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Assolement 2023 2024
Évolution de la stratégie concernant les productions végétales sur l’exploitation :
Avant la conversion en AB, dans le début des années 2000, la rotation en place sur l’exploitation était assez intensive et la production s’appuyait sur d’importants apports de fertilisants (effluents du troupeau bovin). Il n’y avait pas ou peu de couverts végétaux (excepté quelques cultures dérobées destinées à l’alimentation du troupeau) et les prairies étaient présentes uniquement sur les parcelles les plus pauvres de l’exploitation. De plus, la monoculture de maïs représentait un des piliers de l’économie de l’exploitation. Ce modèle, basé sur la rentabilité des aides de la PAC, n’était pas durable d’un point de vue agronomique et les exploitants (Sylvain et ses parents) ont rapidement été confrontés à des problématiques liées au sol avec des taux de matières organiques (MO) relativement bas et une pression croissante des adventices.
La conversion en AB en 2009 a donné lieu à d’importantes modifications dans la rotation et les pratiques de l’atelier grandes cultures. Les prairies temporaires ont été intégrées dans la rotation sur l’ensemble du parcellaire (ce qui a grandement contribué à réduire la pression des adventices) : trois années de prairie précédaient trois années de cultures de céréales. La monoculture de maïs a été abandonnée.
Stratégie actuelle de l’atelier grandes cultures :
La rotation actuellement présente sur l’exploitation a été mise en place il y a 3 ans et s’étale sur 5 à 6 ans. En relation avec l’intégration de la méthanisation sur l’exploitation, elle intègre des Cultures Intermédiaires à Vocation Énergétique (CIVE). En accord avec les objectifs fondamentaux de Sylvain, le cahier des charges de l’AB et le faible potentiel agronomique des terres, la rotation a été réfléchie de manière à limiter l’utilisation d’intrants. Cela passe notamment par une gestion intégrée des adventices : semis de prairie sous couvert de seigle, travail du sol raisonné, choix de cultures couvrantes en fin de rotation (méteil) ou ayant des propriétés allélopathiques (seigle, sarrazin), ainsi que par la présence de prairies pendant plusieurs années dans la rotation, qui « étouffent » les graines d’adventices.
L’assolement est également réfléchi en fonction des caractéristiques des parcelles : une terre plus salissante et séchante sera plutôt semée avec du sarrazin par exemple.
Actuellement, les exploitants s’engagent dans une démarche « d’extensification des CIVE » : après avoir mené une conduite de CIVE plutôt intensive pour constituer les stocks de l’unité de méthanisation et remplir ses silos, l’objectif est de réduire la fréquence d’implantation des CIVE dans la rotation (CIVE d’été de maïs non systématique car plus gourmande en intrants et donc moins rentable en euro/kWh par rapport à une CIVE d’hiver ou à de la fauche de prairie permanente).
Selon Sylvain, la rentabilité économique des productions végétales à l’échelle de la rotation est aujourd’hui meilleure qu’à l’origine.
Les cultures présentent dans l’assolement 2024 :
- Prairie Temporaire (ray grass anglais, ray grass hybride, trèfle violet, trèfle blanc, luzerne) : 198 ha
- Prairie Naturelle : 34ha
- CIVE hiver (seigle) : 170 ha
- CIVE été (maïs) : 10ha
- Maïs grain : 88ha
- Seigle semence : 7ha
- Méteil (Triticale/Pois/Féverole) : 47ha
- Blé meunier (mélange de 3 variétés) : 21ha
- Sarrazin : 20ha
- Triticale hiver : 57ha
INTRANTS 2023
Fuel :
- 45 000L-50000L/an, toutes sociétés comprises (dont développement, travaux)
Irrigation :
- Prairie Temporaire (ray grass anglais, ray grass hybride, trèfle violet, trèfle blanc, luzerne) : 0m3/ha
- Prairie Naturelle : 0m3/ha
- CIVE hiver (seigle) : 0m3/ha
- CIVE été (maïs) : 750 m3/ha
- Maïs grain : 1250m3/ha
- Seigle semence : 0m3/ha
- Méteil (Triticale/Pois/Féverole) : 0m3/ha
- Blé meunier (mélange de 3 variétés) : 250 m3/ha
- Sarrazin : 0m3/ha
- Triticale hiver : 0m3/ha
350ha de surface irrigable
120ha irrigués
122 750 m3/an
Irrigation à partir de la retenue collinaire située au centre du parcellaire, alimentée par les eaux gravitaires. Construite il y a une vingtaine d’années, elle constitue un des atouts majeurs de l’exploitation, car elle permet un accès à l’eau pour la grande majorité des parcelles. Les exploitants ont choisi d’installer des pivots qui, d’après eux, consomment moins d’énergie et limitent les pertes en eau.
