Du concept à la technique : comment produire sa semence de maïs population

Pour créer de nouvelles variétés adaptées aux contextes pédoclimatiques locaux, il faut pouvoir sélectionner les meilleurs individus et les faire correspondre aux objectifs définis par l'agriculteur.

Étant donné les difficultés à obtenir des connaissances généralisables aux variétés population (comportements des variétés liés au sol, climat et pratiques de l'agriculteur), cette sélection participative permettant d'améliorer d'année en année la valeur moyenne de la population est essentielle et entraîne de fait une dynamique exploratoire individuelle mais surtout collective.

Collective pour d'une part échanger les semences entre agriculteurs et d'autre part pour acquérir et transmettre les savoir-faire spécifiques à la multiplication et sélection des maïs population.

En effet, la sélection participative réclame de respecter différentes étapes :

En premier lieu, il faut s'assurer de bien isoler les parcelles au minimum de 300 mètres pour éviter tout pollinisation avec d'autres variétés non souhaitées ou décaler le semis des variétés pop de 30 jours.

Le semis doit s'effectuer à une densité ne dépassant pas les 100 000 plantes par hectare pour laisser le potentiel du maïs totalement s'exprimer.

La sélection naturelle

Avant de débuter tout processus de sélection massale, il est nécessaire de pratiquer une sélection naturelle de la population pendant 2 à 3 ans afin d'éliminer les individus les moins résistants et permettre de renforcer la résistance moyenne de la population en fonction des critères de sélection définis par l'agriculteur (dans le cas d'un maïs ensilage les critères peuvent être : la précocité, la hauteur de tige, la teneur en matière sèche, les taux de matières azotées, ou encore le taux de cellulose).

Afin d'éviter toute dégénérescence de la population, un seuil minimum de plantes égal à 600 poupées / an est à respecter même si les besoins en quantité de semences sont inférieurs.

Quelques règles sont également à respecter pour ne pas voir apparaître des gènes délétères : ne jamais croiser des maïs de race différentes, ne pas croiser des maïs corné et denté, ne pas croiser les « rouges » avec les autres de couleurs différentes, éviter de croiser des variétés trop éloignées génétiquement (Source : Abatzian V., Grain'Avenir).

La sélection massale

Il existe plusieurs types de sélection massale :

  • La sélection massale positive : la récolte des épis destinés à la semence se fait manuellement avant la récolte mécanique sur les plantes qui disposent des critères recherchés. La sélection se fait sur l'ensemble de la surface prévue pour conserver au maximum de diversité génétique en prélevant dans chaque rang et en évitant les rangs de bordure.

Un calcul simple permet de respecter le nombre d'individus minimum :

600 individus ou plus / nombre de rangs

= nombre moyen d'épis à sélectionner par rang.

  • La sélection massale négative : consiste à éliminer (arracher ou casser) les individus qui correspondent le moins aux critères recherchés puis à récolter le reste de la parcelle de multiplication mécaniquement.

 

  • La sélection mécanique : la herse étrille et l'absence d'irrigation peuvent être un bon moyen de sélection (enracinement, stress hydrique).

 

La plupart des producteurs réalisent leur sélection à maturité peu de temps avant la récolte de la parcelle. Pour certains critères notamment la précocité, une sélection négative peut s'effectuer à floraison pour éliminer les individus les plus tardifs.

Pour la récolte des semences de maïs, elle se fait toujours en épis (manuelle ou corn-picker) car le séchage naturel garantit la qualité germinative des semences. En condition mécanique, il faut s'assurer de bien vidanger la moissonneuse batteuse.

Schéma de sélection récurrente pour améliorer la précocité en ensilage – Source : Fiche sélection participative des maïs, ADDEAR 42, Grain'Avenir

séchage, stockage et égrenage des semences

Il est important d'assurer un bon état sanitaire et de favoriser le taux de germination en séchant et stockant les semences dans de bonnes conditions.

Le stockage

Il existe deux possibilités de stockage :

  • Le stockage en en sacs filets
  • Le stockage en cribs

Dans les deux cas, la ventilation est primordiale ainsi qu'un stockage dans des conditions séchantes.

L'égrenage

Plusieurs précautions doivent être prises avant l'égrenage :

  • Bien contrôler l'humidité
  • Bien nettoyer la machine à égrener pour éviter les mélanges
  • Faire tester l'ensemble des épis pour éviter les grains cassés ou leur décorticage
  • Brasser les grains obtenus pour assurer un bon mélange

 

Le triage

Pour le nettoyage, triage, calibrage des semences de maïs, le traditionnel tarare ou un nettoyeur – séparateur sont des outils adaptés. Un bon réglage de l'égreneuse permet d'éviter de trier les semences.

Préparation du ressemis

  • La conservation des semences jusqu'au semis :

Pour assurer la qualité des semences celles-ci doivent être conservées dans un endroit frais, sec et aéré.

La conservation se fait en sac de nylon car plus respirant que les sacs papier.

Éviter les montées en températures et vérifier l'humidité.

 

  • Test de germination :

Il est indispensable d'effectuer un test de germination qui peut durer plusieurs jours voire plusieurs semaines.

 

  • Préparation des sacs de semences :

Pour quantifier le poids de semence nécessaire, la mesure du PMG est requise en comptant 1000 grains au hasard et les peser. En raison des nombreux accidents de levée, il est important de conserver un stock de semence supplémentaires.

 

  • Mise en sécurité des semences :

Chaque année, il est nécessaire de mettre de côté plusieurs lots de semences de « sauvegarde ». Généralement ces lots de sauvegarde ou qui ne sont pas utilisés peuvent être conservées 2 à 3 ans, en respectant un taux d'humidité < 13% et privilégier un lieu avec des conditions sèches, aérées, fraiches et sombres.

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