La diversification des pratiques agricoles en grandes cultures améliore les services écologiques sans compromettre les rendements

Cette étude, basée sur l'analyse de 98 méta-analyses, a permis de rassembler toutes les données existantes permettant de relier une pratique agricole avec un service écosystémique. L'hypothèse est qu'accroitre la biodiversité fonctionnelle tant au-dessus du sol que dans le sol, limite les impacts environnementaux sans réduire le rendement des cultures. Cette biodiversité fonctionnelle (utile à la production agricole) peut être boostée par la diversité des cultures (rotation et couverts) mais aussi celles des plantes non cultivées présentes dans les haies ou les bandes fleuries (IAE) mais aussi l'inoculation bactérienne, l'apport d'engrais organiques, la réduction du travail du sol ou l'agriculture biologique qui n'utilise ni pesticides, ni engrais chimiques.

9 services écologiques ont été mesurés : maintien de la biodiversité, régulation de l'eau, stockage de carbone, régulation climatique (émissions de GES), cycle des nutriments, pollinisation, contrôle biologique et rendement des cultures.

Résultat : 67% des études ont montré un effet positif, 23% un effet neutre et 10% un effet négatif. Ces effets négatifs concernent essentiellement le rendement des cultures (16%) et la régulation climatique (41%). Les effets positifs les plus importants de la diversification des pratiques agricoles concernent la fertilité des sols, le cycle des nutriments, la séquestration du carbone, la biodiversité et la pollinisation (voir graphe).

Cependant cette étude révèle que certains services et certaines pratiques restent peu étudiés comme :

  • Le contrôle biologique, la pollinisation ou le maintien de la biodiversité pour les services
  • L'agriculture biologique, l'inoculation ou les infrastructures agroécologiques pour les pratiques

La diversification des pratiques ciblées au-dessus du sol (diversification des cultures et des IAE) accroit le contrôle biologique tandis que les pratiques affectant le sol (apports organiques, réduction du travail du sol et inoculation) améliorent la fertilité du sol et le stockage de carbone.

Cette étude a aussi montré que dans 63% des cas il y a une relation gagnant-gagnant entre le rendement et les services écosystémiques et perdant-perdant dans seulement 10%. Dans les autres cas il s'agit de perdant-gagnant.

C'est aussi une des premières études à mesurer l'effet combiné de la longueur de la rotation (diversification des espèces cultivées), de la mise en place de couverts et de l'importance des IAE. Les résultats sont largement positifs pour tous les services écologiques. Concernant l'effet sur le rendement : 15 études ont montré un effet positif et 5 un effet négatif. Cela peut s'expliquer par le fait que certaines pratiques ne seraient pas adaptées à certains contextes pédoclimatiques.

Par contre il a été aussi montré un effet souvent négatif de la réduction du travail du sol (dans les climats humides) et de l'agriculture biologique sur les rendements (effet expliqué principalement par des moindres apports en azote).

Ces travaux confirment qu'il est tout à fait possible de sortir l'agriculture de sa dépendance à l'agrochimie et de réduire ses effets négatifs sur l'environnement.

 

Source : Tamburini G. and AL. 2020. Agricultural diversification promotes multiple ecosystem services without compromising yield. Sciences Advances

https://advances.sciencemag.org/content/6/45/eaba1715