Traction animale

LA DÉMARCHE

En agriculture, l'utilisation d'équidés est complémentaire au tracteur. La traction animale convient très bien aux travaux de maraîchage. En effet, la souplesse d'utilisation est très bien adaptée aux productions diversifiées tout en ayant la possibilité de multiplier les techniques de travail avec des outils adaptés.

A la ferme du Matet, Virginie cavalière souhaitait travailler avec les chevaux. Elle est aujourd'hui en charge de la traction animale et de sa jument Diane de 900 kg.

Pour mener à bien cette tâche, différentes compétences sont nécessaires et pour celà, elle s'est formée avec l'association PROMMATTA sur divers aspects tels que le dressage, l'attelage, le menage ou encore la gestion du cheval dans différents contextes de travail.

Les 2 autres associés participent également aux travaux avec Diane notamment en accompagnant Virginie pour l'appui à la traction des outils et au travers de l'auto construction de matériel adapté type néobucher.

 

 

LES SAVOIRS AGROÉCOLOGIQUES

Un point essentiel à la traction animal est la relation avec le cheval. Elle nécessite de bien le connaître, de l'observer attentivement pour qu'il soit en bonne santé et qu'il soit opérationnel pour les travaux au champ.

Il sera déterminant d'entretenir cette relation avec l'animal et de définir certains critères en fonction des efforts demandés comme par exemple la surface à travailler, la texture du sol ou encore la surface en herbe pour le nourrir toute l'année. Ce dernier point est primordial car la quantité de nourriture que l'on doit lui fournir est proportionnelle à son poids et la pénibilité du travail demandé.

 

Les périodes de travail étant irrégulières en maraichage, il faudra veiller à ce que l'animal soit bien nourri toute l'année.

A la ferme du Matet, 2 ha sont consacrés à Diane dont 1 ha de prairie multiespèces ce qui est un atout pour une ferme maraichère utilisant la traction animale pour couvrir les besoins de la jument. Diane est nourrie également au foin grâce au 12 ha de prairies de fauche. Virginie rappelle que le coût de l'alimentation hors période de travail (mais aussi l'hiver) doit être étudié attentivement pour ne pas défavoriser l'utilisation de la traction animale.

 

Le poids vif de l'animal est un indicateur pour évaluer les besoins alimentaires mais aussi pour donner une indication de la force de traction de l'animal. La force de traction est proportionnelle au poids vif ! Élément nécessaire à évaluer en amont pour être en cohérence avec son utilisation.

 

La ferme du Matet utilise la traction animale essentiellement pour le désherbage, le buttage, l'implantation des couverts végétaux. Les autres travaux sont réalisés avec un tracteur. Plus lent que ce dernier, un des principaux avantages est de pouvoir travailler sans compacter le sol, ni le déstructurer. Il est possible aussi de rentrer plus tôt dans les terres après une pluie. La maitrise du menage est importante pour que l'animal marche bien dans les sillons.

La traction animale n'est pas utilisée sur l'ensemble de la surface plein champ, seulement sur certaines cultures : carotte, panais, céleri rave, poireaux, oignons.

 

Les principaux outils utilisés sur la ferme sont le néobucher, la kassine avec disque billonneur, et la bineuse soc à dent.

 

  • Le néobucher

Porte outil de maraichage auto construit par Virginie, Lucie et Julien. Il permet d'utiliser une large gamme d'outils adaptables et réglables (bineuse à soc patte d'oie). Ce système possède un système d'auto conduite combinée permettant une correction facile et rapide de tout écart du cheval ou de mieux suivre une ligne de plantation qui n'est pas totalement rectiligne. Cet outil a été réalisé grâce aux formations délivrées par Hippotèse et l'atelier paysan. (cf photo)

 

  • La kassine

Porte outil polyvalent, elle est utilisée pour monter et remonter les buttes de plantation avec une billonneuse à disques. Il s'agit de deux disques sur pieds, montés sur une barre porte outils à l'aide d'étriers ou de noix de serrage. Il est possible de régler l'écartement et la hauteur des disques pour faire les buttes plus ou moins larges. Un des avantages est qu'une fois les buttes montées, l'animal suit naturellement le sillon. Les trajectoires peuvent être plus régulières.

