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PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Les grands parents de Martine s'installent sur la ferme de la chuplinais en 1926. Ils y produisent du cidre, des œufs de poules, des volailles et des fagots qu'ils commercialisent en direct dans un quartier de Rennes. Lorsqu'ils reprennent la ferme, les parents de Martine développent une production de viande et de lait de vaches selon un mode très intensif, nécessitant beaucoup d'intrants. L'activité devient de moins en moins rémunératrice. Si bien, qu'à la mort du père de Martine quand Michel rejoint l'exploitation, la situation économique est très mauvaise. Michel s'efforce alors d'extensifier la production et de développer la vente directe. Les productions d'œufs de poules et de volailles sont privilégiées à la production bovine qui décroit. En 2019, en pleine pandémie, Michel est débordé par les livraisons qu'il doit faire en plus des marchés habituels, Martine qui travaille alors au contrôle laitier, l'aide à commercialiser sa production. C'est le déclic ! La demande pour des produits bio se fait sentir, particulièrement pour les œufs. Martine quitte son travail et s'implique à plein temps dans la ferme. L'atelier poules pondeuses entre en conversion moins d'un an plus tard et l'atelier poulet de chair l'année d'après. L'impression n'est pas démentie, 55 points de dépôt sont développés : cantines, restaurants, pâtissiers, épiceries et autres magasins de proximité… De 300 poules en 2011 l'atelier des pondeuses passe à 1600 poules en 2023. Le cheptel de génisses à viande est maintenu à 60 têtes et celui des poulets de chair à 1000 têtes.
La surface agricole utile de la ferme de la chuplinais est de 66ha dont 55ha autour des bâtiments, 2ha à 1,5km et 8ha à 35km. Les parcelles éloignées sont cultivées en prairies. Excepté une partie des prairies qui sont en zone inondable, les parcelles sont globalement homogènes et plates avec un sol limono-sableux profond et fertile (alluvions du bassin rennais). Le siège de l'exploitation est situé dans Rennes métropole, à 15 minutes du centre-ville. Cette situation géographique à une grande influence sur les décisions prises sur la ferme. D'une part sur la stratégie de commercialisation et d'autres part sur le fonctionnement avec la minimisation des nuisances que pourrait provoquer l'activité agricole (boue sur la route, odeur, circulation des tracteurs, divagation des vaches). Une départementale très passante (15000 voitures par jour) borde une partie des champs de Michel et Martine.
Productions végétales
Sur 66ha de surface agricole utile, 30ha sont cultivés en prairies et 36ha en grandes cultures dont les principales sont : le blé tendre, l'orge, le maïs, le colza et le sarrasin. Excepté les surfaces maraichères, aucune parcelle n'est irriguée. Le maraichage se limite à la production de pommes de terre, d'échalottes et d'oignons sur 6000m2 environ. Si les prairies sont labellisées bio ou en conversion, les cultures sont encore produites en conventionnelle. Convertir la totalité de l'exploitation en bio est en projet mais Michel préfère y aller progressivement et s'améliorer encore techniquement pour se passer complètement de produits phytosanitaires. La culture du sarrasin constitue un outil agronomique pour y arriver.
En 2023, 6ha de sarrasin ont été semés. C'est la deuxième année que Michel en cultive. Le sarrasin est une culture contractualisée avec la SCIC Terres de Sources. L'année prochaine, l'orge d'hiver sera également cultivée afin de compléter la rotation. L'orge hybride possède un fort pouvoir couvrant et une bonne résistance aux maladies. En général, seul un fongicide est employé sur la culture. Un retour du blé trop rapide dans la rotation implique des problèmes d'enherbement des parcelles, la multiplication du déchaumage et des herbicides avant levé (très polluant). Le chanvre est également une culture envisagée si filière se développe dans la région.
Deux types de couvert végétal sont implantés :
- la moutarde noire entre deux méteils pour la parcelle en agriculture biologique. Elle permet d'empêcher l'érosion, de piéger l'azote du sol et se détruit facilement. De plus, elle a un pouvoir allelopathique sur le topin ;
- le mélange « bélicouv » qui fournit une belle couverture après le blé et dont la floraison à l'automne est très esthétique. Sa destruction est très facile. Un semis direct peut être effectué après l'épandage.
Rotation théorique
Michel et Martine ne respectent pas une rotation de cultures clairement établie. Cependant ils suivent certaines règles :
- le colza suit une culture de blé ou d'orge ;
- le colza ne revient pas sur une même parcelle avant 5 ans ;
- si les conditions d'implantation du colza ne sont pas idéal alors abandon de la culture ;
- le blé suit une culture de maïs, sorgho ou sarrasin ;
- le blé ne revient pas sur une même parcelle avant 3 ans ;
- le sarrasin ne suit jamais un chaulage.
