Aujourd’hui, en France

Si les premières approches scientifiques de biocontrôle datent du XIXème siècle, elles ont été délaissées au profit des produits phytosanitaires conventionnels qui avaient des résultats plus efficaces et moins aléatoires. Néanmoins, face à l’impact des pesticides sur l’environnement et la santé humaine et l’interdiction de certaines molécules, les techniques de biocontrôle sont actuellement en plein développement. Le biocontrôle a été reconnu officiellement en 2014 par la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt. En 2022, les produits de biocontrôle représentent 10% du marché de protection des plantes (IBMA France). Selon la BNVD (ventes au code commune Insee des distributeurs, extraites le 17 mai 2022), en 2021 on recense 67 999 substances actives dont 24 896 sont des substances actives utilisables en biocontrôle (36%).

On considère que la part du biocontrôle se situe entre 3 et 5 % des IFT totaux au niveau national. Si l’on prend les traitements effectués, les cultures où les produits de biocontrôle sont le plus utilisés sont la vigne et l’arboriculture (notamment sur les pommes). Les IFT de biocontrôle par culture représentent 51% des IFT pour les vignes en AB contre 14% pour les non AB et 51% pour les pommes en AB contre 16% pour les non AB. Ces chiffres démontrent que les produits de biocontrôle sont utilisés même dans les exploitations en production conventionnelle et que par conséquent ils ont convaincu de leur efficacité.

Si on prend la proportion des cultures agricoles qui utilisent des méthodes de biocontrôle, on retrouve un pourcentage de surfaces traitées correspondant à la colonne du tableau « part du biocontrôle pour les cultures recevant du biocontrôle ». Pour la vigne en AB par exemple, 51% des IFT sont réalisés avec des produits de biocontrôle, soit 1 096 161 ha ayant reçu une dose, ce qui représente 47,6% des surfaces totales traitées (en cumulé : surface*IFT). Ainsi en terme de surfaces traitées avec des produits de biocontrôle (au lieu de pesticides chimiques) :

  • la vigne (AB et non AB) représente 1 690 142 ha (surface * IFT de biocontrôle) ;
  • la pomme : 263 020 ha ;
  • le colza : 130 975 ha ;
  • la pomme de terre : 128 567 ha.

SSP – Agreste – Enquête sur les pratiques culturales (en grandes cultures 2021- en arboriculture et en légumes 2018 – en viticulture 2019)

La carte Adonis répertorie les IFT moyens par commune sur le territoire français. Sur la carte de gauche, la coloration rouge correspond aux zones où l’utilisation des pesticides est la plus intensive. On peut remarquer qu’il s’agit majoritairement des zones autour de Bordeaux, du bassin méditérannéen et des plaines du Nord de la France. Ces zones géographiques correspondent aux régions viticoles, arboricoles et de cultures industrielles (pommes de terre, betterave..). Avec toutefois une belle marge de progression, il s’agit aussi des cultures les plus sujettes à l’utilisation des méthodes de biocontrôle (cf. tableau précédent). L’amplification des méthodes de biocontrôle dans ces régions apparaît donc comme un véritable levier de réduction des IFT.

Sur la carte de droite, on observe grâce au gradient de couleur bleu la part des produits de biocontrôle en IFT par commune. Les régions où le biocontrôle est le plus utilisé sont celles autour de Bordeaux et du bassin méditerranéen. Cela illustre le tableau précédent où la viticulture et l’arboriculture sont les cultures les plus soumises aux traitements de biocontrôle.

 

Conclusion

Pour un développement global et fonctionnel des méthodes de biocontrôle, il faut adopter une approche pluridisciplinaire et reconceptualiser les systèmes de cultures. En effet, le biocontrôle ne se substitue pas simplement à la lutte chimique. Il constitut plutôt un des piliers de la transition agroécologique et de l’émancipation des produits de synthèse. Les solutions de biocontrôle doivent être combinées aux autres leviers de la protection intégrée : résistance variétale (mildiou, oïdium, tavelure), biostimulants, matériel de pulvérisation ciblée, méthode de prophylaxie, surveillance des parcelles et utilisation d’outils d’aide à la décision… L’homogénéité des parcelles et la réduction des interfaces avec les réservoirs de biodiversité, accentuent la présence des bioagresseurs. Il faut donc également repenser la construction des paysages agricoles à l’échelle des territoires afin de favoriser les régulations biologiques par conservation des habitats naturels.