Mais l’irrigation reste très consommatrice d’électricité et est donc utilisée de manière raisonnée.
Engrais
- Pas d’apport d’engrais minéraux (bio), seulement apports de digestat solide et liquide (voir tableau ITK) + fumier au pâturage
Produits phytosanitaires
- Pas de produits phytos (AB)
Aliments achetés
- Type d’aliments achetés et quantités : autonomie totale sur l’alimentation du troupeau
- Autonomie en concentrés : 100 %
Semences :
Nombre de doses
- Prairie Temporaire (ray grass anglais, ray grass hybride, trèfle violet, trèfle blanc, luzerne) : 25 kg/ha
- CIVE hiver (seigle) : 120 kg/ha
- CIVE été (maïs) : 75 grains/ha
- Maïs grain : 90 grains/ha
- Seigle semence : 70 kg/ha
- Méteil : 120kg/ha Tritical, 25kg/ha Pois, 50kg/ha Féverole.
- Blé meunier (mélange de 3 variétés) : 150 kg/ha
- Sarrazin : 35 kg/ha
- Triticale hiver :
- CMV (Compléments minéraux et vitaminiques) : Environ 2000 euro/an
VENTES 2023
Vente / débouchés :
- Céréales : vendues prêtes à l’achat à un courtier (présence d’un séchoir, séparateur, etc…sur l’exploitation) + quelques cultures destinées à renouveler le stock de semences fermière de l’exploitation + méteil en partie destiné à l’alimentation du troupeau
- Pailles : litière pour le troupeau + consommable comme fourrage si besoin car paille de qualité riche en légumineuses
- CIVE : entièrement valorisées en méthanisation
- Prairie : fauche + enrubannage + pâturage + fauches de prairies naturelles en méthanisation + prairies temporaires retournées et enfouies avant l’implantation de la culture suivante
Viande :
Vente / réseau de commercialisation : Coopérative Celmar
Prix de vente :
- Vaches de réformes : 5euro/kg carcasse (389 kg carcasse en moyenne)
- Veaux rosés : 6euro/kg carcasse (160 kg carcasse)
- Broutard : 3 € /kg vif (poids vif moyen 340kg)
- Broutards : 2.5€/kg vif (poids vif 280kg)
ASSOLEMENT 2024
CHEPTEL 2023
Stratégie de l’atelier bovin allaitant :
L’atelier bovin allaitant est peu rentable, mais il est maintenu sur l’exploitation, car il joue un rôle important dans la cohérence du système (voir stratégie agronomique de l’exploitation). L’objectif des exploitants est donc d’extensifier au maximum la conduite du troupeau et de réduire le temps de travail associé.
À l’origine, l’exploitation était spécialisée dans l’engraissement de taurillons, jusqu’à la conversion en AB en 2009 avec la mise en place du système veaux rosés et broutards. En lien avec le système des aides PAC, désormais attribuées à l’UGB, un atelier d’élevage de bœufs a été introduit sur l’exploitation il y a 3 ans. Élevés à l’herbe et vendus à l’âge de 3 ans, les premiers bœufs devraient être vendus à l’été 2024.
Le troupeau est au pâturage 8 mois dans l’année (environ avril à novembre), et en bâtiment avec parcours extérieur les 4 mois restants. Le fumier bovin (fumier sur aire paillée) est donc valorisé en méthanisation uniquement pendant l’hiver.
L’alimentation du troupeau est composée de foin et d’enrubannages de prairies temporaires, de farine de triticale/pois/féverole (méteil produit sur l’exploitation) et d’herbe au pâturage. Cette ration peut éventuellement être complétée avec de la paille de méteil, riche en légumineuses et valorisable comme fourrage. Une réflexion est en cours pour adapter au mieux les effectifs du troupeau avec la surface disponible sur l’exploitation.
Nombre d’animaux par catégorie
- Mères allaitantes : 70
- Taureaux : 3
- Génisses de plus de 2 ans : 7
- Génisses entre 1 et 2 ans : 7
- Génisses de moins de 1 an : 7
- Veaux rosés : 20
- Broutards : 21
- Bœufs de 0 à 1 an : 16
- Bœufs de 1 à 2 ans : 16
- Bœufs de 2 à 3 ans : 16
Gestion des effluents
- Pâturage et fumier sur aire paillée (en bâtiment) valorisé en méthanisation
- Curage des bâtiments un peu moins d’une fois par mois.
