Mélanges d’espèces - Reconcevoir les systèmes de cultures européens (REMIX)

Cette étude vise à valoriser les services rendus par les associations d'espèces pour concevoir des systèmes de cultures agroécologiques (conventionnel et AB).

Projet multi-acteurs regroupant 23 partenaires et 13 pays européens, REMIX propose une approche permettant de produire de nouvelles connaissances pour contribuer au développement de systèmes agricoles productifs, résilients et moins dépendants des intrants chimiques, dans des conditions pédoclimatiques et sociotechniques diverses.

Une culture associée ou mélange d'espèces peut exister sous différentes formes (Cf figure 1). Des mélanges spécifiques, des associations entre culture de vente et plantes de services ou encore des associations en relais pour optimiser l'espace et les ressources tout en limitant les concurrences.

Ces associations, généralement entre une légumineuse et une céréale, présentent de nombreux avantages (cf. Figure 2) :

  • Un rendement des cultures associées plus élevé que la moyenne des cultures pures (+27% en moyenne – REMIX, 2021)
  • Un rendement plus stable (compensation entre espèces)
  • Une réduction des adventices par rapport aux légumineuses en pures

 

 

 

 

Figure 1 : Les différentes formes de cultures associées – Projet ANR Légitimes, 2018

 

L'étude montre également que la teneur en protéines de la céréale en association est généralement plus élevée que celle en culture pure, si l'azote minéral dans le sol est disponible en quantité suffisante.

Figure 2 : rendement en AB de l'association en fonction du rendement moyen des cultures pures et teneur en protéines en AB des céréales associés en fonction des céréales pures – Bedoussac et al. 2015)

 

À la récolte, la proportion de l'azote des légumineuses, issu de la fixation symbiotique est plus élevée en association qu'en culture pure. La céréale épuise rapidement l'azote minéral disponible dans le sol (croissance plus rapide du système racinaire) forçant ainsi la légumineuse à accroître sa fixation symbiotique pour répondre aux besoins en azote de la céréale.

Toutefois, en association, le rendement de la légumineuse est le plus souvent inférieur à celui mesuré en culture pure (présence de la céréale, densité plus faible).

Ainsi les cultures associées présentent de nombreux avantages mais pour que leur introduction dans les systèmes de cultures soit optimale, elles doivent s'adapter aux contextes pédoclimatiques et socio-économiques et être combinées à d'autres pratiques comme la gestion des intercultures.

Les cultures associées offrent également de nombreuses interactions qu'elles soient directes entre espèces ou indirectes dès lors qu'une espèce modifie l'environnement de l'espèce qui lui est associée. La figure 3 illustre ces interactions.

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 3 : les différents types d'interaction entre les espèces au sein d'une culture associée

 

Répartie dans toute l'Europe, 11 plateformes multi-acteurs dont 2 en France ont permis de répondre aux objectifs du projet REMIX de développer des solutions pratiques et adaptées aux agriculteurs comme aux acteurs des filières agricoles.

Support expérimental, plusieurs cultures associées et modalités techniques ont été testées afin de mieux comprendre les processus biologiques et écologiques au sein des mélanges d'espèces pour optimiser leurs performances et leur gestion.

L'étude propose 52 fiches techniques issues d'expériences d'agriculteurs dans différents contextes et recense les forces et faiblesses des cultures associées (Cf. tableau 1).

Tableau 1 : AFOM de la mise en œuvre des cultures associées – REMIX, 2021

Bien que l'association de cultures réponde aux enjeux d'une agriculture plus durable, une des principales difficultés à leur installation dans les systèmes est la capacité à récolter et séparer les grains. Les mélanges ne peuvent le plus souvent être commercialisés en l'état notamment pour l'alimentation humaine.

L'étude permet de montrer qu'il est possible de bien valoriser économiquement les mélanges à condition de bien régler sa moissonneuse batteuse et en effectuant un tri adapté. Il est essentiel de pouvoir analyser la qualité de la récolte en fonction de ses outils de tri et de bien prendre en compte le coût / bénéfice du tri car il dépend de nombreux facteurs dont les malus appliqués par les acheteurs en fonction des taux d'impuretés et du matériel utilisé. L'étude propose une étude de faisabilité de la récolte et du tri de certains mélanges.

 

  • Vous pouvez retrouver l'ensemble de l'étude ainsi que les 52 fiches techniques ici

Source : Bedoussac L., Albouy L., Deschamps E., Salembier C., Jeauffroy MH., projet H2020 REMIX – De la théorie à la pratique des mélanges d'espèces – reconcevoir les systèmes de culure européens avec des mélanges d'espèces, 2021