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Présentation générale

Démarré sous le statut d’entreprise individuelle en juillet 2017, le maraichage prend d’abord place sur une parcelle de 1,6ha achetée sur la commune d’Elne, en banlieue de Perpignan. La parcelle est située en bord du Tech (rivière), au sein d’une importante zone maraichère (terres alluvionnaires, partie méridionale de la plaine du Roussillon). Il s’agit d’un système maraicher très diversifié mené selon les préceptes du maraichage sur sol vivant. Ainsi une attention particulière est portée à la régénération du sol et au maintien de la vie qu’il héberge avec l’apport très conséquent et régulier de matière organique (broyat et fumiers). Intensive en production et en main d’œuvre, l’exploitation produit aujourd’hui plus d’une centaine d’espèces et variétés de fruits et légumes. L’environnement périurbain permet de valoriser correctement et sans difficulté majeure les productions au travers d’un panel de circuits courts.

En pleine phase de développement, l’exploitation évolue constamment et rapidement. Sur la parcelle initiale, de nombreuses infrastructures sont aménagés (serres, locaux de transformation, de stockage, de vente…) et un système agroforestier est progressivement mis en place. Fin 2022, une SCEA nommée Terradelviu a été créée pour accueillir de nouveaux associés et démarrer de nouvelles activités. Des nouvelles parcelles sont acquises en commodat ou fermage et de nouveaux ateliers de production sont testés. 2ha agroforestier (maraichage, arboriculture et aromatiques) et 20ha de céréales et légumineuses en association sont mises en culture en 2023. La société Terradelviu a vocation à absorber l’entreprise individuelle au 1er janvier 2025.

De l’agrotourisme est également en cours de développement avec l’organisation d’une guinguette qui a lieu sur le jardin maraicher un soir par semaine durant l’été. D’autres projets sont en réflexion autour d’activités ludiques à la ferme.

Figure 1 : situation géographique de l'exploitation

Productions végétales

Maraichage diversifié en MSV et agroforesterie

Carottes, tomates, courgettes, pastèques, melons, poivrons, aubergines, haricots-verts, pommes de terre, pâtissons, physalis, piments, laitues, betteraves, choux divers, courges diverses, radis, navets, maïs, épinards, roquettes, blettes, oignons, fenouils, artichauts, aromatiques diverses, gingembres, curcumas, raisins de table, agrumes (citrons, oranges), pommes, abricots, prunes, figues, grenades… environ une centaine d’espèces et variétés sont produites sur l’exploitation d’André Trives, dont la diversité s’enrichit d’année en année. La production annuelle avoisine les 50 tonnes de fruits et légumes sur une parcelle de 1,6ha dont 1200m2 sous serres (tunnel, bitunnel et multi chapelle). La parcelle est divisée en jardins par des haies de fruitiers (environ tous les 18m). Les productions multi-étagées sont régulièrement testés et approuvés aussi bien dans les alignements de haies, que sur les parcelles (association de légumes), que dans les serres (raisin de tables, bananiers et cannes à sucres pour faire de l’ombre et rafraichir l’atmosphère). D’après les concepts de MSV et d’agroforesterie, les clés du système mis en place sont l’apport très conséquents et réguliers de matières organiques ligneuses, la maximisation de la couverture du sol et de la biomasse racinaire et jouer sur la complémentarité des espèces végétales (cycle de développement, strate occupée et besoins physiologiques). L’objectif étant in fine de créer un agroécosystème riche, résilient, bouclant les cycles de l’eau et du carbone.

Figure 2 : exemples de cultures étagées en extérieur et sous serre

En dehors des itinéraires spécifiques à chaque légume et des principes du maraichage sur sol vivant qui sont détaillés au sein de la rubrique « pratiques agroécologiques », il est difficile de définir des règles agronomiques globales. Aucun plan de culture ou principe de rotation n’est pratiqué sur l’exploitation. André travaille au « feeling » en fonction de l’évolution de la météo et des opportunités économiques. Les légumes sont plantés là où il y a de la place et le sol n’est jamais laissé nu plus d’une quinzaine de jours.

Aucun problème particulier de ravageurs ou de carences n’est constaté au sein du jardin. Malgré les fortes quantités de broyat apportées en surface (mulch) les limaces et rongeurs n’engendrent pas de dégâts problématiques et font peu souvent l’objet d’action (rare utilisation d’anti-limaces). L’aménagement et la préservation de nombreux habitats écologiques et la proximité de la rivière favorise la présence des hérissons, des rapaces et des couleuvres. De plus, la production est indemne d’attaque de pucerons, André impute cela à l’absence d’excès d’azote (apports de MO très ligneux, y compris le fumier de cheval).