Fertilisation
Environ 24ha sont amendés avec du digestat de méthaniseur. Ainsi 30m3/ha de digestat sont apportés sur les prairies portantes, le colza et les cultures de céréales. Le fumier de volaille est épandu sur les prairies de fauche, soit 12ha à 3,5t/ha (notamment sur les parcelles excentrées). Le fumier n'est jamais valorisé sur les céréales pour éviter les problèmes d'excédent d'azote. Les engrais chimiques sont utilisés uniquement sur le colza et le blé. Un apport d'ammonitrate au moment du gonflement du blé permet une augmentation des taux de protéines.
Travail du sol
Un travail conséquent de la Cuma a été réalisé pour supprimer le labour. Ce dernier reste cependant nécessaire entre deux céréales qui se suivent (risque de fusariose). De plus, la charte du sarrasin impose la réalisation d'un labour, suivi d'un faux semis.
Valorisation des cultures
Le sarrasin est contractualisé avec la SCIC Terres de Sources. Il est destiné à être transformé en farine et commercialisé localement. Le colza est vendu auprès de l'Établissement Demeuré (privé). Une partie du blé est vendue à une biscuiterie et une autre partie est destinée l'alimentation animale chez des élevages voisins. Le maïs est soit récolté en grains ou ensilé pour alimenter les bovins de l'exploitation, soit vendu à l'unité de méthanisation voisine. Les surplus de culture ou le sorgho fourrager en dérobée sont également vendus pour la méthanisation. Les pailles sont récoltées sur 5 ha et utilisées pour les bovins, le reste est broyé à la récolte. Les produits maraichers sont vendus sur les marchés de plein vent et dans les distributeurs automatiques.
Productions animales
Poules pondeuses
Le cheptel de poules pondeuses a connu une très forte croissance ces dernières années puisque fin 2023, le cheptel comptera 1600 poules pondeuses contre seulement 300 poules en 2011, année de démarrage de l'atelier. Avec 1600 poules, la capacité maximale des bâtiments d'élevage sera atteinte, la production va se stabiliser. La production annuelle est actuellement de 434 000 œufs (taux de ponte = 85%). L'atelier de poules pondeuses est labellisé en AB depuis 2021. Le cheptel est composé de deux races : ISA brown et Lohmann Brown, mais cette dernière race est peu adaptée au plein air (stress), elle ne sera donc pas conservée.
Les poules pondeuses sont divisées en deux lots dans un bâtiment de 700m2 initialement conçu pour la stabulation des vaches. Il y a 1 lots de 900 poules et 1 lot de 700 poules. Les poules sont réformées au bout de 14 mois.
La ration des poules pondeuses étant trop complexe à équilibrer, l'aliment est acheté à 100%, ce qui représente 45t de farine par an. L'aliment est acheté en Vendée à l'établissement Mercier. Il est garanti sans OGM.
Poulets de chair
Le cheptel se compose de 1000 poulets de chair de race « cou nu rouge à croissance lente ». La production annuelle est de 3500 poulets. L'atelier poulet de chair est labellisé AB depuis le 1er janvier 2022.
Le cheptel est divisé en 5 lots de 200 poulets, de différentes classes d'âge. Les lots sont répartis dans 5 bâtiments de 30m2. Les poulets de chair sont achetés à l'âge de 4 semaines et abattus entre 13 et 16 semaines. Avec un vide sanitaire compris entre 10 jours et 15 jours, Martine et Michel se font livrer 200 poulets toutes les 4 semaines (1 lot), excepté une fois sur quatre où ils reçoivent 400 poulets (2 lots). Les jeunes poulets restent enfermés 4 semaines avant de pouvoir sortir, ce qui assure une période de 6 semaines pour la régénération du parcours (repousse de l'herbe).
L'alimentation change trois fois au cours du développement des poulets :
- entre 4 et 8 semaines l'aliment est entièrement acheté ;
- entre 8 et 12 semaines l'alimentation se compose de 50% de méteil grain AB produit sur l'exploitation et de 50% d'aliment acheté ;
- à plus de 12 semaines les poulets sont nourris à 100% avec le méteil de la ferme.
Au final, la ferme de la chuplinais atteint 50% d'autonomie alimentaire sur l'atelier poulet de chair. 18 tonnes de granulés sont achetées chaque année pour l'alimentation des poulets (3 tonnes de mélange complet tous les deux mois).
Bovins viande
L'élevage bovin est composé de 60 génisses de races croisées limousin. Ces génisses sont achetées à l'âge de 3 mois (environ 80kg) et vendu à l'âge de 3 ans (320kg poids carcasse). Elles sont réparties en trois classes d'âge, soit 20 génisses par année. Les veaux étaient jusqu'à maintenant achetés chez un éleveur voisin mais afin de respecter le cahier des charges AB en matière de sevrage, Martine et Michel devront changer de fournisseur à l'avenir.
Les génisses pâturent 7 à 8 mois par an (d'avril à novembre) sur les 16 ha de prairies inondables. En été, elles sont nourries au pâturage, au maïs grains et à l'herbe (foin, enrubanné ou ensilage) récolté sur les prairies lointaines du corps de ferme (10ha). En hiver leur ration est composée d'ensilage d'herbe, de méteil ensilage et de maïs grains. 100% de leur alimentation est produit sur l'exploitation.
