La simplification des paysages agricoles : une menace pour la production agricole.
Le 16 octobre 2019, la revue Science Advances a publié les résultats d'une vaste étude internationale « une synthèse globale qui révèle les bénéfices apportés par la biodiversité à la production agricole ». 101 chercheurs de 27 pays ont mis en commun leurs données provenant de 89 études et comprenant 1475 relevés parcellaires portant sur l'évaluation de la richesse spécifique et l'abondance des pollinisateurs et insectes prédateurs et parasitoïdes intervenant dans le contrôle biologique. 29 cultures ont été étudiées.
Plusieurs chercheurs français ont participé à ces travaux : Vincent bretagnolle (CNRS), Adrien Rusch (INRA), Claire Lavigne et Pierre Franck (INRA)
Ces différentes études ont analysé les relations complexes entre la simplification des paysages agricoles, les services de pollinisation et de lutte biologique et les rendements agricoles. 3 indicateurs ont été utilisés pour caractériser les populations d'insectes auxiliaires : la richesse spécifique (le nombre d'espèces), l'abondance (le nombre d'individus), la dominance (la répartition entre les espèces ou l'uniformité). L'indicateur pour mesurer la simplification du paysage est calculé sur le pourcentage cultures annuelles dans un rayon de 1 km autour de la parcelle cible où ont été faites les mesures. Cet indicateur mesure ainsi la part du territoire qui n'est pas consacrée à la production agricole (forêts, haies, bosquets, prairies, zones humides…). Le service de pollinisation a été mesuré par le taux de mise à fruit, la production de graines ou la fourniture de pollen. Le service de lutte biologique a été mesuré par des mesures de taux de parasitisme et de dommages aux cultures.
Les résultats sont sans appel : La simplification des paysages impacte directement la richesse spécifique et notamment les espèces rares, et explique 30 % de la réduction de l'efficacité de la pollinisation et 50 % de celle de la régulation naturelle des ravageurs, avec des conséquences négatives sur les rendements agricoles.
L'utilisation des 3 indicateurs a permis de montrer la complexité des relations entre la présence de ces espèces auxiliaires, les services de pollinisation et de lutte biologique, et les rendements des cultures.
Il s'avère que ces deux services sont liés à la fois la richesse de ces insectes auxiliaires mais aussi leur abondance et le niveau d'uniformité dans les populations. Plus la richesse spécifique et l'abondance sont élevées et meilleur est le service. Concernant l'indicateur de dominance, il ressort que quelques espèces clefs contribuent plus fortement aux services. Ainsi il ne suffit pas d'avoir une diversité d'espèces, il faut aussi que leurs populations soient importantes et que certaines espèces clefs soient présentes. Les effets se cumulent.
Pour un sous ensemble de 42 études, il a été montré les effets négatifs de la perte de biodiversité, liée à la simplification des paysages, sur les rendements par des effets en cascade. Les effets sur le contrôle biologique ne sont importants que dans les parcelles qui ne reçoivent pas d'insecticide.
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Source M. Dainese et Al. 2019. A global synthesis reveals biodiversity-mediated benefits for crop production. Sciences Avances