L’agroécologie selon Osaé
L’agroécologie est bien plus qu’un ensemble de pratiques agricoles. Dans OSAÉ, elle incarne une vision systémique de la production agricole, fondée sur la résilience des écosystèmes, l’autonomie des exploitations et la durabilité sociale et économique des territoires ruraux. Elle s’appuie sur des principes fondateurs concrets, qui guident les témoignages et les actions partagées au sein du réseau OSAÉ.
Une approche globale pour une agriculture durable
Au cœur de l’agroécologie selon OSAÉ se trouve un enjeu majeur : favoriser l’autonomie des systèmes agricoles tout en répondant aux défis environnementaux, sociaux et climatiques. Pour cela, OSAÉ propose une démarche progressive, structurée autour de plusieurs leviers complémentaires, visant à amorcer une transition agroécologique profonde et durable.
Les 7 grands principes de l’agroécologie selon OSAÉ

Favoriser la diversité spécifique et génétique
La diversité biologique est une condition essentielle à la résilience des systèmes agricoles. Face à l’érosion génétique, l’agroécologie encourage :
- L’introduction de nouvelles espèces et variétés dans l’assolement
- L’allongement des rotations culturales
- Le semis de cultures associées
- L’utilisation de semences paysannes
Ces pratiques permettent d’améliorer la robustesse des cultures, de préserver les ressources génétiques et d’accroître la sécurité alimentaire à long terme.
Minimiser l’usage des ressources sensibles
Le modèle agro-industriel repose sur une forte dépendance aux ressources comme l’eau, l’énergie, les intrants et les sols. L’agroécologie propose une reconception du système agricole pour réduire ces consommations, par exemple :
- Réduction du travail du sol
- Alternance entre cultures d’hiver et d’été
- Intégration de cultures non irriguées
- Utilisation de couverts végétaux
L’objectif est de concilier performance agricole et sobriété écologique.
Optimiser et équilibrer les flux de nutriments
Pour assurer un développement optimal des plantes, il est indispensable de maîtriser la nutrition végétale. Cela passe par :
- Une meilleure connaissance des sols
- Un apport raisonné d’éléments nutritifs (azote, phosphore…)
- Un bon équilibre entre sol, plante et environnement
Cette approche permet d’accroître la photosynthèse, de renforcer les défenses naturelles des cultures et de limiter les apports extérieurs.
Préserver les ressources naturelles
Préserver les ressources en eau, en sol, en biodiversité est un pilier fondamental de l’agroécologie. Cela implique une gestion parcimonieuse et intelligente des ressources disponibles, afin de limiter les impacts environnementaux et garantir la durabilité de l’exploitation agricole.
Promouvoir les services écologiques
Les services écosystémiques (pollinisation, régulation des ravageurs, fertilité des sols…) sont essentiels au bon fonctionnement des exploitations. L’agroécologie favorise leur maintien et leur développement grâce à :
- L’intégration d’infrastructures agroécologiques (IAE)
- La valorisation de la biodiversité fonctionnelle
- La réduction des intrants chimiques
Une ferme vivante est une ferme qui rend des services à long terme à son territoire.
Assurer la viabilité économique et sociale
Un système agroécologique ne peut être durable sans être économiquement rentable et socialement ancré. Cela inclut :
- L’autonomie économique de l’exploitation
- Une rémunération juste du travail agricole
- L’ancrage territorial, la transmission et la reconnaissance sociale du métier
OSAÉ valorise aussi les démarches collectives (GIEE, projets territoriaux, filières locales…), qui permettent de mutualiser les savoirs, de diversifier les débouchés et de ne pas conduire la transition seul.
Adapter son système au changement climatique
Face aux impacts croissants du changement climatique, chaque ferme doit identifier ses vulnérabilités et déployer des stratégies d’adaptation :
- Recenser les aléas climatiques (sécheresse, gel, excès d’eau…)
- Adapter les itinéraires techniques
- Diversifier les productions
- Partager les retours d’expérience entre pairs
L’agroécologie est donc un levier de résilience climatique, au service des générations actuelles et futures.
Les fondements scientifiques et historiques de l’agroécologie
L’agroécologie est un champ interdisciplinaire qui émerge dès le début du XXe siècle dans les travaux d’agronomes, d’écologues et de sociologues. Elle repose sur deux axes complémentaires :
- Une science de l’écologie appliquée à l’agriculture : optimisation des agroécosystèmes, limitation des impacts, valorisation des services rendus par la nature
- Une dynamique sociale et territoriale : inclusion des acteurs locaux, ancrage économique, transmission des savoirs
Des chercheurs comme Miguel Altieri ou Stephen Gliessman ont contribué à structurer cette approche, qui aujourd’hui s’étend à l’ensemble du système alimentaire : de la production à la consommation, en passant par les filières.
Chez OSAÉ, l’agroécologie est une dynamique d’expérimentation, de partage et d’adaptation. Chaque ferme du réseau est un laboratoire vivant qui explore, teste, réussit (ou échoue), mais toujours dans une logique d’apprentissage collectif.
Cette approche favorise l’innovation locale, la résilience territoriale et une reconnexion au Vivant, à travers une agriculture à taille humaine, écologique et solidaire.
Sources :
- Altieri M.A., 1995 Agroecology : the science of sustainable agriculture, Westview press
- Gliessman S.R., 2007. Agroecology : the ecology of sustainable food systems. CRC Press, Taylor and Francis
- Wezel A., Soldat V., 2009 A quantitative and qualitative historical analysis of the scientific discipline agroecology. International Journal of Agricultural Sustainability
- Wezel A., Jauneau J.C. , 2011. Agroecology – Interpretations, approaches and their links to nature conservation, rural development, and ecoturism
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