Les principaux ravageurs cryptogamiques sont le mildiou et l’oïdium. Ils sont traités grâce au bicarbonate pour le premier et au soufre pour le second. Le cuivre est utilisé avec beaucoup de parcimonie (2 fois par an maximum à dose minimale). Les insectes ravageurs sont principalement les chenilles (piérides), le doryphore, la punaise (en 2023) et les acariens. Des lâchers de BT et de macrolophus sont régulièrement réalisés.

L’eau d’irrigation provient d’un réseau d’eau agricole dont la source d’approvisionnement est un lac de barrage d’une vallée pyrénéenne. En 2023, la consommation annuelle était d’environ 8000m3 et de 10000m3 en 2022. L’irrigation fonctionne en partie au goutte à goutte et en partie en aspersion (18m).

Figure 3 : exemples de cultures étagées sous serre et en extérieur

 

Productions végétales en cours de développement

Via la SCEA Terradelviu, de nouvelles surfaces sont exploitées et de nouveaux systèmes de production sont expérimentés. Ainsi, 2 ha sur la commune d’Elne sont en phase de régénération et plantation dans l’objectif de créer une production aromatique et maraichère sous verger bio-intensif. 20ha de céréales cultivées en association avec des légumineuses sont également en phase de régénération et de rodage de l’itinéraire technique. Ces parcelles sont dispersées sur les communes de Cabestany, Théza (10ha irrigués), Argelès-sur-mer (5ha, irrigation possible) et Saint André. Les surfaces évoluent vites car 12 nouveaux hectares viendront bientôt agrandir la SAU.

Dans un premier temps, l’agrandissement permettra de réimplanter des couverts végétaux au sein des parcelles. En effet, la culture d’engrais verts sur la parcelle maraichère est actuellement difficile à cause de la nécessité de produire pour fournir les différents débouchés. A terme, l’objectif serait de créer une ferme en agro-sylvo-pastoralisme dont les différents ateliers de productions en agroforesterie pourraient fonctionner en rotation : maraichage, céréales, pâturage.

En 2024, les mélanges implantés ont été seigle - lentille, seigle - pois chiche, vesce - blé dur et vesce - blé tendre. Toutefois et pour la deuxième année, les rendements ont été très faibles (1,5 tonne en 2024) à cause de la sècheresse et des fortes chaleurs.

 

Valorisation des cultures

Les fruits et légumes de l’exploitation sont valorisés sur 3 débouchés :

  • Une AMAP : livraison de 85 paniers par semaine, le mardi à Perpignan et le jeudi à Elne. Chaque panier d’une valeur de 21€ fait entre 5 et 10kg (famille de 4 personnes). Démarré avec seulement 6 paniers en 2017, le réseau se développe rapidement pour atteindre 70 paniers en 2019, puis plus d’une centaine de paniers en 2021, avant de redescendre à 85 paniers après la période COVID. Si l’AMAP représentait quasiment la totalité des ventes il y a encore peu de temps, la part de ce débouché diminue régulièrement au profit des autres. En 2024, l’AMAP représente environ 50% du chiffre d’affaires.
  • Les restaurateurs représentent le second débouché de l’exploitation. En direct ou via un ancien amapien qui a développé une entreprise de semi-grossiste, André écoule 30% de ses productions maraichères et fruitières auprès des restaurants locaux. Les produits premiums ou exotiques leurs sont réservés. C’est un débouché rémunérateur, y compris via l’intermédiaire.
  • Pour la période estivale, un stand de vente directe en bord de route a été inauguré en 2024. Ouverte tous les jours depuis le 8 juillet sur les horaires « plage », la boutique représente déjà 20% des ventes. Elle sera maintenue à minima jusqu’au 15 septembre. Les produits transformés en cours de développement y sont destinés.
Atelier de transformation

En 2021, face à la surproduction de certains produits (notamment les tomates), la décision d’aménager une conserverie pour stocker et ajouter de la valeur aux produits invendus est prise. L’idée est de proposer des conserves (coulis, purée, soupe) ou des produits lactofermentés. En 2023, le bâtiment est construit et les outils semi-industriels sont achetés d’occasion. En 2024, la chaine de production est en cours d’installation mais pas encore totalement opérationnelle. Une zone de séchage est également installée dans un autre bâtiment afin de faire sécher aromatiques, tomates, mures et autres fruits.

