L’écopâturage dans les vignobles d’Occitanie

La pratique du pâturage dans les vignes et les vergers était une pratique courante avant-guerre et même jusqu'au début des années soixante. Les brebis pâturaient en hiver, quand la vigne était au repos et avant son débourrement, c'est-à-dire de début octobre à fin février. Le pâturage se réalisait généralement en 2 passages sur chaque parcelle. A l'heure où les herbicides n'avaient pas encore envahi les vignes, le contrôle de l'enherbement était essentiel. Cette ressource était aussi importante pour les éleveurs. De fait, l'élevage de moutons et la vigne cohabitaient sur le même territoire, voir sur la même ferme comme le signale Christophe Bousquet, vigneron sur la Clape. En effet, on peut encore observer beaucoup d'anciennes bergeries sur le massif de la Clape.

Le contexte actuel est bien différent d'hier, et les conditions semblent à nouveau réunies pour un développement de l'écopâturage dans les vignobles. Comme le signale Yves Nouet, animateur captages prioritaires à la Chambre d'agriculture du Gard, il y a dans le Gard un mouton pour un hectare de vigne. Le risque d'incendie et le changement climatique sont parmi les facteurs de risques les plus importants pour l'agriculture. Les brebis en pâturant les vignes mais aussi la garrigue, contribuent à réduire le risque d'incendie. L'enherbement permet une meilleure infiltration de l'eau et donc de réduire les risques d'érosion. C'est une des raisons principales pour lesquelles Christophe Bousquet a mis en place cette pratique sur son domaine Pech Redon depuis 2015. En effet sur le massif de la Clape, les précipitations sont rares (souvent moins de 500 mm/an) et tombent souvent en grande quantité notamment en octobre. Pour reconstituer la réserve en eau, il est important que celle-ci pénètre dans le sol et l'enherbement y contribue. Le pâturage contribue également à activer la vie biologique des sols ce qui permet d'augmenter leur fertilité et produire du vin de qualité.

 

Retrouvez en vidéo le témoignage de Christophe Bousquet et Yves Nouet.

 

Le réchauffement climatique impacte aussi les éleveurs, d'où l'intérêt pour eux d'exploiter cette nouvelle ressource que constitue l'enherbement des vignes et des vergers.

L'enherbement associé au désherbage mécanique sur le rang et au pâturage hivernal est aussi un moyen pour se passer de désherbant et notamment de glyphosate. D'où l'intérêt de ces pratiques dans les zones de captages prioritaires comme le rappelle Yves Nouet. L'action de la brebis est chirurgicale précise Christophe Bousquet en consommant de façon homogène les interrangs mais surtout les interceps.

Le pâturage est aussi un moyen de contrôler dans certaines vignes la prêle qui constitue une impasse technique au désherbage chimique. L'enherbement associé au pâturage réduit globalement les interventions mécaniques. Une attention doit être portée lors du pâturage en garrigue avec la férule (Ferula communis), ombellifère toxique qui peut être mortelle pour les brebis.

En général les brebis ne dégradent pas le palissage quand il existe mais il est important de protéger les plantiers.

Cette pratique nécessite de mettre en relation l'éleveur de mouton et le vigneron. C'est l'objet du site qu'a mis en place la Chambre d'Agriculture du Gard. Le pâturage dans les vignes pose aussi la question de la surveillance et la protection du troupeau (vol d'agneaux et des batteries, chien errant), de l'abreuvement et du parcage nocturne. Les conditions sont bien sûr différentes et facilitées si l'éleveur est situé sur la commune du vigneron mais ce n'est pas toujours le cas. Tout ceci nécessite une bonne planification et collaboration entre l'éleveur et le vigneron.

À noter aussi que l'INRAE dans le cadre de son projet innovant de vigne zéro pesticide menée en conduite haute (1,4 à 1,6 m), ouvre la voie vers un pâturage permanent.

 

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