaître sous la pression des pratiques agricoles toujours plus intensives.

Convaincre les agriculteurs de maintenir ces plantes dans leur parcelle est certainement la meilleure stratégie face aux moyens dérisoires des mesures agroenvironnementales et de leur complexité administrative de mise en œuvre.

Il reste donc à montrer que ces plantes peu compétitives sont en mesure d'améliorer le rendement global des cultures. Elles peuvent devenir aussi un traceur de pratiques écologiques vis-à-vis des consommateurs.

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