Philippe Bosc éleveur bovins viande en Aveyron
Philippe Bosc est éleveur bovins viande sur la commune de Bertholène en Aveyron. Après 20 ans en semis-direct, il s'est lancé dans le SDCV il y a 4 ans. Sur sa ferme, le couvert est un outil pour pérenniser le semis-direct, il nous fait par de son expérience et des difficultés qu'il rencontre.
Démarche
Le père de Philippe Bosc est passé au SD dans les années 90, pour diminuer ses coûts d'intervention sur des terres maigres avec des affleurements de cailloux. Petit à petit, il s'aperçoit de l'intérêt agronomique : « le sol se portait bien mieux ».
Philippe Bosc a d'abord développé le SD sans penser à la rotation. La succession de graminées sur une même parcelle a conduit à des gros soucis de mauvaises herbes, notamment de brome stérile. Pour gérer ses adventices, il repasse aux TCS, mais les résultats s'empirent « plus on gratouillait, plus on avait de problème de mauvaises herbes ». En 2010, Philippe Bosc repense sa rotation (alternances graminées légumineuses) en insérant des couverts végétaux. Sans allonger la rotation, ses couverts ont permis d'amener d'autres cultures comme le pois, la vesce, le radis, la navette… Il positionne ses couverts entre deux cultures principales (ex : céréales-couvert-céréales, céréales-couvert-PT…).
Son tout premier semoir de SD, il y a 20ans, était peu perforant et n'arrivait pas à pénétrer dans le sol s'il y avait des résidus. « Il fallait parfois brûler les chaumes : l'inverse d'aujourd'hui ! Une aberration agronomique !! ». Après avoir utilisé plusieurs types de semoir il a investi récemment en copropriété dans un Semeato (modèle tdgn 300M).
Les résultats
Ses rendements sont comparables voir supérieurs à ses voisins en utilisant beaucoup moins de carburants : 5 à 6 litres à l'hectare pour le semis. Concernant le temps passé sur ces parcelles, il répond : « ça fait 20 ans que je n'ai pas touché une charrue, alors je me rappelle plus bien le temps qu'on y passait !! »
Concernant son sol, l'agriculteur est marqué par la forte présence de vers de terre et surtout par le changement de la structure du sol. «Cela se voit surtout au moment du semis : le couvert à travailler le terrain en le restructurant, et il y a une nette amélioration au niveau des cultures suivantes car elles ont une meilleure implantation. Certains pensent qu'il faut de temps en temps retourner ou aérer mécaniquement le sol : surtout pas !! Lorsque on pratique cette technique du SDCV il ne faut surtout pas vouloir revenir en arrière en intervenant mécaniquement sur le sol pour ne pas détruire toute la structure verticale qui s'est mise en place »
Choix du couvert
Philippe Bosc réalise des profils de sol pour choisir le couvert qu'il implante. Si, le but est de restructurer un sol, des plantes restructurantes avec leurs racines comme le radis, la navette sont semées. Si le couvert précède une graminée, il choisira plus de légumineuses. Les couverts d'été (ex : entre deux céréales) seront composés de mélange à base d'avoine, colza, vesce pourpre, trèfle d'Alexandrie, moha, radis fourrager, navette fourragère. Pour cet éleveur, il est primordial qu'il n'y ait jamais de plantes toxiques pour les animaux dans le couvert, car les années de sécheresse, il s'en sert de pâture pour augmenter l'autonomie du troupeau. Les couverts d'hivers seront composés d'avoine, triticale, pois, vesce, trèfle incarnat et récoltés en vert.
Les couverts sont détruits chimiquement (1.5 l de glyphosate/ha soit une demie dose) la veille du semis des céréales. Pour les semis de petites graines des prairies temporaires, la destruction se fait trois semaines avant afin de leur permettre un accès plus rapide à la lumière.
Le SDCV et les prairies temporaires
Pour implanter des céréales à l'automne après une PT en SDCV, Philippe Bosc conseille d'éviter le piétinement avant le semis. Ceci implique une réflexion en amont pour les parcelles destinées au semis de céréales et une bonne gestion du pâturage. « Il faut éviter la compaction sinon c'est 2 à 3 ans de travail pour les vers de terre. » Pour éviter la monter en graines des mauvaises herbes, les refus des PT sont systématiquement fauchés.
Difficultés techniques
« En SDCV, on garde les bons éléments du sol comme les vers de terre mais aussi les moins bons comme les taupins, limaces, zabres…. ». L'agriculteur a connu des échecs lors de l'implantation des prairies notamment à l'automne. De même pour les limaces ; il traite « quand c'est vraiment nécessaire ». La localisation de la fertilisation (par micro-granulés pour l'instant et liquide dans le futur), permet à Philippe Bosc d'avoir de très bons résultats d'implantation des céréales, et des fourragères notamment grâce au phosphore. « Le phosphore est un élément déterminent dans le développement racinaire. Il est important qu'il soit situé au plus prés de la graine. »
Le SDCV adapté à tous les sols ?
Le SD est possible dans tous types de sols mais est plus difficile dans les sols argileux où les conditions de semis doivent être optimales. Ces sols plus humides présentent des risques de tassement importants. « Sur les sols argileux, le SDCV peut être une solution car le couvert permet d'améliorer la filtration de l'eau dans le sol en période humide, la structure du sol mais aussi sa portance. »