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Travail dans la vigne
Julien Cartier est arrivé sur le domaine familial en 2018 en s'associant avec son père Pierre. La conversion en bio s'est faite en 1974.
Le domaine de Beaujeu est situé en plein cœur de la Camargue au bord du grand Rhône, au Sambuc, entre Arles et Salin de Giraud, dans le Parc Naturel Régional de Camargue et en zone Natura 2000. Il est composé d'une mosaïque de paysage avec des vignes, des prairies, rizières cultures, ripisylves, enganes et un bocage de peupliers et de frênes. Il comprend aussi 30 ha de bois.
Le domaine de Beaujeu occupe 280 hectares de terres avec 110 labourables et le reste en vigne, prairies permanentes et bois. Un troupeau de 1200 mérinos vient passer 1,5 mois durant l'hiver pour brouter le regain et l'herbe dans les vignes. Ceci est variable en fonction de la météo, du nombre de bêtes et de ce qu'il y a à manger. 3 ha de grenadiers sont venus il y a 4 ans diversifier les productions.
Le domaine dispose aussi d'espaces naturels composés de forêts et d'enganes. Les enganes sont une prairie extensive peuplées de salicornes et autres plantes halophiles qui servent traditionnellement de parcours pour les chevaux, taureaux et moutons en Camargue. Les enganes ont un rôle central pour le maintien de la biodiversité.
Un apiculteur amène ses ruches dans le domaine (environ 60 ruches deux fois dans l'année en fin d'hiver et à l'automne et aussi pour la miellet du tournesol).
L'irrigation par submersion, avec un prélèvement d'eau dans le Grand Rhône, fait partie de ce système de polyculture camarguais et permet, au travers de la culture de riz, de contrôler la remontée de sel. L'eau est aussi utilisée pour irriguer les prairies naturelles (2 fois entre chaque coupe avec 3 coupes) pour la production de foin ainsi que les vignes en été.
La ferme compte aujourd'hui l'équivalent de 6 UTH : Pierre et Julien Cartier, la compagne de Pierre, 3 salariés à plein temps et des saisonniers (pour la taille sèche et taille en vert 5 à 6 personnes pendant 1 mois et au printemps pour l'ébourgeonnage pendant 1,5 mois)
La majorité des productions sont transformées et commercialisées sur le domaine avec un magasin dédié et en livraison. La vinification se fait entièrement sur le domaine alors que la transformation des autres produits (riz, pois chiche, jus de grenade) est sous-traitée.
L'ASSOLEMENT
Le domaine de Beaujeu occupe 280 hectares de terres agricoles regroupées autour de la ferme. La totalité des terres sont labourables mis à part les enganes et le bois, mais une partie est dédiée à des cultures permanentes : 31 ha de vignes, 28 ha de prairies naturelles et 3 ha de grenadiers. Les prairies naturelles ont été volontairement maintenus pour leur contribution à la préservation de la nature.
Les terres labourables qui occupent 110 ha sont conduites avec un assolement septennal : luzerne (deux ou trois ans) ; riz ; tournesol ou sorgho puis blé (dur et/ou tendre). Un engrais vert à base de graminée et légumineuse (trèfle de perse semé fin juillet) est mis en place entre la culture d'été et à céréale à paille. Cette rotation offre, d'après Julien Cartier un bon compromis au point de vue “rentabilité/limitation des adventices/fertilisation“ des parcelles cultivées. D'autres cultures interviennent certaines années comme le pois chiche. La culture du colza a aussi été tentée entre le riz et le blé dur mais sans résultat probant à ce jour. La luzerne est implantée sur sol nu en mars ou semée dans le blé.
Assolement 2021
Le riz
Plusieurs variétés de riz IGP Camargue (riz long, riz rouge, riz rond et riz noir) sont produites et commercialisée sur le domaine. Le riz est semé à partir de fin avril jusqu'à début mai, à la volée dans l'eau ou à sec. L'eau utilisée dans les rizières est pompée dans le grand Rhône par la pompe du domaine. L'eau circule ensuite via un réseau d'irrigation. Le drainage se fait par les fossés qui séparent chaque parcelle. L'eau permet de dessaler les parcelles. La récolte a lieu entre le début d'octobre et la fin octobre. Le riz est ensuite séché et stocké avant d'être conditionné.
Le blé dur
Il est généralement semé après un labour peu profond à 12-15 cm. Il constitue une production phare en Camargue et une des principales zones de production pour le blé dur bio. Le contrôle des adventices s'opère avant le semis en réalisant un à deux faux semis puis avec un passage de herse étrille. Après cela il n'y a plus aucune intervention avant la moisson. Le blé dur peut-être remplacé par du blé tendre.
Sur les chaumes de blé on envoie de l'eau pour faire un faux semis en déchaumant une fois les herbes levées.
