Diversité d'espèces et de variété cultivées Diversité d'espèces cultivées et de variétés anciennes de blé tendre en pure ou population

LA DÉMARCHE

« Être paysan boulanger ce n'est pas travailler à l'ancienne. C'est innovant de maîtriser toute la chaîne depuis le choix et la multiplication des semences jusqu'à la transformation pour produire un pain qui plait ».

Le choix des variétés anciennes est cohérent avec les conditions pédo-climatiques de leur ferme. Des variétés modernes ne seraient pas adaptées à leurs sols, elles ne garantiraient pas un revenu suffisant. Les variétés anciennes, et espèces rustiques valorisent bien leur terrain, elles produisent modérément sans besoin d'intrants. La vente directe via l'atelier de boulangerie est une des meilleures manières de les valoriser

LES SAVOIRS AGROÉCOLOGIQUES

Le choix des variétés

Le blé tendre regroupe 4 variétés, et une variété population :

  • Florence Aurore
  • Touselle de Nîmes
  • Blé meunier d'Apt
  • Rouge de Bordeaux barbu
  • Mélange population Longo Maï, de Charmille et Touselle.

Le blé Khorazan, un blé dur est également panifié.

Les rendements de ces variétés sont globalement de 20q/ha, sauf pour le Khorazan qui affiche un rendement à 15 à 17q/ha.

Sont également cultivés, du Seigle et du Petit épeautre.

 

Stratégie sur le travail du sol 

Ils pourront se passer du labour quand ils disposeront d'une meilleure structuration du sol, quand il sera plus résilient à la météorologie, car ils ne sont pas équipés pour semer dans une croûte de battance.

Aujourd'hui le labour est une solution de rattrapage quand le sol ne permet pas de semis direct, ou pour casser une luzerne.

Le labour est effectué à profondeur maximum de 20cm.

Il est systématique sur céréale de deuxième année.

Labours en 2018:

  • 100% des surfaces en blé
  • 3.29ha de luzerne semée
  • Vesce avoine
  • Pois chiche
  • 0.82ha de sainfoin semé

Non labour en 2018:

  • Petit épeautre
  • 1.16ha de luzerne semée en 2016
  • 3.71ha de sainfoin
  • Seigle
Semis et moissons durent 1 mois

Les différentes espèces et variétés de céréales cultivées ne sont pas semées au même moment. De même, les moissons sont effectuées sur une période d'un mois. La pratique a pour avantage de ne pas avoir à tout faire très rapidement sur un laps de temps restreint, et pour inconvénient de rester vigilent et opérationnel un mois durant, pour le semis et les moissons.

Le sol est laissé sans travail jusqu'au semis, d'hiver ou de printemps. Ainsi, le sol où est semé le pois-chiche reste couvert par les chaumes jusqu'au printemps.

 

La valorisation de l'azote par les variétés anciennes

Il semble que ce soit une « hérésie de semer une variété ancienne derrière une luzerne », que les variétés modernes sont plus adaptées pour valoriser le pic de minéralisation d'azote.

Sur la ferme, les variétés modernes ne sont pas recherchées. Blandine et Vincent « ne sauraient pas quoi en faire ». Aussi, en 2018, Florence Aurore et Khorazan ont été semés derrière Luzerne. Elles sont naturellement gourmandes en azote. Par ailleurs, elles ont trop versé. L'expérience sera recommencée pour voir si les variétés continuent de verser.

« La verse des céréales indique une bonne année ». Récolter les céréales versées n'est pas un problème et le climat sec ne les altère pas.

 

Choix variétal, adaptabilité, ravageurs et maladies

Les variétés anciennes disposent d'une rusticité initiale. C'est cette rusticité qui leur confère leur adaptabilité. Sur la ferme, les différentes céréales sont liées aux parcelles où elles se comportent le mieux.

La variété Florence aurore est plus sensible à la carie. C'est la seule maladie qui les questionne.

Un peu de charbon est observé, tout en restant marginal.

Des pucerons sont présents, ainsi que des coccinelles et des parasitoïdes. Aucun dégât n'est craint.

« Les facteurs limitant sont l'eau et l'azote. Par rapport à ces contraintes environnementales, l'influence du puceron c'est que dal ».

Là encore, leurs objectifs de production qui ne comptent pas sur une production importante leurs confèrent un rapport différent aux maladies, ravageurs et adventices. Qu'il y ait une variation de production n'est pas gênant tant qu'ils ont de quoi faire le pain sur l'année. La production en plus, c'est du bonus.

La Cuscute a été introduite dans une parcelle via des semences fermières de luzerne. Parasite des légumineuses, elle envahit les prairies et nécessite de ne pas en ressemer pendant au moins 7 ans, durée de vie des graines du parasite. Aussi, pour une parcelle la rotation est dans l'impasse, et les céréales ne bénéficiant plus des reliquats azotés des légumineuses deviennent dépendants de l'apport d'azote extérieur. Dorénavant pour se fournir en semences de prairies, ils achètent à semencier pour s'assurer de l'absence de cuscute.

