Le Busard Saint-Martin, le Busard cendré et le Milan royal : 3 rapaces indicateurs de biodiversité

Le Busard Saint-Martin, le Busard cendré et le Milan royal, sont 3 espèces de rapaces considérées comme de bons indicateurs de l'état de la biodiversité des milieux agricoles car situés au sommet de la chaine alimentaire et occupant une grande partie de l'espace agricole français.

Ilan Badaoui-Finet, Alexandre Millon et Agathe Leriche, chercheurs à l'institut Méditerranéen de biodiversité et d'écologie méditerranéenne et continentale, ont pu caractériser le comportement de ces trois espèces à partir d'inventaires et de données sur l'évolution des pratiques agricoles. Toutes les trois ont un critère commun : se nourrir en grande partie de rongeurs, notamment de campagnols.

Première conclusion, deux de ces espèces ont vu leurs populations fortement décliner entre 2000 et 2010 à l'échelle nationale : -51 % pour le Busard Saint-Martin et -38 % pour le Milan royal (mais qui semble ré-augmenter au cours de la dernière décennie), alors que la baisse observée pour le Busard cendré (-14 %) n'apparaît pas significative.

Les deux busards préfèrent les paysages ouverts où les cultures de blé et d'orge sont dominantes, mais éloignées des zones habitées pour le Busard cendré et avec présence de prairies temporaires pour le Busard Saint-Martin. Plus de 80 % des nids, construits à même le sol, se trouvent dans les céréales.

Ces espèces font l'objet d'une surveillance rapprochée entre ornithologues et agriculteurs pour sauvegarder les nichées au sol lors des moissons (de 2007 à 2016, l'effort de protection s'est élevé à 700-1 300 nids de busard cendré et 150-450 nids de busard saint martin par an).

On note ainsi un échec systématique des nichées en orge dans les zones non surveillées du fait d'une moisson plus précoce qu'en blé. L'orge d'hiver est en effet souvent préféré par le Busard cendré de retour de migration car il possède une hauteur de végétation plus élevée que le blé et donc plus attractive pour nicher.

Le Milan royal, lui, préfère les paysages mixtes composés de boisements mélangés à des prairies permanentes utilisées pour l'élevage extensif (Massif-Central, Pyrénées, Franche-Comté).

Globalement, l'intensification des pratiques joue d'une façon défavorable mais différente pour ces trois espèces : avancement des dates de fauche et des moissons, simplification des assolements, utilisation de rodenticides (bromadiolone), pour lutter contre le campagnol des champs ou le campagnol terrestre.

L'avenir de ces trois rapaces, véritables auxiliaires des cultures en contrôlant notamment les populations de campagnols sont bien entre les mains des agriculteurs.

Les populations françaises nicheuses du Milan royal sont estimées à 2 700 couples en 2015, celles du Busard Saint-Martin serait actuellement de l'ordre de 9 000 couples contre 4 000 couples pour le Busard cendré. Ces trois espèces feront l'objet d'un nouveau recensement en 2019-2020, ce qui permettra de ré-évaluer leurs effectifs.

 

Sources :

  •  Ilan Badaoui-Finet tendance de population et sélection d'habitats chez trois espèces de rapaces des paysages agricoles. Mémoire de stage master 2. Aix Marseille université – IMBE, 2018
  • Atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine – Delachaux et Niestlé, 2015
  • Atlas des Rapaces nicheurs de France – Delachaux et Niestlé, 2004