Les cultures d'été
Plusieurs cultures d'été peuvent être pratiquées comme le sorgho ou le tournesol. Ces nouvelles familles et leur cycle estivale contribuent à contrôler les adventices. Ces cultures d'été bénéficient de l'azote apporté par l'engrais vert à base de trèfle de Perse.
Le contrôle des adventices se fait avec un binage inter-rang (2 passages).
Le sorgho a été arrosé en 2021.
La luzerne et les prairies naturelles
La culture de luzerne constitue le pivot de la rotation en apportant à la fois de l'azote aux cultures suivantes et en contribuant à contrôler les plantes adventices. Le foin de luzerne et des prés est vendu à des éleveurs. Les trois coupes annuelles sont en partie destinées aux élevages ovins d'Aveyron.
Un éleveur de moutons arrive après la dernière coupe début octobre et reste jusqu'à fin mars. Mais il ne reste que l'équivalent de 1,5 mois avec ses 1200 bêtes. Les brebis pâturent aussi dans les vignes enherbées. Cela représente environ 117 tonnes d'herbe consommées soit environ 2,4 tonnes de MS rapportées au 49 ha de surfaces en herbe.
En 2022, par manque de temps, la première coupe de luzerne n'a pas été réalisée et un troupeau de brebis est venu pâturer.
Les grenadiers
Depuis 2017, Pierre Cartier a diversifié les productions avec la plantation de 3 ha de grenadiers (3 000 arbres environ). Une culture complémentaire qu'il juge “intéressante“ à tous points de vue : “Le grenadier nécessite peu d'entretien et un arrosage réduit“.
Une partie de la récolte est vendue en frais chez un grossiste et le reste est transformé en jus et vendu au domaine.
Les grenadiers
Les vignes
La viticulture reste la principale activité du domaine. Les vignes sont exploitées dans une optique très qualitative. Le vignoble a ainsi bénéficié de plusieurs opérations de restructurations-replantations au cours des 30 dernières années, dont la dernière date de 2020.
Le vignoble est aujourd'hui composé d'une douzaine de cépages (vermentino, chardonnay, marsanne, viognier, roussanne, cabernet, caladoc, merlot, marselan...) adaptés au terroir très particulier de la Camargue, marqué par une forte salinité. À tel point que les vignes étaient immergées (20 à 25 cm) pendant 40 jours en hiver avec l'eau du Rhône, via le réseau de porteaux (canaux), pour compenser les remontées de sel au travers des veines sableuses, en particulier dans les parcelles les plus au sud.
Cette pratique de submersion a été abandonnée en 2019. Cela entrainait un retard dans les travaux hivernaux, l'impossibilité de semer des engrais verts et un phénomène d'asphyxie du sol.
Maintenant Julien met en place un engrais vert un rang sur 2 à base d'avoine, pois, moutarde vesce, féverole, radis noir. Le semis est réalisé après les vendanges. Celui-ci est broyé 3 à 4 fois jusqu'à début mai. Il contribue aussi à la vie biologique du sol. A partir de mai il est pratiqué un décavaillonnage et un buttage, puis 3 binages pour laisser le sol nu.
Sur la vigne, un arrosage est effectué par submersion fin juillet.
L'évolution apporté au vignoble s'est accompagnée du renouvellement des derniers cépages francs de pieds encore subsistants par des vignes greffées. 5 ha de plantiers vont entrer en production avec un nouveau cépage vermentino en 2022. On est passé de 29 ha vendangés en 2021 à 31 ha en 2022. Il reste 2,56 ha du cépage caladoc qui entreront en production en 2024.
Pour la récolte, Pierre Cartier a, en revanche, opté pour la mécanisation : “Outre les difficultés à recruter des personnels, une vendange manuelle n'avait pas de pertinence du point de vue de la rentabilité“.
La protection phytosanitaire est factionnée en 5 à 7 traitements à base de cuivre et de souffre. Un engrais foliaire est ajouté à 3 des traitements (2,5 litres de 6/3/10).
INTRANTS 2021
- Semences achetées: 8000€. Toutes semences sont achetées : tournesol (29€ dose/ha), riz (140€/ha), blé (200€/ha)
- Fertilisation : aucune fertilisation autre que l'engrais foliaire
- Produits phyto : aucun
- Fioul : La consommation de fioul est de 16.000 litres de fioul (soit 16 000€ ) auxquels il faut ajouter litres de travaux en entreprise (moisson, nivellement des rizières)
- Electricité : 60 000 kwh par an (0,05€/kwh en moyenne) pour le pompage dans le Rhône. Il faut ensuite ajouter l'électricité consommer pour la cave de vinification et les autres bâtiments agricoles.
- Travaux par entreprise : 400€/ha pour les vendanges, 150€/ha pour les moissons et 150€/ha pour le nivellement des rizières.