Environ 9 génisses par an sont abattues pour la vente directe. Le restant des génisses de plus de 3 ans (environ 11 génisses) sont commercialisées dans les circuits traditionnels.
Gestion des effluents d'élevage
Le fumier et le lisier des bovins partent à l'unité de méthanisation voisine. C'est la CUMA associée à cette dernière qui vient récupérer les effluents sur l'exploitation et qui épand ensuite gratuitement le digestat sur les parcelles. Seule une participation au carburant est demandée. Globalement, Martine et Michel récupèrent plus de digestats qu'ils ne donnent de matière première. Le fumier de volaille est épandu sur les prairies de fauche, soit 12ha à 3,5t/ha.
Valorisation des produits d'élevage
La commercialisation en vente directe des productions animales est un point fort de la ferme de la chuplinais. Elle se caractérise par une grande diversification des produits (transformés ou non) et des canaux. Si cela est chronophage, la stratégie est performante puisqu'aucune perte liée à la commercialisation n'est à déplorer. Martine et Michel livrent ainsi auprès de 3 ruches qui dit oui, 5 AMAP, 1 distributeur automatique (bientôt 2), 2 marchés de plein-vent (vendredi après-midi et samedi matin), 1 réseau d'épiceries, un maraicher en système de dépôt vente et des guinguettes en été. Les commandes, même de petits volumes, sont acceptées si la livraison peut s'intégrer à l'organisation logistique existante. Au total la commercialisation prend 3 jours par semaine.
La gamme de produit en conserve est réalisée par un traiteur spécialisé qui ne travaille que pour les agriculteurs. La transformation ne permet pas forcément de dégager plus de marge, elle permet surtout d'augmenter la conservation des produits et de diversifier les débouchés, notamment les épiceries fines et les distributeurs automatiques.
Martine et Michel parviennent à répondre à toutes les demandes (produire plus, ne permettrait pas forcément de vendre plus sur les circuits actuels). Toutefois, ils ne sont pas aptes à satisfaire les gros volumes de la restauration, cuisses de poulet par exemple, car ils ne sauraient pas comment valoriser le reste.
Organisation du travail
Pour le moment Michel est seul associé de l'EARL et Martine est salarié de l'exploitation. Elle devrait cependant devenir associée dès la fin d'année 2023. La charge de travail est perçue comme importante (et variable en fonction de la météo) et sa réduction constitue un des objectifs à moyen terme. D'importantes évolutions sont en cours à la ferme, une fois la transition terminée et les pratiques stabilisées Michel espère atteindre cet objectif.
Un certain nombre de travaux sont délégués à des entreprises extérieures. Les traitements phytosanitaires, les épandages et les récoltes sont effectués par la CUMA. L'abattage à lieu à l'extérieur et un boucher vient sur la ferme pour découper la viande. Un traiteur spécialisé cuisine la gamme de produits en conserve et les confitures sont réalisées par un ESAT.
INTRANTS 2022
- Semences achetées : 8186 €
- Fertilisation : 2669€
- Produits phyto : 3401 €
- Produits vétérinaires : 427 €
- Achats de concentrés : 46 731 €
- Fioul : 5347 € (4500l)
- Électricité : 5623 € (21000 kWh)
VENTES 2022
- Aides : 13 407 €
- Ventes produits végétaux : 57 387 €
- Ventes œufs : 80 365 €
- Ventes poulets et bœufs : 102 434 €
- Ventes produits transformés : 22 150 €
ASSOLEMENT 2022
ÉQUIPEMENT 2022
BÂTIMENTS
- Stabulation génisses de 300 m2 construit il y a plus de 20 ans
- Poulailler (poules pondeuses) de 700 m2 construit en 2011 rénové en 2022
- Poulailler (autres volailles) de 30 m2 x 5 construits de 2011 à 2018
- Laboratoire de découpage de 36m2 construit en 2015
- Chambre froide de 15m3 construite en 2012
- Stockage foin / paille sur 600 m2 construit il y a 40 ans et 2023 (450m2)
MATÉRIEL
En propriété :
- 2 tracteurs (110cv et 100 cv)
- Charrue
- Combiné de semis céréales
- Cultivateur
En location ou CUMA :
- Semoirs mais
- Déchaumeurs
- Épandeur a fumier
- Arracheuse a patates
- Faucheuse
- Broyeur de refus
- Remorques
- Tracteurs
- Andaineuse aux copains
Entreprises extérieures :
- Enrubannage
- Ensilage herbe et méteils
- Battage du blé, méteils…
- Traitements
- Binage
Infrastructures agroécologiques
1400m de haies ont été plantés l'année dernière dans le cadre du programme Breizh bocage. La plantation et l'entretien pendant trois ans sont financés par la région. L'exploitation est aussi constituée d'anciens bocages composés majoritairement de chênes. Pour apporter protection et ombrage aux volailles sur leurs parcours, 900 arbres ont été plantés en 2022 sur environ 1ha de parcours : 10% de fruitiers (pommiers, pruniers, pêchers, abricotiers) et le reste principalement composé de chênes et d'aulnes.