LA DÉMARCHE

L'un des grands principes recherchés par Patrick et Jonathan KIRCHNER est de maximiser l'autonomie alimentaire de son troupeau : « Maximiser la valorisation de l'herbe en dépit des aléas climatiques ».

L'alimentation en herbe de ses brebis repose sur l'estive 4 mois et demi par an (juin-octobre) et sur un maximisation du pâturage le reste de l'année (en bâtiment 1 mois et demi par an). La période délicate en matière de gestion de l'herbe se situe principalement en automne lors de la descente de l'estive, du fait d'une pousse souvent pénalisée lors d'été sec, phénomène qui semble s'amplifier depuis quelques années.

En parallèle d'une réflexion et d'une démarche visant à favoriser les espèces et/ou variétés fourragères adaptées aux contraintes pédo-climatiques locales, le choix d'une race rustique et d'une conduite extensive du troupeau se sont imposées.

LES SAVOIRS AGROÉCOLOGIQUES

• Choisir une race rustique : la brebis Tarasconnaise est une race ovine à laine frisée originaire d'Ariège.
  • Elle a été préférée à la race Vendéenne pour plusieurs de ses qualités et notamment son adaptation à la conduite en montagne (bonne aptitude à la marche facilitant la transhumance)
  • Elle est capable de mobiliser ses réserves corporelles pour supporter des périodes de restriction alimentaire
• Optimiser le pâturage tout au long de l'année
  • Juin à mi-octobre : les brebis sont en estive au Sud de la Haute-Garonne sur des terrains communaux loués via un groupement pastoral auquel Patrick adhère. Un berger est embauché par le groupement pour surveiller les troupeaux des éleveurs. Patrick monte aux estives 1 fois tous les 15 jours pour s'occuper de ses brebis.
  • Reste de l'année : les brebis pâturent sur les terres de la ferme (partiellement en bâtiment sur janvier – février). L'éleveur souhaiterait dynamiser le pâturage par une rotation plus rapide du troupeau sur les parcelles. Cela implique un redimensionnement des parcelles et l'investissement dans du matériel de clôtures plus performant. Cf témoignage de André Delpech.
• Entretenir les prairies :

Sur-semis réguliers avec le semoir à semis-direct. Test d'un outil de régénération des prairies (Prairial, Carré) à actions combinées : scarification, étaupinage, ébousage et émoussage. Les essais de sur-semis ont été fait pendant 3 - 4 ans, mais les résultats ne sont pas satisfaisants. On retrouve les mêmes problèmes que pour l'implantation du méteil à savoir le tassement du sol par les animaux, la disponibilité d'azote et les problèmes de levée par concurrence des adventices « Si on veut que les prairies s'implantent bien, il faut faire un travail du sol superficiel pour détruire l'ancien couvert existant. De plus, on voit la colonisation de plantes invasives comme l'agrostide stolonifère ou le chiendent qu'on n'arrive pas à étouffer avec le sur-semis. »

• Reproduction par monte naturelle :

Deux lots de brebis sont constitués :

• Lot 1 : mise bas à l'automne au retour de l'estive. Elles rentrent à la bergerie le soir. Leur ration est composée de 100% de foin + méteils : la proportion est ajustée en fonction de la qualité du pâturage.
• Lot 2 : mise bas au printemps. Elles restent dehors tout l'hiver. Elles sont complémentées en foin et/ou grain notamment si le pâturage n'est pas suffisant ou de faible qualité.

Compléments en concentrés : 300 g /bête lors de la préparation à la mise bas et 500 à 800 g/bête après la mise bas.

• Etre attentif à ses brebis :

« L'œil de l'éleveur est essentiel dans cette conduite au plus près de ses animaux ! » L'état sanitaire de ses brebis est excellent selon les dires de l'éleveur : très peu de maladies contractées (quelques cas de fièvre catarrhale). Le seul traitement appliqué aux brebis est un vermifuge appliqué une fois par an (traitement individuel privilégié) et les agneaux ne sont pas traités. En augmentant le nombre de paddocks et donc le temps de retour sur une même parcelle, Patrick et Jonathan prévoient de diminuer l'utilisation de vermifuge en limitant la pression parasitique. L'utilisation de stimulateur hépatique à base de plantes et de chlorure de magnésium se fait pour booster le système immunitaire. Des traitement à base d'huile essentielles sont réalisés si apparition de symptômes précoces de parasitisme ou de diarrhées.

• L'introduction de lin dans le méteil a contribué à renforcer la robustesse du troupeau.

Zoom sur le pâturage tournant dynamique

Le pâturage tournant dynamique (PTD) consiste à faire consommer au troupeau de l'herbe à un stade optimum : un chargement instantané élevé sur de petites parcelles et des temps de rotation adapté à la dynamique de pousse de l'herbe.

Les éleveurs ont fait le choix d'implanter des haies pour recouper les parcelles en deux bandes de 4 ha. 3 fils recoupent ces bandes en petits blocs sur lesquels les animaux vont tourner. Cela nécessite également un investissement dans des clôtures fixes et mobiles afin de structurer les paddocks.

Le changement de paddock se fait tous les 1-2 jours et un cycle dure environ 21 jours (comme le cycle parasitaire). En effet, ce sont les cinq premiers centimètres d'herbe que l'on retrouve 90 % des larves de parasites. Le changement de paddock se fait avant d'atteindre ce stade.

Les brebis ont accès à l'eau le matin et le soir quand elles sont dans la bergerie. L'installation d'abreuvoirs mobiles sur les parcelles est un projet à mettre en œuvre.

Les jeunes sont sortis avant les adultes, pour des questions de parasitismes (cause majeure des pertes en 2016). Les brebis pâturent partout et toute l'année sauf si le temps ne le permet pas. Si l'herbe repousse, elle sera fauchée. C'est pendant la période d'estive (où les brebis ne pâturent pas) que la croissance de l'herbe est optimale, c'est d'ailleurs à ce moment-là que les fauches sont faites.

INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR