Maximiser le pâturage et valoriser les surfaces en herbe

LA DÉMARCHE

Émilie a fait le choix de faire pâturer les chèvres, ce qui contribue à la qualité du lait, au bien-être des animaux mais aussi au maintien des prairies permanentes dont les prairies humides et l'entretien des parcours boisés. Cela est loin d'être la règle dans les élevages de chèvres qui en général pâturent peu ou pas.

Prairie en bord de rivière

 

L'herbe pâturée est toujours plus riche que le foin. Le pâturage permet donc de réduire l'utilisation de concentrés, en règle générale de 2 kg/j/chèvre à 1,3 kg/j/chèvre. Le pâturage permet aussi de limiter la quantité de foin à récolter et à stocker. Le lait a aussi meilleur goût.

Le pâturage des chèvres est pointu. Les jeunes chèvres doivent être « dressées » pour respecter les clôtures. Il faut aussi veiller à ce qu'il y ait toujours suffisamment d'herbe dans le parc.

Les chèvres pâturent au plus tôt à la mi-février et au plus tard à la mi-novembre sauf les jours de pluie. La pluie est un facteur aggravant pour le parasitisme. En effet les vers montent sur l'herbe mouillé.  Dés que l'herbe pousse, Émilie commence à sortir les chèvres. De plus en été s'il fait très chaud comme cette année 2022, les chèvres ne sortent pas. En plein été les chèvres ressortent après la traite jusqu'à 21h30. Mais cet été 2022, elles ont été aussi quelques semaines en bâtiment du fait de l'absence d'herbe et les stocks ont être du entamés.

10 parcs ont été mis en place, ce qui permet une rotation de 21 à 30 jours. En règle générale, elles restent 3 jours dans un parc. Le premier jour elles pâturent beaucoup puis de moins en moins.

Il y a un lot de parcelles pour le pâturage de printemps qui permettent d'alimenter les chèvres jusqu'au 15 mai. Après elles vont dans les parcelles boisées. Elles marchent plus et mangent aussi beaucoup de feuilles dans ces parcelles ce qui procurent des tanins qui contribuent à déparasiter.

Les chèvres ont toujours du foin à la chèvrerie. Il faut qu'elles ruminent.

Le pâturage mixte permet de limiter le parasitisme mais aussi de mieux valoriser les surfaces en herbe. Les refus des vaches et des chèvres ne sont en effet pas les mêmes. On peut aussi faire passer les chèvres plus précocement dans les près car elles ne vont pas les écraser contrairement aux vaches. Les chèvres valorisent aussi des parcours boisés que les vaches ne pourraient valoriser. Les prairies humides sont d'abord pâturées par les vaches puis par les chèvres.

Les chevrettes ne pâturent pas pour ne pas être confrontées aux parasites lors de leur croissance. Elles commencent à sortir à 1 an quand elles sont traites.

Deux lots de chèvres sont séparés dans le bâtiment : un lot pour les chèvres adultes et un lot pour les jeunes chèvres. En effet les adultes mangent en premier et empêche les jeunes de bien se nourrir.

Les chèvres sont particulièrement fragiles au parasitisme car présentant peu d'immunité.  Ainsi, en 2021, 40 chèvres ont été contaminé par la strongle Haemonchus contortus qui ne peut être traité par un seul produit, l'éprinomectine permettant de continuer à vendre le lait en raison des très faibles résidus dans le lait. Mais cet unique produit peut poser à terme des problèmes de résistance des strongles à ce produit.

Robot distributeur de foin

Émilie a souhaité simplifier et réduire le travail manuel d'alimentation des chèvres (distribution du foin, des concentrés et paillage). Le GAEC a ainsi investi dans 2 robots :

  • Un doc pour distribuer les aliments. Le robot autonome et piloté par ordinateur vient se remplir automatiquement auprès des cellules (granulés complets, méteil et maïs). Il se dirige en traversant la cours alors vers la chèvrerie située à 20m et distribue l'aliments aux chèvres. Prix d'achat 37 000€ acheté en janvier 2022.
  • Un bol mélangeur pour distribuer le foin. Il se rempli automatiquement à partir de 3 balles de foins qui sont mélangées, coupées avec addition d'un peu d'eau. 7 passages sont nécessaires pour distribuer les 3 balles. Le doc est conduit par une personne. Le bol permet aussi une économie de foin (moins de refus). Il a été acheté en 2019 et a coûté 80 000€ et a bénéficié d'une subvention de 30 000€.
  • Une pailleuse permet de pailler directement la chèvrerie.

