La grande variabilité intra variétale des maïs population et les divers contextes pédoclimatiques ne permet pas d'obtenir des connaissances généralisables et connaître avec précision les avantages et inconvénients des variétés population de maïs. Chaque variété a ses données uniques et propre à la ferme et aux objectifs dans laquelle elle est sélectionnée.

De manière générale, la réussite du maïs population repose sur plusieurs paramètres techniques de la préparation du sol à la récolte :

• Une bonne préparation du sol est essentielle pour favoriser un développement rapide du maïs
• Mettre en place une rotation cohérente pour permettre d'une part une bonne valorisation des restitutions azotées et d'autre part limiter la pression adventice
• Réaliser le semis dans un sol réchauffé à une température >=10°C
• Réaliser des tests de germination pour évaluer la densité de semis en lien avec un objectif de 60 000 à 70 000 pieds/ha
• Mettre en place une stratégie de désherbage mécanique adaptée est essentielle, notamment le binage

 

Grâce aux diverses expérimentations en Aquitaine, Bretagne, Rhône-Alpes, Occitanie, quelques tendances peuvent malgré tout se dégager selon les essais :

D'un point de vue agronomique

• La plasticité phénotypique des variétés : les variétés population présentent des capacités du génotype à exprimer plusieurs caractéristiques selon les différentes situations environnementales

 

• Les variétés population de maïs ont une grande capacité d'adaptation aux conditions de culture et aux conditions pédoclimatiques locales. Aux dires d'agriculteurs : une capacité d'adaptation « en devenir ». De ce fait, on qualifie le maïs population de rustique car elle permet une production à plus faible niveaux d'intrants. Elles sont bien adaptées à des productions en AB.

 

• Densité de semis et rendement : la densité de semis plus faible semble permettre une meilleure expression des variétés population de maïs notamment au niveau du rendement de maïs ensilage. Les résultats de 2 années d'expérimentation en Rhône-Alpes indiquent une corrélation entre densité de semis et rendement comme l'indique le tableau ci-dessous :

Influence de la densité de semis sur le rendement en ensilage d'un maïs population – programme maïs population de l'ADDEAR 42 et l'ARDEAR Rhône-Alpes, 2014

Une densité plus faible permettrait d'obtenir un rendement plus élevé. Néanmoins, pour les densités plus faibles, le taux de matière sèche est plus élevé.

• La précocité correspond à la durée du cycle de développement, du semis à la floraison. Un élément important pour les éleveurs qui peut évoluer en fonction de la sélection des agriculteurs. En Bretagne, après 2 années d'expérimentation, le travail de sélection a permis de diminuer le nombre de degré jours nécessaires pour atteindre la floraison femelle malgré des écarts importants entre variétés.

Projet Qualimaïspop, classification des populations selon leur précocité moyenne, 2014 / 2015 

Taux de protéines : plusieurs essais dans le Périgord entre 2002 et 2010 ont montré que les maïs pop ont une teneur en protéines supérieurs aux maïs hybrides. Le rapport amidon / protéines semble donc plus équilibré. Les essais ont également montré que les taux de protéines sont corrélés avec la précocité : « plus les populations étaient précoces, plus elles étaient riches en protéines ».

Projet Maïs pop en Bretagne – taux de protéines moyen (g /kg de MS) par population sur 2

 

• Verse : A venir
• Vigeur et hauteur de tige : A venir
• Maladies et ravageurs : de manière générale, les semences de maïs population semblent attirer plus les animaux sauvages et les oiseaux en raison de taux de sucres plus élevés dans la graine. Plusieurs agriculteurs peuvent abandonner les programmes pour ces raisons.

 

Les essais dans le Périgord en 2015 ont montré des attaques moyennes de sésamie pouvant aller de 23,4 % de pieds attaqués pour la variété Sireix à 97,3 % pour la variété Ruffec. Toutefois, cette pression peut être fortement liée aux conditions climatiques favorisant la présence des lépidoptères.

Évolution du pourcentage de pieds de maïs attaqués sur la plateforme AgroBioPérigord par la pyrale et la sésamie de 2010 à 2013

Concernant les maladies, les essais en Bretagne ont montré des attaques de charbon sur pieds inférieures à 5 % alors que dans le Périgord ces attaques peuvent aller jusqu'à 18 % de pieds attaqués.

Les attaque de du fusariose sont variables d'une variété à une autre et peuvent être comprises entre 5 et 60 % d'attaques sur tige.

 

Taux de pieds charbonnés et de fusariose sur tige variété plein champ 2013 chez un agriculteur

 

• Qualité nutritionnelle des maïs population : les essais en Rhône -Alpes montre des taux en amidon et cellulose similaires aux maïs hybrides mais présentent des valeurs supérieures en minéraux (+ 17 %) et en protéines (+ 10 % en PDIN et PDIA) que les maïs hybrides

Résultats moyens des analyses réalisés en 2014 - programme maïs population de l'ADDEAR 42 et l'ARDEAR Rhône-Alpes, 2014

 

En Bretagne, ceux sont les taux de MAT et les PDI qui semblent significativement supérieurs aux références INRA (pour 25 % et 30 % de matière sèche) alors que les UFL semblent inférieurs.

Toutefois, des études complémentaires semblent nécessaires pour mieux connaître les impacts sur les animaux ou encore sur la qualité du lait.

Il est important de rappeler que la production quasi manuelle peut être chronophage notamment pour la récolte des épis sélectionnés si elle s'effectue manuellement. Mais les agriculteurs s'accordent à dire qu'ils retrouvent du plaisir à cultiver leurs propres semences.

d'un point de vue environnemental

• Sélectionner et cultiver ses propres semences participe au maintien et à la co-évolution en faveur de la Biodiversité cultivée

 

• Rusticité : A venir

 

• Faibles niveaux d'intrants : A venir

 

d'un point de vue socio-économique

• La dimension collective est primordiale : elle permet l'acquisition et la transmission de savoirs et permet d'offrir une plus large palette de choix adaptés aux conditions de l'agriculteur

 

• Produire sa propre semence permet de retrouver de l'autonomie décisionnelle mais aussi financière notamment pour les agriculteurs en système d'élevage

La production de maïs population permet de réduire le coût des semences. Dans le cadre de l'animation et la coordination des groupes mais pop mené par l'ADDEAR 42, le bureau technique de promotion laitière a évalué l'intérêt économique de la production de semence de maïs population.

Ce travail a permis également d'estimer le temps supplémentaire à la production de semence de maïs population.

Sur les 10 ares qui ont été alloués à ce calcul, le temps de travail a été estimé à 36 h (implantation, récolte-sélection, tri, stockage et un jour de formation).

Les 10 ares ont permis de semer 8 ha l'année suivante.

Un cout de production complet a été calculé par kg de semence de maïs en tenant compte de toute la chaine de production (fermage, préparation du sol, semis, culture, récolte et conservation).

La rémunération du temps de travail du paysan a été estimé à 15 € /h.

Le coût de production ainsi calculée est de 3,50 €/ kg de semence alors que le coût d'achat de semences hybrides de maïs est de 5 € / kg en conventionnel et de 9 € / kg en AB.