Généralités et principes
Les mésanges
Les mésanges voient leur habitat se réduire et ont donc moins de possibilités pour trouver des sites de nidification. En effet de trop grands espaces dégagés favorisent la prédation, sont pauvres en site de nidification, en insectes facilement accessibles et sont moins abrités. Les densités d'oiseaux les plus élevées coïncident avec des milieux hétérogènes où les éléments paysagers présentent des bons niveaux d'interconnexion. Delphine Vinet, du Domaine viticole Emile Grelier, ayant installé des nichoirs pour les mésanges et autres oiseaux nous a confié : « ce n'est pas la peine d'installer des nichoirs sans couverts végétaux car lorsque les oiseaux vont se poser sur le sol ils ne seront pas abrités et il n'y aura pas une diversité d'insectes assez importante pour les nourrir ».
Les vergers semblent constituer, dans de bonnes conditions, pour les oiseaux insectivores, un habitat aussi favorable que les milieux naturels non perturbés si la pression insecticide est allégée.
En ce qui concerne leur régime alimentaire, les larves diapausantes du carpocapse des pommes localisées sous les écorces sont leur proie principale et sont recherchées activement, surtout en automne-hiver, période où les chenilles sont rares (RICARD et al, 2012).
Les trois motivations pour poser des nichoirs sont :
- Favoriser l'installation d'espèces d'oiseaux auxiliaires en verger
- Avoir une indication de la qualité sanitaire des vergers grâce à l'identification des espèces colonisatrices, puis en mesurant leur abondance et leur reproduction. Les résultats permettent une comparaison avec des données obtenues en milieu naturel et renseignant sur la qualité trophique des vergers.
- Favorise la biodiversité en permettant à des espèces d'oiseaux cavicoles de s'établir.
RICARD et al, 2012
En verger, il existe 2 espèces particulièrement adaptées : la mésange bleue et la mésange charbonnière. Un couple de mésange avec ses petits peut manger jusqu'à 18 000 insectes par ponte. De plus, les couples de mésange sont sédentaires et les jeunes nichent à proximité de leur lieu de naissance. Il est estimé que pour 1 ha de vergers, 5 à 8 couples peuvent s'installer (IFCP, 2015).
Cependant, le mode de protection des vergers joue sur l'installation et la reproduction des mésanges. En effet, il a été observé par SAUPHANOR et al. (2009) que la mésange bleue ne s'installe que dans les vergers en agriculture biologique. La mésange charbonnière, elle, s'installe autant dans les vergers en conventionnel que les vergers en agriculture biologique mais le nombre de jeunes mésanges produites passe de 17 par ha pour un verger en AB à 9 par ha pour un verger en conventionnel.
Les chauves-souris
Ce mammifère de la famille des chiroptères se révèle être très utile dans les cultures, notamment la vigne, car il s'agit d'un prédateur avéré du ver de la grappe, papillon ravageur de la vigne (eudémis et cochylis). Ce ver provoque des blessures et des pertes de grains de raisin, ce sont les chenilles de la deuxième génération qui perforent ces grains.
Une étude a été menée en Gironde par la LPO Aquitaine, Eliomys et l'INRA sur 23 parcelles de vignes. Cette étude montre que les chauves-souris augmentent leur activité de chasse en présence des ravageurs. 19 des 22 espèces connues de chauves-souris on été détectées en Gironde. Celles-ci sont plus actives dans les vignobles que ce que l'on pensait même si leur activité dans les vignobles est moins importante que celle dans des habitats plus naturels tels que les haies (AFP, 2018). Si l'on veut que les chauves-souris chassent ces ravageurs, il faut qu'elles puissent trouver un gîte à proximité.
Ce mammifère peut vivre entre 15 et 30 ans. Il existe différentes espèces dont la cohabitation est possible car elles ne chassent pas toutes les mêmes insectes au même moment. Deux espèces différentes peuvent donc habiter le même gîte sans se concurrencer. Le mode de chasse des chauves-souris est surtout basé sur le couple émission-réception de hautes fréquences inaudibles pour l'Homme. Une pipistrelle commune peut consommer plus de 3 000 insectes par nuit (diptères chironomides) (JAY, 2000). La plupart des espèces sont opportunistes et n'hésitent pas à chasser des proies ponctuellement abondantes (JAY et al, 2012).
Les chauves-souris consomment également des adultes carpocapses tout au long de l'année. D'après les suivis réalisés par le Ctifl, au moins 2 espèces communes consomment du carpocapse et de la tordeuse orientale : la pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus khulii) et la pipistrelle pygmée (Pipistrellus pygmaeus) (RICARD et al, 2012). JAY et al ont effectué une étude en 2012 attestant de la prédation d'adultes de carpocapse et de tordeuse orientale.
La chouette effraie
La chouette effraie, rapace à l'origine cavicole devenue anthropophile, voie ses effectifs reculer en raison de la raréfaction des sites de nidification. En effet, l'engrillagement des clochers, qui sont l'un des principaux sites utilisés pour la nidification, est un facteur de cette raréfaction.
L'Effraie est une espèce assez généraliste qui capture ses proies en fonction de leur abondance. Elle se nourrit majoritairement de campagnol des champs, ravageur important des prairies. Lors des pullulations, le campagnol terrestre peut entrainer une perte importante d'herbe (jusqu'à 50%) mais aussi une baisse de sa qualité avec la présence de terre. La consommation annuelle d'un couple de chouette effraie est de 4 000 proies. Le régime alimentaire de l'effraie est bien connu grâce à l'analyse des pelotes de déjection. Ainsi, le campagnol des champs représentait entre 46 % et 63 % des proies dans les Vosges et le plateau lorrain (6 500 proies analysées). Le reste étant constitué de musaraignes et de mulots. Une autre étude a montré que 76.250 proies de mammifères analysées, 38.919 étaient des campagnols. Un adulte mange environ 100g/j soit 4 à 5 campagnols.
Cette chouette affectionne les espaces dégagés : bocage, prairies, bande herbeuses le long des champs et haies, vergers, cultures, friches. Elle niche principalement dans les constructions en pierre, granges, vieux greniers et clochers d'église. Les clochers sont en effet des lieux tranquilles et sûrs.
Le nombre moyen de jeunes à l'envol est de 4,4 par nichée. Les années de pullulation de rongeurs, les effraies élèvent souvent une seconde nichée au courant de l'été, permettant de doubler le nombre de jeunes à l'envol. A noter qu'un campagnol des champs peut faire 4 à 5 portées par an de 5 à 6 petits.