De quoi parle-t-on ?

Introduction

En France :

  • 41% des veaux mâles allaitants sont exportés pour produire des jeunes bovins (Italie notamment)
  • 40% des veaux mâles restent pour l’engraissement. Cette proportion, plus faible dans le Massif Central, est justifié par un manque de surfaces cultivées en céréales pour la production de concentrés.

L’engraissement à l’auge avec une ration à base de céréales correspond en effet au système de production dominant. Or que ce soit pour la culture des céréales ou directement pour l’achat des concentrés, c’est un système intensif en intrants fortement soumis à la volatilité des prix. Entre les aléas climatiques et les tensions s’exerçant déjà sur un certain nombre de ressources (notamment énergétiques), la conjoncture actuelle est plutôt favorable à une augmentation pérenne du cours des matières premières. La crise en Ukraine à compter de février 2022 a également contribué à une hausse globale des intrants de l’agriculture. Plus spécifiquement sur les aliments du bétail, après une augmentation forte en 2022 et 2023 (+ 40 points de l’indice IPAMPA sur une base 2020 des aliments pour bovins à l’engrais), le prix des aliments a entamé une baisse entre 2023 et 2024 (- 13,2 % en mars 2024) (Source : Coûts de production. Prix des intrants en mars 2024 - AGRESTE), mais restent globalement élevés. Les éleveurs engraisseurs sont ainsi confronté à des réductions de marge de plus en plus fortes. Cela est particulièrement perceptible pour les éleveurs bio dont le prix des concentrés peut doubler par rapport au concentrés conventionnels (FRAB Midi-Pyrénées, GAB65).

Une meilleure valorisation de la ressource en herbe, disponible en quantité dans certaines régions de France, apparait donc comme une solution.

L’engraissement à l’herbe présente plusieurs avantages, dont un des principaux est d’augmenter l’autonomie alimentaire et donc la résilience des fermes, tout en captant une plus grande part de la valeur ajoutée. Plus en aval des filières de production, la viande issue d’animaux engraissés à l’herbe semble présenter des avantages « santé » notable, avec une viande plus tendre, plus maigre et disposant d’une concentration plus importante en oméga 3 totaux (+90 %) selon une étude comparative sur jeunes bovins engraissés avec 60 % d’ensilage herbe contre une ration comportant 72 % d’ensilage maïs (Chambres d’agriculture France, 2015).

 

Définition

La notion d’engraissement à l’herbe regroupe plusieurs systèmes de production pouvant être très éloignés en termes de gestion de l’herbe. La notion d’« herbe »  recouvre elle-même une diversité d’aliments : pâturage des prairies, foin, ensilage ou enrubannage.  On peut néanmoins distinguer deux grands systèmes d’engraissement à l’herbe. Un système extensif caractéristique des milieux de montagne avec d’importantes surfaces de prairies naturelles pâturées et un système intensif sur prairies temporaires plus caractéristique des plaines. Ce dernier va nécessiter plus de travail et de surveillance mais va optimiser la production et l’assimilation de la ressource en herbe.

Système extensif Système intensif
Alimentation à volonté sur la parcelle Pâturage tournant pour maximiser le rendement de la prairie
Prairies naturelles à la flore variée Prairies temporaires avec un bon équilibre graminées/légumineuses
Chargement faible (60 à 100 ares/UGB) Chargement de 30 ares/UGB avec surface totale divisée en paddock
Sortir les animaux avant broutage des refus Gestion fine du pâturage : hauteur de l'herbe comprise entre 20cm et 5cm
Races rustiques (Aubrac, Salers, Gasconne...) ou rameaux rustiques des races modernes (Blonde d'Aquitaine, Limousine...) Adapté même aux raes dîtes "modernes" comme la Charolaise
Production de boeufs ou de doublons (animaux de deux ans) Boeus, doublons, génisses ou vaches de réforme
Engraissement des animaux de réforme parfois terminé à l'auge GMQ et durée quasiment identique à ceux de l'engraissement à l'auge

 

Il y a trois paramètres essentiels dans l’engraissement à l’herbe :

  • La pluviométrie ou l’irrigation : un climat humide permettra une repousse régulière et généreuse de l’herbe (le climat océanique est plus propice que le climat continental ou méditerranéen).
  • La flore implantée : une association équilibrée entre légumineuses et graminées apporte une alimentation complète ;
  • La technique de pâturage : doit être adaptée au potentiel fourrager de l’exploitation dépendant du contexte pédoclimatique (qualité des sols, climat). C’est en fonction de ce potentiel fourrager que l’éleveur doit déterminer la race de ses animaux, le chargement et le type d’animaux produits (doublons, réformes…).

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