Les variétés, en mélange, sont un atout pour la panification et ses qualités gustatives. Les grains sont stockés séparément puis mélangés à la mouture. Les pains de variétés mélangées sont préférés. Pour exemple, des pains de Florence Aurore en pure, se tiennent difficilement et sont moins intéressants en goût. Le pain de Khorazan, de seigle et de petit épeautre est fait en pure.

La variété population est également mélangée au reste des céréales.

L'apport de matières organiques et nutriments

Les pailles sont exportées pour majorité. La coupe haute laisse 1/3 à ¼ des tiges sur place.

Aucun fumier n'est apporté en 2018. 2 apports sont effectués en 2019, dans le cadre d'essais avec Agribio Var et le Pnr de la Ste Baume.

En partenariat avec l'éleveur qui vient pâturer prairies et céréales à l'automne (retour de phosphore léger), des fourrages lui sont fournis et les fumiers sont récupérés.

Beaucoup de pailles avec les blés paysans.

Les blés paysans sont souvent hauts sur tige. Ils produisent deux à trois fois plus de paille par ha que les blés modernes.

Aussi, même si les pailles sont exportées, comme la coupe est haute, il reste sûrement autant de pailles au champ que dans un blé moderne pour lequel les pailles seraient laissées sur place.

Dans un contexte où alimenter les sols en matière organique est primordial, en parallèle d'une demande croissante des coproduits de l'agriculture et donc des pailles, les variétés anciennes de céréales tirent leur épingle du jeu.

 

Des animaux dans les cultures

En 2018, 60 chèvres et 40 brebis sont passées sur sainfoin et luzerne et dans les céréales, sur paille après la moisson.

En 2019 toutes les parcelles sont pâturées. Même les céréales (sauf petit épeautre). Un beau tallage est remarqué sur seigle et blés.

 

Choix variétal et sanglier

Florence aurore et Blé meunier d'Apt sont plus attaqués par les sangliers. « Ils se sont fait défoncés ». Ces variétés ne sont pas barbues. En effet, toutes les autres variétés barbues ne sont pas attaquées. La Touselle de Nîmes est cultivée en mélange de blé barbu. Vincent précise que s'il n'y avait que des variétés barbues, les sangliers s'y attaqueraient sûrement.

ZOOM sur « Les plantes messicoles préservées dans leur assolement » :

Les plantes « messicoles », plantes des moissons  (Bleuet, Buplèvre, Adonis, Pied d'alouette…), sont des plantes ayant évolué avec les cultures. Elles sont de plus en plus rares du fait de la réduction des surfaces en céréales (déprise agricole, urbanisation…) et de l'intensification de la céréaliculture (engrais, herbicides, densité importante de semis). Elles sont aussi menacées par la pollution génétique due aux variétés ornementales semées dans les plates-bandes.

Chez Vincent et Blandine, plus d'une dizaine d'espèces se maintiennent grâce aux pratiques de l'agriculture biologique et à une bonne représentation des céréales d'hiver dans l'assolement.

Ils n'ont pas de stratégie biodiversité, ils tolèrent la flore et la faune sauvage.

Cette tolérance, couplée à leurs pratiques extensives, sans herbicides, ni travail mécanique fréquent ni fertilisation importante, maintien au champ un cortège de plantes messicoles riche.

 

Les plantes messicoles une clef de voute de l'écosystème agricole. Dans les parcelles, elles fournissent nectar et pollen aux insectes. Ainsi, elles rendent perméable les champs aux auxiliaires. Les insectes attirés et les graines produites font la nourriture des oiseaux de plaine, notamment de leurs oisillons.

INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR

Economiques

Agronomiques

Environnementaux

  • Peu de charges pour produire et bonne valorisation des céréales
  • Indépendants des écarts de rendement. Tolérance de maladies, adventices, ravageurs
  • Une fiscalité adaptée à leur système
  • Des céréales adaptées aux terres
  • L'autonomie en azote (pour partie)
  • L'autonomie en intrants
  • Peu de matières organiques en retour
  • Pas de phosphore en retour

  • Le labour indispensable sur sols dégradés

     

  • Absence d'intrants chimiques
  • Aucun usage phytosanitaire
  • Autonomie et optimisation des usages d'énergie
  • Pas de fuite d'azote et phosphore dans le milieu naturel
  • Plantes messicoles préservée

  • Paysage favorable aux équilibres agroécologiques

  • Des sols sans trop de retour de matière organiques

  • Des éléments naturels manquants

Social : 

+ Se dégagent du temps au besoin et possibilités de vacances

+ S'investissent dans les réseaux agricoles

+ Réseaux informels d'amis, associations, activité sportive

+ L'aide de confrères

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Contact

Blandine et Vincent ARCUSA

Ferme de la Reyne
Hameau du Jonquier
83170 TOURVES
Email : fermedelareyne@gmail.com