Intérêts et points de vigilance

C'est un produit local, facile à produire et à utiliser, et économiquement intéressant (quand la paille dépasse environ 80€/T). Cela suppose au préalable une bonne gestion et valorisation du bois présent sur la ferme et une organisation des acteurs locaux pour optimiser les chantiers, souvent en lien avec les Cuma du territoire.

Une bonne gestion de la haie suppose un diagnostic de l'état des ressources (haies, bordures de bois, ripisylves, bois…) et un plan de gestion pour optimiser la productivité et l'utilisation de ces ressources par exemple en transformant une haie basse en haie haute. Il peut être intéressant de réaliser un Plan de Gestion Durable de la Haie[1] ou PGDH qui comprend un inventaire des types de haies et de leurs composantes et priorise les coupes. Ce diagnostic permet d'identifier aussi la replantation des haies afin d'accroitre le potentiel valorisable sur l'exploitation sur les 40 prochaines années sous l'angle de sa gestion sylvicole tout en respectant une gestion durable comme le préconise le Label Haie. Un plan de gestion peut faire économiser à terme du temps d'entretien et des frais de mécanisation au profit d'une gestion mieux optimisée et d'une productivité accrue. Les plans de gestion peuvent être financés (se renseigner auprès des Conseils Régionaux, du réseau AFAC-Agroforesteries ou Chambre d'Agriculture). Le PGDH n'est à réaliser qu'une seule fois. C'est ensuite l'application du Label Haie qui permet de l'actualiser années après années, par l'enregistrement de chaque intervention de l'agriculteur. Le Label Haie garantit la gestion durable, permet d'être accompagné sur la durée, et de développer d'autres débouchés économiques.

Les conditions à mettre en œuvre pour diminuer les coûts de plaquette et de pénibilité du chantier :

  • Présence sur le territoire de matériels adaptés de coupe de bois (grappin coupeur et déchiqueteuse). et de broyeur à plaquette
  • Organisation du chantier optimisé : bien ranger le bois en tas facile pour le broyage, ce qui suppose en amont une méthode de gestion et de technique de coupe adaptée et des gestionnaires de haie compétents techniquement (ex : élagueur grimpeur).

Une fois la ressource transformée en plaquette …

 

Quelques chiffres pour se repérer :

 

Pour les plaquettes de bois on parle en mètre cube apparent de plaquette (MAP). De nombreuses références existent et se confortent les unes et les autres :

  • 1 MAP de bois vert déchiqueté = 300 à 350 kg selon les essences utilisées
  • 1 MAP de plaquettes sèches (entre 15 et 25 % d'humidité) = +/- 250 kg de paille.
  • Selon le Label Haie, 100 ml de haie = 10 T de bois = 30 MAP
  • Le coût de revient d'une plaquette de bois de haie se calcule tous frais compris (main d'œuvre, amortissement du matériel et des bâtiments). L'AFAC-agroforesteries différencie la gestion interne (coupe réalisée par agriculteur avec main d'œuvre comptabilisée) de la gestion externe (coupe réalisée par ETA ou Cuma) :

*coûts constatés en gestion interne : 12,5 euros / MAP ( soit 50 €/ eq T de paille)

*coûts constatés en gestion externe : 20,8 euros / MAP ( soit 80,2 €/ eq T de paille)

Ces coûts sont atteints par une bonne organisation logistique au niveau du territoire : planification des chantiers collectifs (Cuma, ETA …) pour optimiser l'amortissement des équipement performants (grappin coupeur et broyeur à plaquette).

A rapporter au coût moyen de la paille de 80-110 €/T selon les coûts de transports en zone allaitante.

Une autonomie en paille de 23% dans le Limousin.
Une étude récente menée par SOLAGRO auprès de 61 élevages en bovin viande sous label rouge dans le Limousin en 2020 permet d'amener un éclairage économique intéressant.
Concernant les exploitations enquêtées, elles affichaient une SAU moyenne dont 80% de prairies et le reste en cultures de céréales intraconsommées pour grain et paille (60 T de paille en moyenne). Avec un troupeau moyen de 254 UGB, leur besoin en paille s'élevait à 259 T dont 199T achetée et 60 T autoproduite. Au prix de 100 €/T de paille livrée, cela représente une charge moyenne de 19 900 € par an ce qui n'est pas négligeable. Cette autonomie de 23% pourrait être plus élevée en utilisant leurs haies et lisières très présentes sur leurs exploitations avec une longueur de haies moyenne de 62 m /ha SAU et une longueur de lisière de 51 m /ha SAU. Au prix de la paille, développer la plaquette en litière serait économiquement rentable très rapidement.

 

 
[1] Un plan de gestion est un outil à la fois pour pour gérer à court, moyen et long terme les arbres présents sur le territoire considéré. Il est réalisé par un conseiller d'organisme de développement agricole ou forestier formé à l'outil par exemple de Chambre d'Agriculture.
[2] Le PGDH est réalisé par le conseiller bocage-agroforestier pour accompagner l'agriculteur dans la réappropriation de ses haies et dans ses changements de pratiques. Il est le référentiel initial qui sera nécessaire pour de nombreuses démarches autour des haies, comme la labellisation «Label Haie» ou «Label bas carbone». Toutes les personnes acréditées sont listées sur ce lien : https://labelhaie.fr/demarches-obtenir-label-haie/. Pour en savoir + : https://afac-agroforesteries.fr/plan-de-gestion-durable-des-haies-pgdh/

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