Des carabes pour réguler les plantes adventices

On savait que les carabes étaient des prédateurs de limaces, de taupins, de tipules, doryphores ou de pucerons. Rappelons que 90% des larves de carabes sont carnivores et une partie des adultes. Mais on a trop longtemps passé sous silence leur rôle dans la régulation des adventices, en oubliant qu'une partie des carabes adultes sont granivores ou polyphages. Ces espèces peuvent consommer 30 graines par jour.

Sandrine Petit-Michaut et ses collègues de l'UMR Agroécologie de l'INRAE de Dijon, mènent depuis des années des recherches sur la gestion des adventices par régulations biologiques et notamment la contribution des carabes granivores. Ils ne sont pas les seules à consommer cette importante quantité des graines d'adventices. Fourmis, petits mammifères et oiseaux comme l'alouette s'en nourrissent aussi. Au point qu'il est considéré aujourd'hui que les plantes adventices sont l'élément central des chaines alimentaires et donc de la biodiversité dans les zones de grandes cultures.

Un compromis est donc à trouver pour les contrôler sans pour autant les faire disparaitre.

Sur la base d'une dizaine d'études menées en Europe et aux Etats-Unis, on estime que la perte de de graines adventices comme le chénopode blanc (Chenopodium album) est liée à la prédation des carabes à environ 50%. Plus les carabes sont abondants et plus le stock de graines dans le sol est faible. Certaines graines sont plus consommées que d'autres rendant ce processus de régulation complexe.

Pour mesurer cette prédation, ces chercheurs ont imaginé plusieurs dispositifs allant de proies sentinelles (graines fixées sur du carton), de la capture des individus à la caméra.

Les carabes sont favorisés par la présence de bandes enherbées sur les bordures des parcelles mais aussi des bandes fleuries. Ces espaces fournissent des ressources supplémentaires et des sites pour l'hibernation et la ponte quand la parcelle est travaillée. Ainsi les parcelles avec peu de travail du sol présentent une abondance de carabes plus élevée et le non labour favorise la prédation des adventices par rapport aux systèmes avec labour.

La présence de prairies et de cultures biologiques augmente aussi la régulation biologique par les carabes.

Cette régulation biologique des adventices par les carabes peut être complétée par d'autres leviers agronomiques qui ensemble peuvent réduire significativement l'usage des herbicides.

Parmi ceux-ci : la diversification des rotations, la mise en place de semis tardif ou l'utilisation de faux semis mais aussi la mise en place de couverts.

Les plantes de couverts vont entrer en compétition avec les plantes adventices pour la lumière, pour l'accès à l'azote ou à l'eau. Certaines espèces de couverts peuvent aussi agir par allélopathie même si cet effet est difficile à quantifier.

Pour concurrencer les adventices, le couvert doit produire suffisamment de biomasse afin de réduire la quantité de ressources accessibles aux adventices. La réduction de la biomasse d'adventices peut ainsi aller de 40 à 90% selon les contextes et les plantes de couverts utilisées.

Les bandes enherbées semées, favorables aux carabes, sont en général défavorables aux adventices du fait d'une forte couverture végétale.

 

Source :

  • « gestion des adventices par les régulations biologiques - Sandrine Petit et Stéphane Cordeau- Biocontrôle – éléments pour une protection agroécologique des cultures – 2020 - Editions Quae

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