Stockage du digestat : 18 mois de capacité de stockage sur l’exploitation (capacité de stockage réglementaire de 4 mois mais en pratique la capacité de stockage sur les installations est plutôt de 6 mois pour le digestat liquide).
ÉQUIPEMENT 2023
La taille du parc d’engins agricoles sur l’exploitation ainsi que l’importante largeur des outils permettent d’assurer une bonne efficacité sur les chantiers conséquents de l’exploitation.
Les débits des chantiers ayant augmenté avec l’intégration de l’unité de méthanisation, la puissance des tracteurs et la taille du parc de machines a augmenté, entrainant une hausse des charges de mécanisation. Cependant, Sylvain et son équipe sont très autonomes sur l’entretien et la réparation du matériel, ce qui permet de limiter les charges de maintenance des machines.
Matériel de traction :
- 2 JD 6930: 155 cv
- 2 JD 7830: 205 cv
- JD 7310r: 310 cv
- JD 6195r: 195 cv
- JD 6195m: 195 cv
- JD 7700 : 140 cv
Matériel de récolte :
- 2 Ensileuse Claas
- Groupe de fauche JD et Krone de 9m de largeur
- Presse variant 365
- Moissonneuse Claas Lexion 750 de 7,5m de largeur
Matériel de travail du sol :
- Charrue Huard 12 corps de largeur
- Charrue G&B 8 corps de largeur
- Charrue Naud 5 corps de largeur
- 2 herses rotatives Kuhn de 4 m de largeur
- Déchaumeur Terrano Horsch de 6 m de largeur
- Déchaumeur à disque de 4,5m de largeur
- Semoir monosem de 12 rangs de largeur
- Semoir Pronto Horsch pour semi simplifié de 6 m de largeur
- Semoir combiné (avec herse rotative) de 4 m de largeur
Matériel de transport :
- Tonne à lisier avec enfouisseur de 30 000L
- 2 remorques Joskin de 50 et 55m3
- 2 remorques Duchesne de 18 et 24tonnes
- Remorque de 60m3
Matériel de manutention :
- Télescopique Merlo
- 2 télescopiques JCB
- Télescopique Kramer
- 2 pelleteuses Case
- Mini-pelle
Rotation type
Rotation type
Rotation
- Année 1 : Semi de prairie temporaire sous couvert de seigle (semés ensemble grâce à un semoir Pronto). Récolte du seigle en avril, puis la prairie se développe très bien derrière. Elle est récoltée en juin/juillet en foin et enrubannage : fourrage de bonne qualité, très riche en protéines. Les animaux pâturent les repousses de la prairie d'août à octobre/novembre (+complément fourrage grossier).
- Année 2 : Prairie temporaire toujours en place. Récoltée un peu plus tôt dans l’année, en enrubannage. Des coupes et du pâturage suivent.
- Année 3 : Prairie temporaire toujours en place OU directement CIVE été + blé
- Année 4 : CIVE été implantée en début d’été et récoltée début octobre, suivie d’un blé tendre meunier. Ce dernier bénéficie de la précédente prairie : peu de salissement et apport d’azote dans le sol. Le blé est récolté en juillet. Une CIVE d’hiver (seigle ou triticale ou mélange) est implantée en suivant avant le 15/09, et sera récoltée fin avril.
- Année 5 : Culture d’été : maïs, sorgho (plus souvent en grain) ou sarrazin selon les parcelles.
- Année 6 : Méteil (Triticale, Pois, Féverole). Plus de pression en adventices en fin de rotation : choix d’une culture bien couvrante, rustique + apport d’azote.
Itinéraire cultural
Point sol
De récentes analyses de sols menées sur l’exploitation montrent des résultats très encourageants : les taux de matière organique ont augmenté sur les 5 dernières années, ce qui peut être associé aux retours réguliers de matières organiques aux sols : fumiers des bovins au pâturage, entrée de pailles extérieures à l’exploitation dans le système (valorisées en méthanisation) et pailles de plusieurs cultures de vente laissées au sol, coupes assez hautes lors de la récolte des CIVE ce qui permet de restituer de la matière végétale fraiche au sol, prairies temporaires retournées au bout de trois ans.
Par ailleurs, le pH des sols de l’exploitation, de nature acide, a été rehaussé au cours des 5 dernières années. L’effet du digestat, de pH plutôt basique, entre certainement en jeu dans ce processus.
Données économiques
Remarque : les données comptables présentées correspondent à l’ensemble des sociétés de Sylvain considérées comme un seul système.