 

 

La stratégie

 

Travailler avec l'animal est un choix qui demande de la présence, de l'organisation et de l'anticipation. Il doit être bien nourri, entrainé et soigné. Il est nécessaire d'anticiper un programme d'activité pour tirer pleinement de ses capacités de travail et d'améliorer la relation avec le cheval.

Diane poursuit son entrainement de dressage avec Virginie. Il est encore nécessaire de recadrer l'animal pour qu'il réponde parfaitement aux demandes de Virginie.

Diane sort au minimum deux fois par semaine, l'idéal étant de pouvoir la sortir tous les jours notamment en pleine saison de production.

Le principe avant chaque sortie est de bien le nourrir et l'hydrater au moins une heure avant afin qu'il ait toutes les ressources nécessaires au travail demandé.

Ensuite, Virginie prépare le cheval par un brossage et une attention sur les blessures éventuelles.

La jument est harnachée et Virginie vérifie et affine les réglages. L'animal attelé avec du matériel à deux roues porte généralement un collier, une sellette équipée d'une dossière mobile avec bracelets de brancards, un ensemble de reculement, une bride et des guides simples.

Une fois toutes ces étapes, l'animal est attelé avec l'outil souhaité.

Étant donné que le cheval reste un animal instinctif, il convient de respecter les règles de sécurité et de menage. Il est souhaité d'adopter un rythme lent pour un travail précis.

Le menage peut se faire soit à la tête, soit au guide. A l'heure actuelle, les deux techniques sont utilisées sur la ferme pour bien maitriser le cheval.

 

Exemple d'itinéraires techniques sur patate douce avec traction animale

Période Intervention culturale outils Observations
Début mars Reprise sol

Covercrop et cultivateur en suivant à l'aide du tracteur

 
Début mai

Ameublissement du sol avant implantation

Vibroculteur avec jument

 
Début mai

Monter les buttes et ramener de la terre avant implantation

1 passage de Kassine (disque billoneur) avec la jument

1 passage de houe maraichère avec la jument

Et souvent 1 autre passage de kassine

Butte de 30 à 40 cm de haut et 70 cm écartement

Autour du 15 mai

Plantation des patates douces

Plantage à la main  

Début juin à mi juin

Remonter les buttes et désherbage

1 passage de Kassine (disque billoneur) avec la jument

1 passage de houe maraichère avec la jument

La houe maraichère permet d'éviter l'étalement de la patate douce sur les côtés

Courant juin / juillet

Désherbage Un désherbage à la main  
Pendant l'été Rebuttage et désherbage

2 passages supplémentaires avec la kassine et la jument

 

 

Avantage de travailler en billons : impact pluie diminué et croute de battance réduite - au printemps les billons se réchauffent plus vite et en été ils sont protégés des rayons directs du soleil – la structure meuble du billon facilite le développement racinaire.

INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR

Economiques

Agronomiques

Environnementaux

  • Réduction des coûts de carburant
  • Solidité du métariel
  •  cout d'entretien du cheval (alimentation, vaccination, frais vétérinaires)
  • nécessité de travailler à 2

Avantage économique à considérer sur le long terme

  • qualité technique du travail
  • précocité d'intervention après pluie
  • pas de compaction du sol ni de déstructuration

  • vitesse réduite et temps de travail plus long
  • travail physiquement plus intense

  • réduction des nuisances sonores

  • gain énergétique (carburant) - diminution impact écologique

Social : Satisfaction de la qualité de vie au travail liée à la présence d'une jument -

 

Difficultés

Nécessité de reprise de dressage

Astreinte quotidienne en hiver

Fuite de l'animal