Les sols bio sont plus vivants : 21 ans d’essai longue durée sur la conduite en bio et en conventionnel menés par le FIBL en Suisse dans leur station près de Bâle

Cet essai longue durée confirme que la conduite en bio améliore la fertilité des sols et la biodiversité mais apporte de nombreuses autres informations.

 

5 conduites ont été comparées : biodynamique, agro-biologique, conventionnel avec fumure, minéral et sans fumure avec 5 rotations de 7 ans qui se sont succédées : Pomme de terre/blé d'automne/choux blanc ou betterave rouge ou soja/orge d'automne/prairies artificielles pendant 2 ans. Des couverts ont aussi été mis en place.

 

Premier résultat : toutes cultures confondues, les rendements en bio sont en moyenne 20 % inférieurs. Le rendement du blé s'est ainsi établi en vitesse de croissance à 41 qx/ha contre presque 50qx/ha en conventionnel mais avec en moyenne un IFT de 3,6.

 

Pour la pomme de terre, la différence de rendement est beaucoup plus importante (-42 %) 30T versus 50T/ha.  C'est bien sûr dans les prairies que la différence est la plus faible (de 11 à 13 %). Cet essai montre que sans fertilisation minérale, les rendements restent faibles :  30qx pour le blé et 10T pour la pomme de terre.

 

Comme pour les travaux menés en France (cf le diagnostic Planète), cet essai confirme l'efficacité énergétique de la production bio (-19 % d'énergie directe et indirecte par tonne de produit récolté par rapport à une production conventionnelle).

 

La fumure organique influence positivement la teneur du sol en matière organique et empêche l'acidification des sols.

 

Conséquence des bilans de fumure négatifs, les teneurs en phosphore et en potasse très solubles diminuent nettement, alors que les réserves de ces éléments diminuent moins vite.

Dans la culture des pommes de terre en bio, la potasse est très vite devenue un facteur limitant les rendements.

 

En améliorant la colonisation du sol par le vivant, l'agriculture biologique améliore sa structure ce qui réduit le phénomène d'érosion.

 

La technique dite de percolation, qui reflète la tendance à l'érosion des sols, a mis en évidence qu'il y a jusqu'à 30 % d'agrégats stables de plus en AB qu'en conventionnel avec engrais organique et 60 % avec seulement des engrais chimiques.

 

Mais c'est beaucoup au niveau de la biodiversité du sol que les différences s'observent. Dans les parcelles en AB, les arthropodes vivant à la surface des sols sont presque deux fois plus nombreux que dans les parcelles conventionnelles. Cette différence s'explique par les apports d'engrais et de pesticides.

 

Ainsi, la biomasse en carabidés, staphylinides et araignées était en moyenne 40 à 80 % plus élevée qu'en conventionnel avec fumure et plus de 2 fois plus élevée qu'en conventionnel minérale. De même, la biomasse de vers de terre était 30 à 40 % plus grande, tout comme la biomasse des micro-organismes + 20 à 40 % par rapport au conventionnel avec fumure.

 

L'activité biologique du sol a aussi pu être mesurée grâce aux enzymes contenu dans leurs cellules. Dans les cultures bio, l'amélioration des symbioses avec les champignons de la mycorhize permet de mieux mettre en valeur les sols.

 

Les champignons mycorhiziens augmentent le volume racinaire des plantes en pénétrant dans les pores du sol pour aller y chercher des éléments nutritifs qu'ils peuvent ensuite transporter jusqu'au plantes. Ces champignons mycorhiziens sont aussi capable de sauver du lessivage une quantité importante d'azote provenant des racines des légumineuses. La part de longueur de racine mycorhizée est ainsi 30 % plus élevée en AB. Mais c'est dans les parcelles non fertilisées que le pourcentage est le plus élevé.

 

Source : FIBL, Dossier IRAB. Résultats de 21 ans d'essai DOC. Le bio améliore la fertilité des sols et la biodiversité. Mai 2001.

 


http://www.soin-de-la-terre.org/wp-content/uploads/Resultats-de-2-ans-Essai-DOC-FIBL.pdf