Yann Symzak Agriculteur sur la commune de Sarrians dans le Vaucluse

Yann Symzak est agriculteur sur la commune de Sarrians dans le Vaucluse. Depuis son installation en 2003, et sa conversion en AB en 2007, Yann a introduit des animaux dans ses vergers en diversifiant peu à peu les espèces animales présentes. Il nous fait part de son expérience avec ses auxiliaires de culture un peu particuliers.


La démarche

Yann a acheté une exploitation en 2003, à l'époque conduite en conventionnel. En 2007, il a converti en agriculture biologique ses 20 ha (11 ha de pommiers, 2 ha de maraîchage et 7 ha de prairies). Fils d'éleveur, il a toujours été entouré de chevaux, qui furent donc les premiers animaux à entrer dans la ferme avec les poules pondeuses.

« Ca me paraissait logique d'introduire des animaux sur ma ferme en tant qu'agriculteur ! » C'est surtout et avant tout un choix de vie pour Yann. En 2006, Yann a accepté de rendre service à un ami en intégrant une truie à son système. Il se rend compte assez rapidement de son impact positif puisqu'elle « broute » l'herbe et prédate les mulots qui ont depuis disparu alors qu'ils représentaient un très gros problème sur son exploitation. Il introduit alors des moutons en 2008 ainsi que des vaches. Yann a la chance d'avoir ses 20 ha autour de la ferme, ce qui facilite la circulation et l'organisation des rotations des animaux. Les animaux n'ont accès qu'aux vergers et pas aux parcelles en maraîchage.

Les résultats

Yann a pu constater un effet global positif sur l'environnement mais il considère que c'est l'ensemble qui a un impact du fait d'un certain équilibre qui s'installe. Il lui est toutefois très difficile d'affecter un type d'impact à une espèce animale.

Il ne fait plus aucun désherbage mécanique dans ces vergers y compris sur le rang puisque les animaux y circulent librement et consomment l'herbe qui s'y développe. En revanche, il n'a pas de point de référence par rapport à sa consommation en gasoil. Il estime d'ailleurs qu'il y a un manque de recul et de personnel pour noter les résultats d'une année à l'autre et ainsi avoir des données chiffrées.

Les cochons évoluent librement sur 10 ha de pommiers (clôturés) avec les poules et les oies, les moutons sur 1,2 ha à l'année. Les 7 ha de prairies sont pâturés par les vaches et les chevaux à l'année. Ils entrent dans le verger de pommier, durant la période de repos végétatif,  après la récolte et lors du débourrement.

Il a également constaté un inoculum plus faible par rapport à la tavelure du fait du broyage et de la consommation des feuilles tavelées et des branches mangées sur une hauteur d'1 m à 1,50 m, ce qui a pour effet de limiter les risques de contamination par projection des ascospores. Sur les 1,2 ha sur lesquels évoluent les moutons, Yann ne traite plus contre la tavelure. Dans les vergers où les volailles évoluent, il n'y a plus de traitement contre le carpocapse étant donné que les fruits tombés au sol sont immédiatement consommés limitant ainsi la taille de la population suivante.

Par ailleurs, l'impact des cochons sur les campagnols terrestres est considérable puisqu'ils s'en nourrissent et détruisent leurs galeries par un effet de piétinement voire en fouillant le sol. Yann a toutefois observé que selon les périodes et la race choisie, l'efficacité n'est pas systématique : les femelles en gestation et les jeunes vont avoir un impact important contrairement aux porcs chinois qui sont trop habitués à être nourris.

La création d'un nouvel atelier est un avantage certain, d'autant plus que Yann dégage plus de marge avec une commercialisation en direct sur sa ferme des productions de viande et d'œufs. « C'est plus rentable que les produits phyto ! ». Yann souligne également combien il lui est beaucoup plus agréable de travailler et de voir évoluer son système avec des animaux que d'être sur le tracteur, en dépit du fait qu'avoir des animaux prenne beaucoup de temps au quotidien (1/2h le matin et 1h le soir pour les soigner quand tout va bien).

Il y a des rencontres « bout de champs » organisées sur la ferme de Yann (notamment avec Bio de Provence). Yann a fait le constat que de plus en plus d'agriculteurs étaient intéressés et en discutant il se rend compte qu'ils sont plusieurs à tester cette pratique et petit à petit s'organisent en petits groupes d'échanges (information mais aussi animaux) en plus des sources d'information plus classique de presse papier spécialisée (Biofil), de sites Internet ou d'émission TV sur les pratiques alternatives.

Choix de l'espèce animale et végétale

Il compte aujourd'hui une vingtaine de chevaux (en propriété et en pension), 5 vaches (Jersienne, Limousine et Tarentaise), 100 poules pondeuses, une dizaine d'oies sur 10 ha, une quinzaine de moutons sur 1,2 ha et 20 à 30 cochons qui ont accès à 10 ha.

Les poules rentrent chaque soir au poulailler, ce qui n'est pas forcément le cas des moutons ou des cochons, bien qu'ils aient accès eux aussi à des bâtiments.

Chaque animal a son utilité et l'avantage de diversifier les espèces animales réside dans le fait de faire passer les animaux les uns après les autres pour éviter l'apparition de zones de refus. Yann a différentes configurations dans ses vergers dont il s'est bien accommodé, avec un verger d'Elstar palissé et un verger de Golden en gobelet. Le fait que les parcelles soient palissées peut être un avantage pour faire évoluer les animaux, rangée par rangée.

Avec le temps, et du fait de la disponibilité des terres autour de l'exploitation, Yann a peu à peu équipé ses parcelles de clôture fixe et électrifiée (« il n'y a que ça qui arrête les cochons »). Pour faire évoluer les groupes d'animaux et organiser des rotations dans ses parcelles, il est nécessaire de recourir aux clôtures mobiles.

Difficultés techniques

Il peut y avoir des problèmes d'écorçage, ce qui est actuellement le cas avec le troupeau de moutons qu'il a récupéré dont un animal a pu avoir une carence et s'est mis à s'attaquer aux arbres, ce qui a eu pour conséquence d'entraîner le troupeau à faire de même. Il est très difficile de faire changer les habitudes prises par le troupeau, et Yann a opté pour un nouveau troupeau avec des moutons de taille plus petite et conduits dès leur jeune âge dans les vergers.

Lorsque des problèmes surviennent tels que le surpâturage ou l'apparition de zone de refus, il s'agit de surveiller le troupeau car cela peut révéler un déficit de la ressource fourragère, une carence ou le fait que les animaux s'ennuient.

En augmentant la biodiversité et la mixité sur ses parcelles, Yann indique qu'il faut accepter toutefois que le verger conduit avec des animaux, et notamment des cochons, puisse avoir des trous, du fait du retournement de la terre par les cochons, qu'en bien même ils aient des fossés à disposition pour cela. « De même qu'il faut accepter d'avoir des arbres avec des pucerons pour espérer avoir des auxiliaires ! ». Trouver l'équilibre lorsque l'on conduit une exploitation mixte (verger/maraîchage/élevage) reste le plus compliqué. Pour avoir un ou des élevages il faut également avoir la fibre, ce qui n'est pas donné à tout le monde. L'idéal dans ce cas-là pourrait être le système d'entraide entre une exploitation en arboriculture fruitière et une exploitation avec un ou plusieurs élevages

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