Synthèses techniques

Jacques Morineau, la Ferme Ursule, Vendée

Pressage d’oléagineux : huile et tourteaux fermiers

Jacques Morineau, la Ferme Ursule, Vendée

Le pressage des oléagineux à la ferme Ursule débute en 2005. A l’époque, avec un prix du carburant élevé et à la hausse et de nombreux encouragements pour la filière de l’huile végétale brute, la ferme Ursule se lance dans le pari du pressage d’oléagineux. L’autonomie énergétique est au cœur du projet de la ferme Ursule. Bien qu’à la limite de la rentabilité, le pari est réussi puisque l’huile a végétale a alimenté la ferme en énergie pendant 3 ans et qu’un tracteur a tourné pendant plus d’un an à 100% à l’huile. Mais rapidement, l’huile énergie est délaissée au profit de l’huile alimentaire, bien valorisable en bio.

Aujourd’hui, les voitures anciennes de l’exploitation tournent encore à l’huile végétale.

« On a tourné pendant 3 ans avec de l’huile énergie. L’idée c’était de valider la technique, de prouver qu’on pouvait être autonome avec l’huile végétale pure sur les fermes, sans prendre des surfaces forcément très importantes. On a diminué  l’énergie  au fur et a mesure que l’alimentaire marchait. »

Le colza et le tournesol occupent chacun 15 ha, en bio. Soucieux de l’équilibre de l’exploitation et avec 270 ha, 110 vaches laitières et 600m2 de volailles, le GAEC Ursule, ne souhaite pas que les oléagineux, et surtout le colza prennent une part trop importante dans la SAU. C’est pourquoi, une partie des grains pressés sont achetés, pour rentabiliser la presse.

« L’important c’est que le colza ait levé avant le 15 aout. En automne on sème de l’orge dans les trous, en association. Généralement, on arrive à faire 15 -20 q de colza et 7- 10 q d’orge. »

La production d’huile s’élève à environ 30 000 L/an, répartis entre :

  • 23 000 L en bouteilles pour l’alimentation humaine (4-5€/L)
  • 4 000 à 5 000 L pour la fabrication d’aliments pour animaux (1,5€/L), provenant de fonds de cuves ou de 2e année de conversion en AB.
  • 1 000 à 2 000 L pour l’énergie

Sur les 30 000 L, 15 000 à 20 000 L proviennent de graines produites sur l’exploitation. Le reste est acheté.

L’ensemble de l’huile produite, qu’elle que soit sa qualité, trouve toujours un débouché.

Comme le GAEC produit aussi des protéagineux (féveroles et pois), l’autonomie protéique n’est pas un problème. Les tourteaux ne sont pas totalement consommés, ils sont aussi vendus. La part consommée est opportuniste en fonction de ce qui n’est pas vendu. Jacques Morineau estime que les tourteaux gras constituent une excellente ressource alimentaire.

« Le tourteau de tournesol va à la volaille principalement et le colza aux bovins »

« Avec un tourteau gras, on colle les poussières donc premièrement c’est bien pour celui qui distribue l’aliment, deuxièmement ça évite les pertes et troisièmement ça apporte de l’énergie »

Le tourteau est conservé en vrac. En général la durée de stockage ne dépasse pas 6 mois mais, en étant bien sec, il a pu être conservé jusqu’à 1 an sur l’exploitation.

« L’inconvénient c’est que c’est que ça prend l’humidité. Il faut le stocker dans un endroit sec et fermé. Mais ça dépend aussi du type de presse qu’on utilise… »

Au départ, le pressage s’effectuait en CUMA mais les débits ont augmenté il est vite devenu difficile de s’organiser avec une presse collective. Les exploitants sont donc passés à une presse individuelle.

« Au début on utilisait la presse de la CUMA. Mais c’est vite devenu compliqué de faire de l’alimentaire avec la presse de la CUMA ; il fallait s’organiser… »

Depuis 2005, l’exploitation est passée par plusieurs modèles de presse selon les opportunités. Le but étant de limiter l’investissement. Petites presses à tube, puis vieilles presses de la CUMA… Actuellement, le projet est de retaper une presse à barreau ou d’investir dans une presse à barreau neuve.

« Avec une presse à barreau, on gagne 3 points d’extraction d’huile. C’est intéressant pour nous parce l’huile se vend plus cher que le tourteau, et pour la conservation c’est mieux quand le tourteau est plus sec. »

L’huile alimentaire n’est pas filtrée mais décantée dans un décanteur à trois compartiments inspiré d’une visite en Allemagne. Puis seconde décantation est réalisée dans une cuve permettant d’obtenir une huile propre.

Pour le carburant, les exploitants utilisent un filtre à cartouche à 1 micron en plus de la décantation. La filtration a lieu après la décantation pour limiter l’encrassement du filtre.

« Pour le carburant on filtre à 1 micron, mais sinon on décante essentiellement »

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