Blés anciens pour la panification

LA DÉMARCHE

EARL de Marens : il s’agissait de la couveuse où Jeanne et Simon sont restées 8 à 9 saisons pour se perfectionner dans la transformation des céréales en pain qui a débuté avec l’achat du moulin en 2012.

Ils ont produit leurs premiers pains en 2011 et ont acquis le moulin en 2012.

Jeanne et Simon se sont lancés en autodidactes après avoir expérimenté quelques jours dans des fournils des environs.

« Notre atelier de transformation soutient nos choix de production »

Jeanne et Simon, travaillent tous deux au fournil, et produisent leur pain au feu de bois.

Ils sont aujourd’hui en réflexion sur la production de bois-énergie, à partir des bois présents sur le GFA.

LES SAVOIRS AGROÉCOLOGIQUES

Le choix des variétés

Les semences de blés anciens utilisées à l’époque proviennent d’un mélange du Sud-Ouest (Lot et Garonne), population résultant du travail de sélection de « paysans-chercheurs ».

La composition n’est pas divulgable et a depuis largement évoluée pour s’adapter au contexte de Carla-Bayle. Jeanne et Simon ont en effet constaté des disparitions de variétés depuis le mélange initial.

Entre 30 et 40 variétés anciennes composaient le mélange d’origine acheté à un paysan boulanger du Lot et Garonne.

Depuis 12 ans, ce mélange s’est adapté aux conditions pédoclimatiques locales, Jeanne et Simon ont pu observer la disparition de certaines variétés par rapport au début.

En 2023, Jeanne et Simon ont rajouté le Rouge de Bordeaux, le Barbu de Lacaune, la Touzelle pour donner davantage de force à leur pâte, mais aussi pour avoir un pain qui a une belle couleur, plus de goût.

Jeanne et Simon sont très moteurs dans cette démarche par rapport à l’enjeu de préservation de ce patrimoine génétique, ainsi que pour des aspects de santé étant donné qu’ils sont assez pauvres en gluten et donc plus assimilable et moins inflammatoire pour nos systèmes digestifs.

D’un point de vue agronomique, ils sont également beaucoup plus adaptés à des sols secs et pauvres et ont moins besoin de matière organique.

Les rendements de ces variétés sont en moyenne aux alentours de 20 qx/ha.

Ils cultivent également l’engrain, ou petit épeautre.

 

Stratégie sur le travail du sol

Le travail du sol est réalisé en rotation sur 25 ha / an sur l’exploitation, soit seules les surfaces destinées aux céréales (blé et épeautre).

 

La valorisation de l’azote par les variétés anciennes

Des apports d’engrais sont réalisés avec 150 t de fumier issu d’un élevage bovin allaitant voisin (ferme Barané à Gabre) avec qui il troque ce fumier contre le foin des prairies ; en plus des reliquats azotés issus de la fixation symbiotique de la luzerne et trèfle précédent.

Les variétés anciennes utilisées sont des blés anciens à paille haute. En effet, elles peuvent atteindre 2 m de haut à la récolte.

L’éleveur de la ferme Barané prend 50 t de pailles pour ces besoins en litière.

Simon a démarré des essais pour restituer une partie des pailles au sol, et il va essayer de suivre les évolutions en termes de structuration de ces sols et comportements des prairies et céréales sur ces parcelles.

 

Semis et récolte réalisés par la CUMA

Le semis et la récolte sont réalisés par le chauffeur-mécanicien de la CUMA de Ste Suzanne et la réalisation de bottes de paille, selon les besoins de Jeanne et Simon.

En général, les 10 semaines de semis et récolte sont celles les plus chargées avec des 17-18h quotidien et l’atteinte de 70h/personne/semaine.

 

Adaptabilité et gestion des maladies, ravageurs et adventices

L’avantage de travailler avec des blés anciens population résident dans leur rusticité naturelle, qui plus est avec ce mélange qui a évolué depuis déjà 12 ans sur la ferme pour devenir aujourd’hui encore plus adapté au contexte pédoclimatique.

La transition n’a pas été évidente. Au départ, Jeanne et Simon ont pu observer un peu de carie dans le blé, qui a pu être maîtrisé de par le tri à la récolte, et les rotations avec légumineuses.

Concernant les adventices, avant, Jeanne et Simon ont eu des problèmes de prêle des champs (Equisetum arvense), chiendent rampant (Elytrigia repens), folle avoine (Avena fatua), gaillet gratteron (Galium aparine) mais ne sont plus problématique aujourd’hui, du fait de la rotation et de l’arrêt des cultures de printemps.

Concernant l’helminthie ou picride fausse vipérine (Helminthotheca echioides),

ZOOM sur les adventices

Les plantes « messicoles », baptisées ainsi car considérées comme compagnes des « moissons », étant donné qu’elles ont co-évolué avec elles, à l’époque où elles étaient cultivées avec peu d’intrants de synthèse et un travail du sol réduit.