Figure 4 : salle de transformation et stock de produits transformés

Pour les céréales en mélange avec les légumineuses un trieur de 25qtx sur grille a été acheté. Combiné à un second triage, le matériel est suffisant pour produire de la semence fermière. La production de cette année sera stockée pour être ressemée l’année prochaine. L’objectif serait d’acquérir prochainement un trieur optique afin d’être capable de proposer une farine panifiable aux boulangers du coin. La production de semences pour couverts végétaux à destination des viticulteurs de la région est aussi un débouché exploré.

 

Organisation du travail

Le maraichage occupe 3 temps-plein au total mais seul André bénéficie d’une réelle rémunération. Le reste de la main d’œuvre est constitué de bénévoles (notamment familiale), de stagiaires et de Sébastian Mira, futur exploitant associé (intégration prévue en octobre 2024). Sébastien et André font un point tous les matins pour définir les priorités. André estime qu’ils partagent une vision commune et que leurs caractères sont complémentaires.

La SCEA Terradelviu est actuellement composé de 4 associés dont 3 non-exploitants. Elle embauche depuis juillet 2024 une alternante pour 1 an minimum (2 ans maximum en fonction des financements).

INTRANTS

Semences achetées : 500 €

Gasoil : 2500 €

Produits phytosanitaires : 500 €

Plants : 7000€

Électricité : 2000€

Irrigation : 1800€ (dont 1500€ d’abonnement au réseau d’eau agricole)

Fertilisation : la matière organique apportée (broyat et fumier de cheval) est obtenue gratuitement.


VENTES

Productions végétales : 110k€

ASSOLEMENT


ÉQUIPEMENT

BÂTIMENTS

  • Local de vente : 80M2, Autoconstruction (<6ans)
  • Séchoir : 30 m2, Autoconstruction (<6ans)
  • Laboratoire de transformation : 40 m2, Autoconstruction (<6ans)
  • Serres : 1200m2, 1 bitunnel, 1 tunnel, 1 chapelle (occasions)

Les bâtiments ont été réalisés en auto-construction grâce à l’aide de bénévoles. Fédérés autour du projet d’André, ces derniers constituent pour l’exploitation une véritable force de réalisation et de résilience.

MATERIELS

  • 4 tracteurs (dont un de 130 cv)
  • Planteuse
  • Épandeur
  • Chisel
  • Broyeur
  • Bineuse
  • Planteuse et récolteuse à PDT
  • Charrue
  • Planteuse à arbre
  • Pulvérisateur
  • Sous-soleuse
  • Rotavator
  • Vibroculteur

En location ou CUMA : Pas encore adhérent à une CUMA, mais peut-être à l’avenir pour la gestion des grandes cultures

Entreprises extérieures : Un entrepreneur agricole réalise presque la totalité des travaux de l’atelier grandes cultures. Grâce à l’acquisition de nouveaux outils, sa prestation sera fortement réduite en 2025.

Beaucoup de matériels ont été acheté d’occasion (90%). Un dossier de subvention FEADER a été réalisé pour la planteuse qui a donc été achetée neuve. Même subventionné, l’achat neuf revient souvent plus cher que du bon matériel d’occasion.


Figure 5 : local de vente à la ferme (AMAP)

Figure 6 : Quelques outils de l'exploitation

AUTRES CHARGES

Aucun frais de personnel

Globalement peu de charge : entreprise individuelle au microBA et statut de cotisant solidaire

Rémunération de l’exploitant : 24k€ net

André estime que les bénéfices atteignent approximativement 60% de son chiffre d’affaires. Depuis l’installation, la totalité des bénéfices servent à l’autofinancement de l’exploitation, notamment des nombreux investissements réalisés. L’absorption de l’entreprise individuelle par la SCEA au premier janvier permettra une mise au propre de la comptabilité.

 

Infrastructures agroécologiques

La production maraichère très diversifiée, en agriculture biologique (non labelisée), selon les préceptes de la MSV et de l’agroforesterie constitut au sein même des parcelles cultivées un espace très favorable à la biodiversité. En plus de cela, des centaines de mètres de haies ont été replantées en bordure de parcelle pour la protection contre le vent. Peu de plantations sont réalisées, la technique de la régénération naturelle assistée est préférée. L’exploitation intègre également la ripisylve de la Tech et une petite mare de 20m2 a été creusée.

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Contact

André TRIVES

SCEA Terradelviu
Chemin Sainte-Eugénie
66200 Elne
Email : andretrives@yahoo.fr