Mon système

Le grand père pratiquait le système classique sur plateau de Valensole : une rotation principalement à base de blé dur et de lavandin sur 75 ha. Les parents ont développé l’agrotourisme en installant un camping à la ferme en 1980 puis un gîte. Les 50 ha des parents ont été partagés entre les deux frères. Yann s’est donc installé sur 25 ha puis la ferme s’est progressivement agrandit et aujourd’hui occupe 45 ha. Claire a repris le camping. En 2020, le système s’est diversifié avec les plantes aromatiques pour ne pas dépendre que du lavandin. Le maintien de céréales à paille et de sainfoin permet de maintenir une rotation sur les parcelles et aussi d’apporter de l’azote (sainfoin). L’introduction de l’arbre (haies autour de certaines parcelles, haies fruitières, amandiers en agroforesterie, oliviers) vient aussi complexifier et diversifier le système et contribuer à son équilibre.

Assolement 2020

rotation

La rotation est sainfoin (3 ans) – blé dur ou petit épeautre – plantations de plantes aromatiques (5 à 10 ans selon les plantes).

• Plantes aromatiques :  34 ha dont 20 ha en lavandin
• Blé dur : 0,6 ha – Rdt 20 qx (prix de vente 500€/t) 
• Petit épeautre : 2,5 ha. Rdt 20 qx non décortiqué (prix de vente 850€/t non décortiqué). Vendu à un paysan-boulanger et utilisé aussi pour la production de pâtes
• Sainfoin : 7 ha autoconsommés par les brebis

Concernant le sainfoin Yann pratique normalement 2 coupes avec un rendement de 5-6 t. Mais aussi le sainfoin peut aussi être broyé avant d’implanter un blé. Yann récolte aussi en seconde coupe la graine qui est vendu 1,5 €/kg. Le foin est donné aux brebis.  Le sainfoin peut être aussi déprimé au printemps par les brebis.

L’itinéraire technique

Les inter-rangs sont toujours couverts soit avec une couverture spontanée (essentiellement roquette blanche, vesce) mais plutôt à bas de sainfoin. Le sainfoin est implanté en sursemis en septembre ou au printemps avec un semoir Nodet à disque de 3 m ou un petit vibroculteur, selon la densité de végétation. Des essais ont été fait à base de seigle/vesce, de trèfles ou d’ers). D’autres plantes ont été testées chez d’autres agriculteur : phacélie , moutarde.

cheptel 2019

50 brebis mères de races rustiques : bizet mourérous et mérinos

INTRANTS 2019

• Achat de plants : 5000€ (le lavandin est autoproduit)
• Fioul : 3000 litres + entreprise et en CUMA récolte du thym et moisson (175 litres)
• Irrigation : aucune
• Fertilisation : En 2019, Yann a fait une impasse sur la fertilisation. Le seul apport d’azote est venu de la fixation symbiotique du sainfoin. En 2020, Yann a apporté un engrais organique à base de farine de viande et de poisson (9-5-0 à raison de 300 à 400 kg/ha selon les parcelles). Il est important d’apporter un engrais complet sur les immortelles sinon il y a risque de chlorose. Cela correspond à environ 40 unités de potasse et d’azote sur le lavandin. Rien n’est apporté sur les céréales et le sainfoin.

ÉQUIPEMENT 2019

Récolteuses : la récolte de lavandin s’effectue durant 3 semaines entre le 14 juillet et début août. Yann dispose d’une récolteuse en vrac avec son frère et n’utilise pas d’ensileuse. La sarriette et le thym sont récoltés par un voisin avec une machine spéciale. Yann et son frère devraient s’équiper pour la récolte 2021.

• Herse étrille (en propre)
• Bineuse munie d’un chasse pierre (autoconstruction)
• Tondeuse pour réguler les couverts semi permanents (autoconstruction)
• Broyeur inter rang en CUMA de 80 cm de large avec une centrale hydraulique. Le biange se fait par l’avant.
• Tracteur 80 CV en fixe avec la récolteuse
• Tracteur 80 CV pour broyage et binage
• Charrue 3 socs (non utilisé depuis 3 ans)
• Vibroculteur 4 m en CUMA
• Bineuse autoconstruite
• Broyeur en propre
• Epandeur d’engrais
• Planteuse en propre

Une distillerie a été achetée d’occasion en 2016 et a fonctionné à partir de 2019. Aujoud’hui elle fonctionne à partir de fioul (2500 L/an) mais il est prévu d’installer un four pour qu’elle puisse fonctionner à  la paille de lavandin à partir de 2021 et devrait en utiliser 50 %. Le reste est épandue au champ. Le frère de Yann et quelques producteurs voisins viennent aussi utiliser la distillerie afin de diversifier eux aussi leurs productions biologiques.

