Quel avenir pour les oiseaux des plaines agricoles ?

Le bilan de trente années de comptage des oiseaux communs en France, publié le 31 mai 2021 par le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) , fait état d'une «hécatombe» des populations d'espèces «spécialistes» des milieux agricoles. Seules les espèces les plus adaptables s'en sortent relativement bien.

Les oiseaux sont un des rares indicateurs de biodiversité, opérationnel depuis une longue période grâce au du programme de Suivi temporel des oiseaux communs (STOC), qui recense l'avifaune selon un protocole répété chaque année par plus de 2 000 ornithologues bénévoles. Contrairement au suivi de la qualité de l'eau ou de l'air, le suivi de la biodiversité repose encore en France sur le bénévolat.  STOC est basé sur un protocole standardisé et robuste, de même que le traitement des données, particulièrement rigoureux. 2893 carrés de 2km/2km sont ainsi suivis avec 3 passages de l'observateur.

Et le constat n'est pas bon pour les oiseaux spécialistes des milieux agricoles tels que l'alouette des champs, la perdrix grise, la perdrix rouge, la caille des blés ou le tarier des prés, qui ont perdu 29,5% de leurs effectifs depuis 1989. C'est aussi le cas d'espèces commune de nos campagnes comme l'hirondelle de fenêtre (-23%) et de cheminée (-25%) ou la tourterelle des bois (-50%).

A l'inverse quelques espèces d'oiseaux dit généralistes et des milieux forestiers, capables de s'adapter se portent mieux. C'est le cas notamment du pigeon ramier (+100%) qui colonise les villes ou le geai des chênes (+23%). Cela révèle en fait «une uniformisation de la faune sauvage, signe d'une banalisation croissante des habitats et d'une perte de biodiversité». Au final sur les 123 espèces d'oiseaux suivies, les plus communes en France, les populations de «32 espèces sont en expansion mais 43 régressent ».

Cette diminution drastique des populations d'oiseaux des champs « est concomitante de l'intensification des pratiques agricoles ces dernières décennies, plus particulièrement depuis 2008-2009, alerte le rapport. Une période qui correspond entre autres à la généralisation des néonicotinoïdes, insecticides neurotoxiques très persistants ». Autre facteur majeur du déclin des oiseaux spécialistes des milieux agricoles, «la disparition des habitats qui leur sont favorables par l'uniformisation des paysages (grandes parcelles en monoculture, disparition des haies, recul des jachères) dans les zones d'agriculture intensive».

Ce suivi permet aussi de mesurer l'incidence du changement climatique. Il a par exemple été démontré que les populations d'oiseaux se décalent vers le nord (à un rythme évalué à 37 km/an) pour tenter de rester dans les zones où la température leur convient.

Le département du Doubs arrive sur le podium avec le carré qui rassemble le plus d'espèce (64) et le troisième carré qui rassemble le plus d'individus (576).

Ce rapport montre aussi les actions qu'il faudrait mener comme le maintien de l'élevage extensif et des infrastructures agroécologiques, la diversification des cultures et bien sur la réduction de l'usage des pesticides.

Sources :
https://www.vigienature.fr/fr/observatoires/suivi-temporel-oiseaux-communs-stoc/resultats-3413