Le déclic
Sébastien Blache a travaillé à la Ligue de Protection des Oiseaux en tant que naturaliste et ornithologue. Son travail de sensibilisation auprès du monde agricole a déclenché chez lui une envie de montrer l'exemple. « C'est l'envie de montrer qu'il est possible de produire sur une petite ferme et de vivre de ses activités très diversifiées tout en intégrant la vie sauvage. »
Et la possibilité de reprendre la ferme de son grand-père (conduite en monoculture de maïs) lui a permis de s'installer en tant que paysan. Le challenge est là : remettre de la vie sauvage au sein de cette ferme. Il commence donc par installer de nombreuses haies afin d'accueillir oiseaux, insectes, petite faune… et de créer une mosaïque de parcelles d'environ 1 ha chacune. Cette année, en 2022, la ferme du Grand Laval met en place 15 mares, soit une mare par hectare pour les parcelles proches du siège. L'idée est de créer le plus d'habitats possible pour accueillir une biodiversité riche et variée et de créer un équilibre écologique pour produire sans intrants chimiques.
C'est autour de son troupeau de brebis que la biodiversité sur son exploitation s'installe. En effet, la recherche d'autonomie alimentaire implique une diversité et une hétérogénéité de son assolement. Tout le système de dérobés, des couverts permanents, de la présence des légumineuses pour une autonomie azotée est dépendant de la présence des brebis. De même, l'implantation des haies brise-vent pour faire de l'ombre et des mares abreuvoirs sont mis en place pour le troupeau. Sur cette ferme, l'élevage est l'atelier qui nécessite le plus de biodiversité.
En parallèle, il implante un verger en agroforesterie et intègre un troupeau de brebis pour fertiliser les sols, et faire fuir les campagnols qui ravagent ses pommiers. Ensuite, il intègre un poulailler mobile pour nettoyer les vergers, les amender et vendre des œufs. C'est aujourd'hui une exploitation en polyculture élevage, autour d'un troupeau de brebis (pilier de l'exploitation) et d'un atelier poules pondeuses développé par Elsa Gärtner, associée du GAEC (depuis 2020). Afin d'être totalement autonome pour l'alimentation du troupeau et des poules, une quinzaine d'espèces différentes sont cultivées sur la ferme : tournesol, colza, caméline, légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots blancs et rouges), avec un verger mené en agroforesterie. Tout est commercialisé en vente directe (magasins de producteurs et sur la ferme). En association avec leur espace de production et le cheptel de brebis, de nombreuses infrastructures agroécologiques sont mises en place pour accueillir oiseaux, insectes, petite faune… Paysan naturaliste, Sébastien Blache est animé par un objectif fort : intégrer la vie sauvage dans son espace agricole.