VENTES 2019

• Le blé dur : prix de vente = 500 €/T
• Le petit épeautre : prix de vente = 850 €/T

La commercialisation des huiles essentielles se fait par petites quantités sur la ferme mais l’essentiel notamment le lavandin est vendu en gros à des laboratoires et négociants :

• Le sainfoin : 2 coupes réalisés avec un rendement de 5 à 6 T. Il peut être aussi broyé avant implantation du blé. En seconde coupe la graine est récoltée et vendue 1,5 €/kg.
• Le lavandin : Culture principale avec 20 ha. Le lavandin commence à produire au bout de 2,5 ans. Le rendement en huile essentielle est en moyenne de 120 kg/ha pour la variété grosso et de 80 kg pour la variété Sumian. L’huile essentielle de lavandin Sumian est plus riche en linalol et bornéol que les autres variétés.
• Le thym : Seconde culture avec 4 ha. il est en place durant 5 à 6 ans (7 ans pour la variété Linaol). 3 variétés sont cultivées :
  • Tyanol (0,5 ha) : 8 kg/ha vendue 500 €/kg
  • Linaol (1 ha) : 16 kg/ha vendue 430 €/kg
  • Thymol (2,5 ha) : 5 kg/ha vendue 250 €/kg (jeunes plantations)
• La lavande fine : cultivée sur 1,5 ha. Le rendement en huile est de 15 kg/ha vendue 120 €/kg essentiellement en vente directe
• L’hélichrysum (immortelle) : cultivée sur 2 ha. Le rendement optimal en huile est de 10 kg/ha au bout de 2 ans. Mais généralement le rendement moyen est de 5 à 6 kg/ha. L’huile est vendue 1600 €/kg en 2019
• La sarriette : Cultivée sur 1 ha (dont 0,5 ha en production). Le rendement est de 10 à 15 kg/ha vendue 120 €/kg. Peu de débouchés, la vente se fait plus en directe.
• L’iris : Cultivée sur 1,5 ha et planté en en 2 fois. Culture sous contrat de 3 ans en lien avec un laboratoire qui fournit les rhizomes de qualité. Culture encore pue connue. Sur 0,5 ha, 3,5 tonnes de rhizomes ont été arrachés, lavés, séchés et vendus 2,5 €/kg. Culture difficile, Yann a utilisé une arracheuse à patates mais il y a beaucoup de terre. l’entretien est également difficile car on en peut pas bien rentré dans les rangs à cause des rhizomes qui s’étalent.
• L’origan : Cultivée sur 0,5 ha. Implanté à l’automne 2019, la plantation est en place pour 5 à 6 ans. L’enherbement est difficile à maitriser. Il s’agit d’un marché de niche
• La sauge officinale : Cultivée sur 0,5 ha à la demande d’un acheteur. L’huile est contenue dans les feuilles et non dans les fleurs. Il existe plusieurs variétés. L’intérêt est d’avoir une variété qui produit surtout des feuilles mais cela pose problème pour la production de graine et le renouvellement de la semence. Pour bien faire, il faudrait la couper 2 à 2 fois par an. Le débouché est l’herboristerie et l’huile essentielle. La production a été de 2 L sur 0,5 ha. Cette huile est interdite à la vente directe
• La sauge sarclée : Cultivée sur 1 ha, la parcelle est très enherbée et la récolte semble compromise.

DONNÉES ÉCONOMIQUES

Le chiffre d’affaires s’élèvent à 50 000 € (ventes des huiles) dont environ 10 000 € de vente directe (8000 de vente + stock), 28 000 € de lavandin (20 000 de ventes + 8000 de stock), 7000 € (thym), 9900 € (immortelle), 3000 € (romarin). 5000 € pour de la prestation extérieure (formation). La ferme bénéficie de 25 000 € de primes dont 10 000 € pour l’ICHN. La double activité de camping n’est pas prise en compte ici.

Les charges quant à elle s’élevent à 31 400 €.