L’agroécologie, levier de redressement des exploitations fragilisées ?
Solidarité Paysan est un réseau de défense et d’accompagnement des agriculteurs confrontés à des difficultés économiques, administratives, juridiques ou sociales sur leur exploitation. Dans le cadre de sa mission, interroger le modèle de production et envisager des changements de pratiques est un des leviers indispensables pour sécuriser le remboursement des dettes et dégager de quoi vivre. Les principes d’autonomie et de résilience portés par l’agroécologie font écho aux besoins des agriculteurs en difficulté.
Cette publication propose des récits d’expériences, fruit d’un travail mené au sein du réseau entre 2015 et 2020. L’objectif est de décrire ces expériences de changements de pratiques et d’analyser leur impact dans le redressement des exploitations. Ainsi, quarante monographies d’exploitation retracent leur trajectoire, leurs pratiques et leur vécu et mettent en avant les changements opérés sur le plan technique, économique et social.
L’analyse des changements opérés fait ressortir trois stratégies correspondant à trois échelles d’actions potentielles :
- Désintensifier les pratiques, gagner en autonomie (alimentation, engrais, pesticides) ;
- Restructurer le système de production (privilégier la qualité, diversification, arrêt d’un atelier peu rentable…) ;
- Augmenter la valeur ajoutée (transformation, labellisation, vente directe…).
Des perspectives d’amélioration globale sont observées pour tous les agriculteurs rencontrés au cours de l’enquête. Les résultats économiques montrent dans la plupart des situations une progression d’ampleur variable mais effective. De plus, si la réorganisation des tâches ne permet pas toujours de réduire la charge de travail, elle en améliore au moins les conditions (diminution du stress, diversification des tâches, temps de gestion globale de l’exploitation…). Les premiers changements de pratiques en amènent souvent d’autres dont découlent de nouvelles opportunités.
Les changements viennent en réponse à une situation de crise, à la nécessité de trouver des solutions. Pour autant, la réaction est rarement immédiate, un élément vient souvent la déclencher (« coup de grâce », rencontre…). Différents facteurs peuvent ensuite conforter les décisions et faciliter leur mise en œuvre. Les mécanismes de traitement de la dette apportent un apaisement de la situation. Les échanges de l’agriculteur avec ceux qui l’entourent (bénévoles, groupes d’échanges…) redonnent confiance et permettent une prise de recul par rapport au modèle de production. A l’inverse de nombreux freins peuvent intervenir dont les principaux sont une situation personnelle difficile (maladie, famille…), un verrouillage des filières (notamment les systèmes de contractualisation), un contexte socioéconomique peu favorable (bassin de consommation, tourisme…) et un manque de soutien de la profession agricole.
« L’agroécologie […] devient, lorsqu’elle est adaptée à l’exploitation et au projet de l’agriculteur, un outil de sa réémergence professionnelle et sociale. Même si les résultats économiques ne montrent pas tout de suite une amélioration sensible de la situation, dans tous les cas, ce chemin qui les a amenés à reprendre la main sur leur système, conforte la situation économique et redonne un sens au métier de paysan en réinstallant son autonomie décisionnelle. » (Solidarité Paysans, L’agroécologie, levier de redressement des exploitations fragilisées ?)
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