Accroître la biodiversité fonctionnelle

LA DÉMARCHE

Le Gaec la Ferme du Fraïsse, situé dans l'aire d'adhésion du Parc national des Cévennes, a choisi d'intégrer les principes agroécologiques dans sa gestion quotidienne pour renforcer la biodiversité fonctionnelle sur la ferme et soutenir la résilience des systèmes de production. La démarche vise à valoriser les habitats naturels présents tout en réintégrant des éléments paysagers caractéristiques, particulièrement les haies et les plantes messicoles, afin de renforcer les interactions écologiques bénéfiques.

Les enjeux sont multiples :

  • Préserver l’environnement naturel autour de la ferme afin de garantir la bonne santé des abeilles et la production d’un miel de qualité
  • Favoriser l’adaptation et la résilience du système face au changement climatique, notamment grâce au microclimat permis par les infrastructures agroécologiques,
  • Favoriser l’autonomie énergétique de la ferme, 
  • Préserver les éléments naturels et patrimoniaux du paysage. 

L'objectif est d'allier la production agricole à la conservation de la biodiversité, en étroite collaboration avec les acteurs locaux, notamment le Parc national des Cévennes.

LES SAVOIRS AGROÉCOLOGIQUES

Implantation d’IAE adaptés au changement climatique

Le changement climatique, avec ses étés de plus en plus secs et ses hivers plus rigoureux, a un impact direct sur l’agriculture, en particulier dans les territoires de montagne comme le parc national des Cévennes. Pour y faire face, le Gaec la Ferme du Fraïsse a mis en place et entretient une série d'infrastructures agroécologiques (IAE) adaptées, afin d'optimiser la gestion des ressources naturelles tout en préservant la biodiversité.

L’implantation de haies est l’une des principales actions entreprises. Ces haies, composées d'espèces locales adaptées au climat montagnard tel que l’érable, le chêne, l’acacia jouent un rôle crucial dans la régulation du climat micro-local. Pour ce faire, Philippe va sélectionner les individus aux alentours de l’exploitation ayant le mieux résisté aux aléas climatiques pour faire des boutures et ainsi accroître l’adaptation des essences implantées.

Ces haies ont de nombreux atouts :

  • Protéger les cultures et les brebis des vents forts,
  • Retenir l'humidité du sol
  • Créer des zones d’ombrage en période chaude.
  • Créer des corridors écologiques entre les différents espaces agricoles et naturels, facilitant ainsi le déplacement de la faune et le maintien de la biodiversité.
  • Fournir une diversité de pollen aux abeilles, car composées d’essences favorables aux pollinisateurs.
  • Produire de la matière ligneuse permettant la production de bois-plaquettes.
Gestion de l’enfrichement et maintien d’habitats naturels grâce à des pratiques extensives

Les parcours des brebis au Gaec la Ferme du Fraïsse se font majoritairement sur des pelouses steppiques (Steppes méditerranéo-montagnarde) et sur des garrigues (Broussailles supra-méditerranéennes à Buis et Fruticées à genévriers communs).

L'enfrichement est un phénomène courant dans les zones montagneuses, où les espaces autrefois cultivés ou pâturés se voient colonisés par des espèces arbustives ou ligneuses, notamment le pin dans les Cévennes. Ce phénomène, souvent exacerbé par l'abandon de certaines pratiques agricoles, peut conduire à la perte de biodiversité, car il fait disparaître des habitats ouverts caractéristiques des pelouses steppiques et des garrigues.

La lutte contre la fermeture des espaces est permise grâce à la gestion du pâturage par les brebis, mais également par la coupe de pins et autres ligneux qui servent ensuite à la production de plaquettes de chauffage. Cette coupe permet de maintenir des habitats ouverts indispensables à certaines espèces de faune et de flore, dont certaines espèces patrimoniales, comme le gypaète barbu, le vautour fauve ou autres rapaces, qui dépendent des espaces dégagés pour se nourrir. Ces zones ouvertes sont également des réservoirs pour des espèces végétales menacées, mais aussi pour des insectes pollinisateurs, des oiseaux et des petits mammifères. 

 

ZOOM SUR la biodiversité naturelle et patrimoniale

L’environnement autour de la ferme est riche en éléments naturels et patrimoniaux. On y trouve notamment 2 éléments particulières typiques, qui font partie de la culture agricole du Causse et sont toujours utilisés par les agriculteurs : 

  • Les lavognes, des petites dépressions utilisées pour stocker l’eau. A l’origine, ces dépressions sont naturelles (ce sont des dolines, formation typique de milieu karstique, creusée par l’eau). Ces cavités naturelles ont été aménagées par l’homme, en les étanchéifiant avec de l’argile, afin de retenir les eaux de pluie et de ruissellement. Les fermiers faisaient piétiner les bœufs dans ces cavités afin de compacter l’argile. Cette technique s’est modernisée aujourd’hui, avec l’utilisation de bâches par exemple, mais ces cavités naturelles sont toujours utilisées pour stocker l’eau en surface sur le Causse. 
  • Les placettes d’équarrissage, emplacements dédiés à la décomposition naturelle des carcasses d’animaux d’élevage par les rapaces charognards. Cette pratique ancestrale perdure toujours dans le Parc national des Cévennes, seul pratique dispensant du recours à l’équarrissage « classique ». En offrant une ressource alimentaire aux rapaces charognards comme le vautour fauve, elles jouent un rôle clé dans le maintien de la biodiversité locale. Sur le plan environnemental, elles réduisent le bilan carbone en évitant le transport des carcasses vers des centres spécialisés. Enfin, cette pratique s’inscrit dans un héritage culturel et pastoral fort, perpétuant un équilibre entre élevage extensif et écosystèmes naturels.

INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR

Economiques

Agronomiques

Environnementaux

  • Diminution des frais liés à l'équarrissage

  • Autonomie énergétique grâce au bois plaquettes

  • Autonomie en eau grâce aux lavognes

  • Production de fruits pour la cueillette sauvage

  • ↗ Production de miel diversifiés grâce à l’implantation de plantes messicoles et d’espèces favorables

  • Augmentation du bien-être animal face aux aléas climatiques (ombrage, coupe-vent…)

  • Augmentation de la biodiversité fonctionnelle (auxiliaires de cultures...) 

  • Préservation de la biodiversité faunistique et floristique

  • Préservation des éléments paysagers patrimoniaux

  • Adaptation face au changement climatique

  • Atténuation du changement climatique grâce à l’autonomie énergétique et l'équarrissage naturel

  • Participation de l’activité d’élevage dans la chaîne alimentaire locale et au maintien des espaces naturels

Vidéos

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Contact

Sarah DEJEAN et Philippe CLÉMENT

GAEC LA FERME DU FRAISSE
La Fraïsse
48210 Mas-Saint-Chely
Site : fermedufraisse.free.fr/index.html
Email : fermedufraisse48@gmail.com