VENTES 2021
- Vente de riz: Le riz bio a été vendu en 2021 entre 720 et 780€ dont une partie est valorisée en circuits courts en sachets à un prix variant entre 6 et 7€/kg
- Vente de blé dur : le blé dur a été vendu en 2021 à 600€/t
- Vente de vin : la production a été en 2021 de 1625 hl dont une partie commercialisée en circuits courts en bouteilles et en cubi sur le domaine
- Vente jus de Grenade : une partie est vendu en frais et l'autre commercialisée en jus sur le domaine
- Vente de foin : 180€/ en 2021.
Commercialisation
La vente directe est privilégiée. Pierre et Julien Cartier se sont dotés pour cela d'un caveau de vente édifié en écoconstruction en 2017 et conçu comme une vitrine des engagements environnementaux du domaine, positionné face au chai récemment rénové de fond en comble.
Le domaine produit deux gammes de vin en IGP Pays des Bouches-du-Rhône - Terre de Camargue en bouteille et en bib. À cela s'ajoute selon les années d'autres cuvées : sans soufre, hors d'âge...
ASSOLEMENT 2021
ÉQUIPEMENT 2021
- Matériel vigne
- Matériel grandes cultures
- Matériel de fenaison (faucheuse, faneuse, endaineuse)
- 7 tracteurs d'une moyenne d'âge de 7 ans et d'une puissance comprise entre 75 CV et 150 CV
- Matériel de vinification
Bâtiments
- Une cave
- Un bâtiment de stockage
- Un magasin de vente
- Un hangar à matériel et fourrage
PERFORMANCE AGROENVIRONNEMENTALES
Cette exploitation maintient un réseau important d'infrastructures agroécologiques diversifiées : haies (17,4 km), bandes enherbées, canaux et fossés (32 km), de prairies naturelles (28 ha), d'enganes (55 ha), ripisylves (30 ha). Ces milieux permettent la présence d'odonates, d'amphibiens, de plantes palustres et d'une avifaune dépendante des zones humides.
Les haies présentes sur l'exploitation sont surtout des haies de haut-jets monospécifiques, essentiellement des peupliers, ainsi que des haies pluristratifiées (saules, chênes, orme, prunellier…). L'intérêt des premières est surtout l'effet brise vent et la production de bois. Les secondes, du fait de leur diversité de strates et d'essences ont, entre autres, un fort potentiel d'accueil de la faune.
Les haies participent aussi à l'accueil et à la circulation des mammifères terrestres comme les hérissons (consommateurs de limaces, de chenilles et vers de terre) mais aussi de mammifères volants comme les chauves-souris. Ces dernières, peuvent jouer un rôle d'auxiliaires clefs notamment par la prédation qu'elles exercent sur le vers de la grappe ou la pyrale du riz.
Parmi les espèces les plus remarquables d'oiseaux contactées, on retrouve le Guêpier d'Europe (Merops apiaster), Vanneau huppé (Vanellus vanellus), Verdier d'Europe (Chloris chloris), Cochevis huppé (Galerida cristata), Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), Hipolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), Sterne hancel (Gelochelidon nilotica), Rollier d'Europe (Coracias garrulus), Butor étoilé (Botaurus stellaris) et Œdicnème criard (Burhinus oedicnemus). Les grues cendrées fréquentent aussi les champs de riz après la moisson quand elles arrivent en hivernage en novembre.
Concernant les odonates, 7 espèces ont été observées : Anax napolitain (Anax parthenope), Libellule écarlate (Crocothemis erythraea), Agrion élégant (Ischnura elegans), Orthétrum à stylets blancs (Orthetrum albistylum), Orthétrum rétiulé (Orthetrum cancellatum), Sympétrum méridionale (Sympetrum meridionale) et Sympétrum à nervures rouges (Sympetrum fonscolombii).
Les légumineuses occupent environ 54% de la SAU développée avec les couverts (prairies longues durée, prairies temporaires et couverts) et contribuent à la fois à l'autonomie azotée au travers de la fixation symbiotique. Le bilan azoté (méthode CORPEN) est équilibré sur la base d'un pourcentage de légumineuses dans les prairies naturelles de 15%, La pression d'azote (organique et symbiotique) est de 198 kg de N par ha. Les légumineuses constituent le seul apport d'azote de l'exploitation. Il faut noter qu'une partie de cet azote fixé par les légumineuses fourragères est recyclé à même le champ via le pâturage des brebis.
Le bilan phosphore est par contre déficitaire (-55 kg/ha) de même que le bilan potassium (-140 kg/ha).
La consommation d'énergie (directe et indirecte) de l'exploitation est de 48.605 EQF (Equivalent Litre de Fioul) soit 347 EQF par ha de SAU. Les principaux postes sont le pompage pour l'irrigation (49%) le fioul (32%), la mécanisation (16%).