Pour aussi réduire le travail, un décrochage automatique a été installé dans la salle de traite de 18 postes. La traite prend un peu plus d'1 heure matin et soir. Du fait de la présence de chèvres en longue lactation, La traite a lieu toute l'année.

Une louve permet de préparer le lait pour les chevreaux. L'eau chaude est électrique.

La robotisation pour la distribution des aliments et du foin, la salle de traite et l'eau chaude pour la traite entrainent une consommation électrique importante. Et du fait de l'augmentation des tarifs les agriculteurs réfléchissent aujourd'hui à l'intérêt de développer du photovoltaïque en autoconsommation.

Avec le pâturage et le foin et l'apport de concentrés, le lait est de bonne qualité avec un taux de matière grasse de 38 g/l et un taux de matière protéique de 36 g/l du en partie au bon niveau génétique du troupeau.  Les chèvres en longue lactation font remonter les taux. Il y a peu ou pas de problème de cellules.  Cette qualité du lait permet une meilleure rémunération.

Émilie utilise aussi la phytotérapie pour soigner ses chèvres.

La qualité du lait est importante car la fromagerie le Pic travaille en lait cru. Il faut donc suivre régulièrement la contamination bactérienne : Pseudomonas, Staphylocoque, Escherichia colli. Le troupeau n'a pas de listériose ni de salmonelle. Quand on utilise des antibiotiques on doit jeter le lait.

La première coupe de foin se fait fin mai – début juin en fonction des conditions météorologiques le permettent. En général 65 ha sont fauchés lors de la première coupe de foin. Selon les années il peut y avoir un regain sur les prairies naturelles et temporaires notamment dans la vallée. La production moyenne des 101ha de prairies naturelles a été estimée à 1,5 t MS/ha.  La luzerne est fauchée 3 à 4 fois avec une production moyenne de 8 tonnes MS/ha. Le foin récolté représente 275 tonnes (1250 bottes de 220 kg). Le pâturage représente 190 tonnes soit environ 41% des besoins.

L'exploitation a toujours été autonome en fourrage. Le fond de vallée avec la présence de prairies humides et la proximité de la rivière a toujours été vert. La luzerne résiste bien aussi à la sécheresse.

L'exploitation possède un lac collinaire de 33 000 m3 mais que Eloi n'utilise pas l'eau sauf cette année 2022 où 5 ha de luzerne (2 passages de 35 mm) et 8 ha de près (1 passage de 40 mm) ont été irriguées. L'eau est utilisée en partie par un voisin.

La consommation de concentrés est de 100 t soit environ 600 g/litre de lait ou 420 kg/chèvre traite.

L'autonomie en concentrés est de 24%. 

Entretien du bocage

INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR

Points fort

Points faibles Pistes d'amélioration
  • Pâturage la plus grande partie de l'année
  • Pâturage des parcours boisés
  • Moins de concentrés
  • frais vétérinaires limités
  • Maintien d'un sol couvert toute l'année
  • Moins de mécanisation
  • Rotation permettant de cultiver des céréales
  • Production de lait toute l'année  grâce aux chèvres en longue lactation
  • Implantation des prairies
  • Autonomie faible en aliments et en paille
  • Pas de stock en trop
  • Traite toute l'année
  • Augmenter la surface des parcours boisés en clôturant
  • Utiliser les plaquettes de bois en litière pour économiser la paille
  • Irriguer les prairies

 

État sanitaire du troupeau : Les antibiotiques ne sont utilisés que très rarement.

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Contact

Émilie et Éloi FERTÉ

GAEC de Maillolong
Ferme de Maillolong
82140 Saint Antonin Noble Val
Email : gaec.maillolong@orange.fr