Le projet Ecophyto’TER, mené dans le cadre du plan Ecophyto 2+, a rassemblé 31 établissements d’enseignement agricole repartis en 5 collectifs de travail, de 2020 à 2023, pour continuer l’engagement des lycées agricoles dans la réduction de l’usage des produits pharmaceutiques (PPP).

Ce projet vise, à partir d’établissements pilotes, à :

• Démontrer la faisabilité locale de reconception du système de production en visant la diminution d’au moins 50% de l’utilisation des produits phyto. 

• Construire des situations d’apprentissage visant à développer chez les apprenants les savoirs et raisonnements répondant aux enjeux de la transition agroécologique, ;

• Renforcer les liens entre l’équipe enseignante, les exploitations agricoles des lycées et les acteurs du territoire.

Financé par l’OFB et commandité par la DGER, Écophyto’TER a été piloté par le département Agricultures et Transitions du Centre d’enseignement zootechnique (CEZ) de la Bergerie nationale de Rambouillet.

Le projet envisage la notion de reconception des systèmes de production comme l’adoption de pratiques visant la diminution d’au moins 50% de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques (par rapport à l’IFT de référence régionale de la filière de production la plus récente) et le zéro glyphosate sur chacune des exploitations des établissements impliqués dans le projet. En sus de cet objectif quantitatif, l’approche donne une place centrale au collectif en impliquant un ensemble diversifié d’acteurs, englobant professionnels et grand public, tant dans la mise en œuvre que dans le pilotage du projet puis dans la diffusion territoriale des résultats.

Le co-conception des systèmes de cultures et la co-création de connaissances sont donc au cœur des 5 groupes de travail, qui ont fait travailler conjointement apprenants et enseignants, agriculteurs et lycées agricoles, ou différents établissements agricoles entre eux pour proposer des solutions de transformation des systèmes de culture en place. Les principaux leviers mis en œuvre visent des choix techniques à l’échelle des parcelles (désherbage, choix variétal, couverts végétaux, réduction du travail du sol, usage de produits de biocontrôle, etc.) mais certains aménagements ont l’objectif d’intégrer des écosystèmes spécifiques : restauration de zones humides (Lycée du Valentin), aménagements paysagers pour gérer les adventices (exploitation horticole de Dardilly).

Si les résultats du projet montrent sur l’ensemble des systèmes de cultures une diminution progressive de l’IFT total de 38 %, de fortes disparités s’observent entre les types de cultures. La baisse d’IFT est principalement liée à la diminution de l’IFT insecticides et de l’IFT fongicides (notamment en viticulture), mais la diminution de l’IFT herbicides est plus mesurée voire en légère augmentation dans certaines exploitations en grandes cultures, avec des adventices devenus résistantes à certaines molécules et plus difficile à maîtriser.

Concernant plus spécifiquement le glyphosate, 14 des 24 exploitations engagées en début de projet dans Écophyto’TER avaient déjà atteint l’objectif de sortie ; à la fin du projet, seules quatre exploitations utilisent encore du glyphosate, sur une proportion faible de leur SAU (entre 10 à 30%).

Au-delà des approches purement techniques, un des intérêts majeurs de ce projet réside dans la place centrale données aux apprenants, activement placés au sein du processus de conception de la trajectoire de transition agroécologique : l’enseignement agricole passe dans ce cadre d’une pédagogie de la réponse (unique) à une pédagogie de la question, dans laquelle l’apprenant peut construire ses savoirs et ouvrir son champ d’appréhension de solutions complexes.

Le partage collectif avec des professionnels impliqués sur le même type d’exploitations et des acteurs du territoire permet de confronter les solutions de substitution ou de reconception expérimentées aux problématiques du territoire, de prendre du recul sur le système d’exploitation et de construire des relations de confiance.

Ce projet identifie également l’importance de replacer la question de la durabilité au cœur des apprentissages et de repenser l’enseignement des pratiques alternatives au PPP au-delà de « leviers possibles » de réduction.

Une synthèse des résultats du projet Ecophyto’TER permet d’accéder aux détails et principaux résultats des travaux menés par les 5 groupes d’établissements agricoles. 

Au-delà de ces résultats, les dynamiques de chaque groupe ont permis d’aboutir à un ensemble de ressources, réunies sur un site internet dédié et permettant d’outiller et d’appuyer l’enseignement agricole dans la reconception collective des systèmes de production de leurs exploitations agricoles. Sont ainsi disponibles différents supports pour :

• Restituer chacun des projets menés dans les exploitations des lycées agricoles avec les apprenants sur le co-conception des systèmes de culture,
• Apporter des clés méthodologiques et inspirer les équipes enseignantes à travers des témoignages d’expériences pédagogiques originales (outils de diagnostic, kits de suivi de cultures ou d’adventices, jeux sérieux, regards croisés, retour d’expériences, webinaires, etc.),
• Mettre en avant les initiatives de reconception des systèmes de culture et leurs résultats concrets sur les exploitations