Comment ont évolué des fermes agroécologiques durant 20 ans en Bretagne
20 ans d'expérience sur les pratiques agroécologiques, c'est l'analyse que nous livre l'association Nature et culture, qui est revenue enquêter en 2014 26 fermes pionnières dans toutes les productions, 5 entreprises et un certificat de conformité de Bretagne. Ce répertoire validé il y a 20 ans voulait montrer qu'il existait bien des alternatives au modèle agricole vertueuses économiquement, socialement et écologiquement.
Première grande conclusion de ce travail, la trajectoire d'une ferme en agroécologie n'est pas écrite à l'avance Les remises en cause sont continuelles. La transmission des fermes constitue un moment critique et qu'il n'existe pas de modèle. 5 fermes sur les 26 n'ont pu être contactées ou n'ont pas souhaité figurer dans ce document.
Parmi le premier point positif, une seule ferme a cessé son activité sans être reprise. La plupart ont été reprises parfois en changeant radicalement de systèmes, d'autres cherchent encore un repreneur.
Parmi les rares points négatifs, la disparition d'un moulin, l'abandon du certificat de conformité « Herbagères de Bretagne » qui valorisait la viande produite à l'herbe et la disparition de l'association ALDIS qui oeuvrait à remplacer le soja OGM par du lupin.
Un des points clefs de la durabilité de ces fermes est la recherche quasi-systématique d'une plus grande valeur ajoutée au travers de la qualité des produits, de leur transformation, de la commercialisation en circuit court et du label bio (13/20).
Cela passe le plus souvent par des démarches collectives et aussi par une plus grande diversification des systèmes.
Un autre point clef est la recherche d'une plus grande autonomie permise par les pratiques agroécologiques : allongement du pâturage et pilotage de celui-ci, prairies temporaires multi-espèces avec des légumineuses, séchage en grange, compostage du fumier, soin du troupeau et bien-être animal avec utilisation d'huiles essentielles et homéopathie, aires paillées pour les porcs, les vaches ou les volailles, choix des races, techniques culturales simplifiées, associations de cultures, couverts végétaux. L'utilisation des intrants est au final fortement réduite.
La gestion des haies et du bocage constitue pour certaines fermes, une réelle activité pourvoyeuse de bois de chauffage et la méthanisation commence à pointer son nez.
On notera que les 4 autres entreprises n'ont cessé de se développer : la brasserie Lancelot (20 000 hl de bière), l'entreprise MAS spécialisée dans les légumes haut de gamme biologique (19 salariés), Bretagne Viande bio regroupant 350 éleveurs et Biolait créé en 1994 par 6 agriculteurs et qui collecte aujourd'hui 115 millions de litres de lait dans toute la France auprès de 1 200 producteurs.
La conclusion sur ce retour d'expériences est que ces méthodes de production et de commercialisation alternatives sont performantes sur les 3 plans : économique, social et écologique.
En 2016, ces pratiques deviennent dominantes et un nouveau modèle est en train de naître, alliant modes de production et modes de commercialisation. En cela, les signes de reconnaissance, les outils de transformation et de commercialisation semblent indispensables au nouveau modèle agroécologique.
Source : Terre d'avenir, 20 ans d'expérience vers l'agroécologie. Témoignages, conseils et évolution. 88 pages. Édité par Nature et culture.