2021
2022
Analyse du compte de résultat
Produits :
En 2022, environ 70 % des produits de l’exploitation proviennent de la vente d’énergie produite sur la ferme (principalement biométhane + photovoltaïque).
Les productions végétales représentaient environ 25% de la production totale en 2022. Cette part est en augmentation depuis 2020, en lien avec une conduite des CIVE moins extensive après la phase de constitution des stocks d’ensilage, les rendements des cultures de vente sont donc moins impactés par les CIVE. De plus, l’apport de digestat permet d’obtenir de bons rendements de cultures.
Le reste de la production correspond à la production de viande bovine, aux aides et aux ventes de marchandises entre les sociétés de Sylvain.
La production totale a connu une augmentation entre 2020 et 2022, grâce à de bons rendements des productions végétales et à l’optimisation et la montée en compétences des exploitants sur la gestion de l’unité de méthanisation.
Charges :
Le montant des achats stockés a été réduits en 2020 et 2021 (environ 24% de la production totale en 2020 et 14% en 2021) grâce à l’autonomie en fertilisants permise par le digestat et à la production de semences fermières. Mais des achats d’intrants associés à la conduite des terres à façon en conventionnel ont engendré une augmentation de ce poste en 2022 (27% de la production en 2022) (mais Sylvain récupère des CIVE cultivées sur ces terres).
Les services extérieurs correspondent à l’achat d’électricité, à des crédits-bails pour des engins agricoles, à l’entretien du parc de matériel important, à l’entretien et maintenance de l’unité de méthanisation, etc… Ils représentaient environ 24% de la production totale de l’exploitation en 2020, 29% en 2021 et 31% en 2022.
La rémunération du personnel est en augmentation entre 2020 et 2022 en raison des embauches réalisées sur l’exploitation. Elle représentait environ 9% de l’EBE en 2020, 11% en 2021 et 12% en 2022.
Les amortissements sont très élevés et constituent le poste de charges le plus important. Il s’agit là d’un choix stratégique de Sylvain, qui décide d’amortir rapidement ses investissements (unité de méthanisation, réseau de ferti-irrigation) pour développer de nouveaux projets. Le remboursement des annuités représentait environ 73% de l’EBE en 2020 et 2021 et 92% en 2022.
L’exploitation paye également des redevances pour la location du poste d’injection du biométhane à GRDF.
Valeur ajoutée (Production totale – (achat stocks + services extérieurs et autres achats)) :
Le résultat de la recherche d’autonomie de l’exploitation et de la démarche de réduction des charges est visible à travers une bonne valeur ajoutée (environ 40 à 50% de la production totale).
EBE : l’exploitation possède un EBE important. Une légère diminution est observée en 2022 en raison de l’augmentation des achats stockés (intrants) pour exploiter les terres à façon et d’une augmentation des services extérieurs associés à la rémunération de la société d’EPA crée par Sylvain (Sylvagri).
L’exploitation présente une dépendance aux aides relativement faible : 23% de l’EBE en 2020, 18,55% en 2021 et 21% en 2022.
Rémunération des exploitants : La rémunération de Sylvain et Anne provient principalement sur leurs activités de diversification (gites et location de biens immobiliers) et très peu de l’EBE (18 000 € en 2020 et 2021 et 26 000 € en 2022).
Indicateurs sociaux
Une partie du temps de travail de l’équipe sur l’exploitation est consacrée aux astreintes sur l’unité de méthanisation (2h par jour) et sur le troupeau (environ 2h par jour lorsque les animaux sont au pâturage et 3h par jour lorsqu’ils sont en bâtiment), relativement constantes tout au long de l’année. D’importants pics de travail, accentués depuis l’intégration de l’unité de méthanisation, sont observés aux mois de mai et juin (récoltes et ensilages des CIVE d’hiver et des fourrages et implantation de la culture suivante juste après) et en septembre (récolte et ensilage des CIVE d’été, implantation de la culture suivante). Lors de ces chantiers particulièrement importants, l’ensemble de l’équipe salariée est mobilisé. En effet, la main d’œuvre présente sur l’exploitation possède une bonne polyvalence, même si certaines personnes sont plus spécialisées sur certains postes (3 personnes sur la méthanisation par exemple).
Les périodes moins chargées de l’année sont consacrées à l'entretien et à la réparation du matériel, aux travaux d’aménagements, aux tâches administratives et au développement de nouveaux projets.
En ce qui concerne le travail de Sylvain, il se consacre désormais essentiellement à la partie développement, gestion économique et administrative de l’exploitation et au management de son équipe, en dehors des chantiers importants mentionnés précédemment.