Modalités pratiques de mise en oeuvre

Les mésanges

Les conditions à respecter pour accueillir des mésanges dans le verger sont les suivantes :

• installer les nichoirs pendant la période hivernale (au plus tard le 15 avril)
• le diamètre du trou doit mesurer 26 mm pour la mésange bleue et 32 mm pour la mésange charbonnière
• ne pas installer de nichoirs sur les arbres qui seront secoués
• les disposer hors de portée des « intrus » de type rongeur à 1,5 m à 2 m de hauteur
• les installer à la verticale ou légèrement penchés vers l'avant (si penchés vers l'arrière : entrée de la pluie, prédation facile, difficulté pour les jeunes à remonter)
• ils ne doivent pas être exposés à la chaleur
• dans les vergers bio, les nichoirs peuvent directement être placés dans la culture mais dans les vergers conventionnels il est préférable qu'ils soient posés dans les haies environnantes pour éviter le contact avec les produits phytosanitaires

IFCP, 2015

Les nichoirs installés doivent être robuste et facile à nettoyer. Robuste car les pics et les rongeurs vont tenter d'agrandir les trous et la pluie et le gel vont éprouver les matériaux. Facile à nettoyer car chaque année la litière s'accumule, bouchant les cavités et favorisant l'infestation par les parasites.

Dans le cadre professionnel, ce sont souvent les nichoirs en béton de bois qui sont utilisés. Ils sont solides, pratiques, fabriqués en série mais un peu plus cher que les autres. Ce surcoût est largement compensé par une durée de vie minimale de 10 ans (RICARD et al, 2012). Leur coût est d'environ 30€. Il est préférable de les placer sur un poteau de palissage dans le verger. Ils peuvent néanmoins aussi être placés dans des haies. Le trou d'envol doit être situé au nord-est contre les vents dominants (IFPC, 2015). La LPO est un interlocuteur qui peut s'avérer très utile pour tout ce qui concerne l'installation et la fabrication de nichoirs.

Nichoir du Domaine Emile Grelier

Pour ce qui est de la maintenance, au minimum, une visite annuelle de nettoyage est impérative. En la réalisant à l'automne, cela permet de retirer les vieux nids, les alvéoles d'hyménoptères ou autres, tout en replaçant les portes si elles ont été retirées à cause d'une forte pression de rongeurs (RICARD et al, 2012).

Delphine Vinet nous explique que chaque année, ils enlèvent les vieux nids ce qui leur permet de voir si les nichoirs ont été occupés ou pas. Etant dans un domaine viticole, Monsieur et Madame Vinet se sont lancés dans une démarche d'agroforesterie pour favoriser la présence des oiseaux et des chauves-souris, « on s'était dit que tant que les arbres ne seraient pas développés ça ne marcherait pas sauf qu'on démonte les nichoirs tous les ans et qu'il y a minimum 50 % des nichoirs qui ont été occupés ».

Philippe Garlenq, arboriculteur dans l'Aveyron, a installé 30 nichoirs sur 4ha de vergers de pommiers et de pêchers. Les nichoirs sont installés sur les poteaux qui maintiennent l'irrigation et les fils de fer. Il observe à peu près 28 nichoirs occupés tous les ans par des mésanges bleues ou charbonnières. Il nous raconte sa plus grande surprise : « En 2015, 30 nichoirs sur 32 étaient pleins et on subissait une attaque de pucerons sur la variété Reinette grise du Canada. Nous étions en train de faire de l'éclaircissage lorsqu'un employé m'a appelé pour que je voie ce qui se passait sur le verger d'à côté. Les jeunes mésanges étaient toutes regroupées et passaient ensemble d'un arbre à l'autre, ne laissant aucun puceron sur les arbres, c'était vraiment impressionnant ». Grâce aux mésanges, le verger n'est pas victime des pucerons verts, bruns et cendrés. L'envol des jeunes mésanges a lieu fin mai / début juin et il arrive qu'il y ait une seconde nichée en juin et très rarement au mois d'août. Philippe Garlenq veille sur les nids et passe tous les 10 jours au moment de la nichée pour vérifier qu'il n'y ait pas de nid de guêpes en formation. Il insiste également sur un aspect important : «  Il ne faut surtout pas oublier les mésanges durant les mois les plus durs que sont janvier et février en leur apportant de la nourriture pour qu'elles puissent passer cette période ».

Les chauves-souris

Pour ce qui est des gîtes, plusieurs espèces installent leur colonie dans les bâtiments, il est donc important de favoriser les aménagements permettant l'installation de chauves-souris. En cas de problèmes, des bénévoles peuvent prodiguer des conseils (réseau SOS chauves-souris : https://www.sfepm.org/SOSChiropteres.htm). Les sites souterrains sont très prisés : grottes, tunnels, champignonnières. Les toits et greniers peuvent aussi être occupés, de petites ouvertures plutôt que des grandes peuvent être mises en place pour permettre aux chauves-souris d'entrer et à l'inverse défavoriser l'installation de certains oiseaux invasifs comme les pigeons. Sur des sites pauvres en gîtes, l'installation de gîtes artificiels en bois ou en béton de bois s'avère très utile. Par ailleurs, dans la plupart des régions, les cavités d'arbres constituent la principale catégorie de gîtes utilisées ; la conservation de grands arbres un peu partout est donc prioritaire (RICARD et al, 2012).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gîte à chauves-souris sur un bâtiment au Domaine Emile Grelier.