Parmi elles, sur la ferme, ont été identifiées (lors du diagnostic de 2014) :

Ces plantes sont de plus en plus rares du fait de l’intensification des pratiques agricoles en grandes cultures (engrais, herbicides, uniformisation des variétés de céréales implantées) et de la menace de pollutions génétiques pouvant provenir de variétés ornementales implantées en bord de parcelles, dans des mélanges fleuris commerciaux, ces plantes ayant perdu tous les traits fonctionnels (production de nectar, et/ou de pollen) intéressants à l’origine pour les auxiliaires de culture (pollinisateurs, prédateurs, parasitoïdes) au profit du côté esthétique pur de la plante.

Les plantes messicoles constituent une des clefs de voûte de l’agrosystème. En effet, dans les parcelles, elles fournissent du nectar et du pollen, ainsi que des proies secondaires aux auxiliaires de culture et notamment aux arthropodes. Elles leur permettent ainsi d’accéder à l’intérieur des parcelles et ainsi pondre à proximité des foyers de ravageurs (pucerons, par exemple).

La présence d’insectes mais aussi de graines procurent également des ressources nutritives pour les oiseaux au printemps à la recherche de nourriture pour leurs oisillons.

Les pratiques de l’agriculture biologique et l’importante représentation des céréales d’hiver dans l’assolement de Jeanne et Simon expliquent le maintien de ces plantes messicoles dans leur système.

 

Triage du blé :

Le triage du blé est réalisé par Jeanne et Simon.

Il est réalisé tôt en saison (entre septembre et octobre).

Le trieur présente 2 sorties avec les plus gros grains qui sont gardés, les plus petits grains étant remélanger.

Les grains ne nécessitent plus de passage en chambre froide avec système d’aspiration d’air. Simon s’était renseigné et avait pris contact pour pouvoir mettre le blé sous CO2, suite à de gros problèmes de charançons au début de l’activité, qui ont été enrayés rapidement.

ZOOM sur la production de pains

Jeanne et Simon produisent entre 280 à 300 kg/semaine sur 42 semaines dans l’année.

Il est à noter qu’ils s’octroient 10 semaines pour profiter en famille.

Jusqu’en 2023, Jeanne et Simon réalisaient 2 fournées par semaine, qu’ils ont réduite à une seule fournée par semaine depuis début janvier 2024. Ils envisagent donc de prolonger un peu la période de réalisation et vente des pains entre 46 et 47 semaines.

Les variétés, en mélange, sont un atout pour la panification et ses qualités gustatives. Les grains sont stockés séparément puis mélangés à la mouture.

Aujourd’hui, ils produisent 5 pains différents :

  • Pain aux blés anciens demi-complet : 1,5kg en boule ou 1kg boule ou moulé ou long. 4,5 euros le kg.
  • Pain aux blés anciens aux 4 graines (même format que les pains demi-complet). 6,6 euros le kg.
  • Pains vagabonds (raisins, abricots et noisettes) ou spéciaux : noix, olive
  • Pain petit épeautre*,
  • Farine de blés anciens (produite et moulue sur la ferme) : 4kg 9 euros ou 25kg 47 euros

* ces pains sont faits en pur.

INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR

Economiques

Agronomiques

Environnementaux

  • Autonomie en semences

  • Peu de charges pour produire et bonne valorisation des céréales

  • Peu de variabilité inter-annuelle des rendements

  • Tolérances de maladies, adventices, ravageurs

  • Semences AB produites localement

  • Enrichissement du mélange population au gré des besoins pour le pain

  • Semences AB produites localement

  • Rotation qui intègre beaucoup de légumineuses

  • Économe en intrants

  • Taille moyenne de parcelles qui permet l’effet bordure

  • Rotation relativement courte, sans une grosse alternance de cultures d’hiver et d’été mais bonne gestion des adventices tout de même du fait des prairies temporaires introduites dans la rotation et pâturage par les brebis

  • Travail du sol simplifié

  • Pérennisation de blés population et donc de la biodiversité cultivée (diversité génétique)

  • Absence d’intrants chimiques

  • Aucun usage phytosanitaire

  • Adaptation au changement climatique

  • Autonomie et optimisation des usages d’énergie

  • Plantes messicoles préservées

  • Parcelles bordées de haies

  • Paysage favorable aux équilibres agroécologiques

Social

  • Se dégagent du temps pour leur famille et se réservent des vacances
  • Entraide familiale entre structures et ateliers
  • Appui de la CUMA (salarié mis à disposition et tournant sur les fermes voisines)

Vidéos

Contact

Jeanne et Simon Barrès

GAEC de Mestrepey
Lieu-dit Mestrepey
09130 CARLA-BAYLE
Site : https://www.facebook.com/Le-Fournil-de-Mestrepey-109416804248231/about/
Email : gaec.de.mestrepey@gmail.com