L'efficacité des bandes fleuries et des haies à contrôler les ravageurs des cultures et accroître la pollinisation
Pas moins de 44 chercheurs de presque tous les continents, emmenés par un chercheur suisse d'Agroscope, Matthias Albrecht, ont regroupé leurs connaissances actuelles sur l'efficacité des bandes fleuries et des haies à contrôler les ravageurs et accroitre la pollinisation des cultures adjacentes.
35 études ont été ainsi analysées dont 18 sur le contrôle biologique des cultures et 17 sur le service de pollinisation avec 529 parcelles suivies.
Le service de pollinisation était mesuré par le nombre de graines produites, le nombre de fruits, le dépôt de pollen ou les visites des fleurs. L'efficacité du contrôle biologique était quantifiée par le taux de parasitisme, le taux de prédation ou les dommages portés aux cultures. Au final très peu d'études allaient jusqu'à mesurer le rendement final (11 études concernant l'effet des bandes fleuries) et encore moins la qualité des récoltes.
Les bandes fleuries, mais pas les haies, ont amélioré les services de lutte biologique dans les champs adjacents de 16% en moyenne. Cependant, les effets sur la pollinisation et le rendement des cultures étaient plus variables avec un effet supérieur pour la haie.
Cette synthèse identifie plusieurs facteurs importants de variabilité de l'efficacité de ces implantations : les services de pollinisation ont diminué de façon exponentielle avec la distance, et les bandes de fleurs vivaces et plus âgées avec une plus grande diversité de plantes à fleurs, ont amélioré la pollinisation plus efficacement. Ces résultats fournissent des voies prometteuses pour optimiser les plantations florales afin de contribuer plus efficacement à la fourniture de services écosystémiques et à l'intensification écologique de l'agriculture à l'avenir.
Parmi les préconisations qui ressortent :
- Implanter une diversité d'espèces dans les bandes fleuries. Cette diversité accroit les ressources disponibles (nectar et pollen) tout le long de la saison
- Rechercher un bouquet d'espèces les plus favorables aux prédateurs et aux pollinisateurs en intégrant le multiservice.
- Implanter les bandes fleuries sur une durée d'au moins 5 ans. Les bandes fleuries deviennent réellement efficaces à partir de 3 ans. L'âge n'augmente pas la diversité mais elle permet de restaurer les populations d'insectes pollinisateurs. L'âge accroit aussi les lieux d'hivernation et de reproduction pour les pollinisateurs
- À surface constante, augmenter la densité des bandes fleuries en réduisant leur largeur plutôt que de faire des larges bandes mais moins bien réparties
- Favoriser une bande herbeuse au pied de la haie et non traitée, et diminuer la fréquence des entretiens de la haie
Un des constats de ce travail de synthèse est que nous manquons cruellement de recherche sur ces services écologiques rendus par les infrastructures agroécologiques (IAE) d'autant plus si nous voulons réduire drastiquement l'usage des pesticides. Ce point n'est d'ailleurs pas abordé dans cette synthèse. En effet il existe encore actuellement trop peu de données qui différencient les effets entre des systèmes biologiques ou sans utilisation d'insecticides, et conventionnelles. On peut clairement faire l'hypothèse quand l'absence de traitement, les effets mesurés seraient certainement supérieurs.
Une autre étude menée en Suisse en 2014 sur 18 parcelles de colza conventionnel avait montré que le renforcement des Infrastructures agroécologiques (IAE) dans le paysage de 6 à 26% dans un rayon de 1 km augmentait d'une façon significative les services de contrôle biologique et de pollinisation de cette culture. Les IAE prises en compte incluaient les prairies extensives, les couverts, les légumineuses, les haies, les lisières de bois et les bandes fleuries. Cependant aucun effet n'a été noté au niveau du rendement qui était avant tout lié au nombre de traitements pesticides. Les services écologiques n'auraient-ils un réel effet sur la production qu'en l'absence d'utilisation d'insecticides ? la question est posée.
L'efficacité des bandes fleuries avait aussi été montré par Tschumi dans la lutte contre les criocères des céréales en réduisant de 61% les dégâts dans les parcelles de blé.
- Sources :