Delphine Vinet, du Domaine Emile Grelier en agriculture biologique atteste : « Les chauves-souris étaient naturellement présentes dans la forêt accolée au domaine et depuis 2014 nous avons installé 10 gîtes afin de favoriser leur présence près des vignes. Les gîtes ne se trouvent pas directement dans les vergers mais autour du vignoble, principalement sur du bâti ». Elle explique que l'implantation d'arbres dans les parcelles de vigne est un élément crucial si l'on veut que les chauves-souris s'y aventure pour chasser. En effet, ce mammifère nocturne se déplace grâce à un sonar et a donc besoin de relief pour se repérer. A leur plus grand bonheur, Delphine affirme que « grâce à la présence des chauves-souris, nous n'avons plus aucun problème avec le ver de la grappe »

Gîte à chauves-souris (Groupe Chiroptère Midi Pyrénées)

Pour construire un gîte à chauve-souris (voir plan), il faut utiliser de préférence du bois résistant aux conditions extérieures (ex : châtaignier). Une bande de toile goudronnée est bien pratique pour assurer l'étanchéité du toit car les chauves-souris ne fréquenteront pas un nichoir trop humide. Il faut également utiliser du bois non traité et non poncé (DNSE, 2006).

Il est également possible d'en acheter auprès de la LPO pour le prix de 23,90€.

Pour ce qui est de l'installation, il faut choisir des lieux tranquilles, sûrs, abrités et riches en insectes. Dans la campagne, il est préférable de les installer dans un bocage avec de gros arbres. Des plans d'eau calmes, propres, sans végétation flottante, dans un rayon de 500 à 1000m sont très favorables : les chauves-souris viennent y boire et chasser. La sélection d'endroit ne contenant pas d'obstacles dans un rayon de 3 à 6 m autour des entrées de gîtes facilite l'accès aux chauves-souris. Ces dernières étant sociables et changeant souvent de gîte, la pose par groupe de trois à cinq abris sur chaque site est probablement un plus pour leur adoption. Ils doivent être positionnées sur de gros arbres pour éviter que le gîte ne bouge et se situer entre 2,8 m et 4,6 m de hauteur. Les arbres supports utilisés sont : Cyprès, Platane, Peuplier, Chêne pubescent, Frêne, Charme.

Les gîtes des chauves-souris sont nombreux car ils doivent être en adéquation avec les exigences thermiques des animaux au cours du cycle annuel : chauds durant l'élevage des jeunes, tempérés aux inter saisons, froid durant l'hibernation (RICARD et al, 2012).

D'après Cathie Boléat, membre du Groupe Chiroptères Midi-Pyrénées, « le pic de présence des chauves souris est situé vers fin juin/début juillet, il est donc judicieux de profiter de cette période pour attester de sa présence ou non dans les gîtes ». Elle ajoute qu'il est préférable d'entretenir les gîtes et de les nettoyer de temps à autre afin d'éviter l'installation de divers insectes.

la chouette effraie

Avant de monter un projet de mise en place de nichoirs, il est impératif de vérifier que le site répond à différents critères qui sont les suivants :

• Le site se situe à au moins 1 km à vol d'oiseau d'une route nationale et 3 km d'une autoroute de manière à limiter le risque de collision avec les véhicules.
• Le site doit comporter un bâtiment tranquille où l'activité humaine est limitée tel qu'une ferme, une grange, un hangar, un grenier, un clocher…

Il est également important de prendre en compte qu'un couple d'effraie a besoin en moyenne de 1 à 10 km² de superficie. Cependant, il faut noter qu'un couple doit avoir à sa disposition au minimum deux sites de nidification potentiels pour qu'il puisse faire le choix le plus adapté en cas de dégradation de l'un d'entre eux.

Lorsque les clochers sont occupés par des pigeons ou des choucas, il est possible de fermer toutes les ouvertures et de laisser une petite entrée de 15 x 20 cm pour que la chouette effraie puisse entrer. Egalement, des nichoirs peuvent être installés dans les bâtiments et les greniers (voir plan) dont l'entrée donne directement à l'extérieur. Cette chouette ne construit pas d'abris et les adultes sont assez sédentaires et fidèles au site. Ils peuvent ainsi rester au même endroit plusieurs années d'affilées. Le maintien de haies, talus, murets et des prairies est très favorable à l'installation de cette espèce de façon durable.

En ce qui concerne les matériaux, il faut utiliser des planches classiques, résistantes d'au moins 20 mm d'épaisseur. La planche du fond qui se dégradera plus vite doit être si possible épaisse de 30 mm. Il est possible de mettre au fond du nichoir de la sciure de bois, des copeaux, de la paille ou du foin.

La meilleure saison pour installer les nichoirs est l'automne. L'installation d'un couple dans le nichoir peut prendre plusieurs années, qu'il ne soit pas occupé au printemps suivant la pose ne signifie pas qu'il ne fonctionnera jamais.

Pour ce qui est de l'emplacement il existe 2 possibilités. Le nichoir est placé derrière une lucarne, un trou de mur voire une fenêtre à condition que la hauteur du trou d'envol soit suffisante. Cette possibilité n'est conseillée que si la chouette est indésirable à l'intérieur du bâtiment. L'emplacement le plus efficace est à l'intérieur du bâtiment, contre un mur. Le taux d'occupation est supérieur en raison de la diminution du risque de prédation.

Le nichoir peut être nettoyé seulement au bout de plusieurs années d'occupation, lorsque les pelotes accumulées recouvrent le fond sur plusieurs centimètres.

Jacques Mercier, agriculteur dans le Loiret, a installé il y a 3 ans un nichoir à chouette effraie dans l'un de ses bâtiments avec l'aide de l'association Hommes et Territoires dont il est le vice-président. « Le prix du nichoir se situe aux alentours de 30€ il me semble. Nous l'avons positionné dans le bâtiment, sur une poutre le long d'un mur. La première année, la chouette venait visiter le nid mais elle ne s'y est pas installée et la deuxième année il y a eu des petits dans le nid. Cette année, je l'entends mais je ne la vois pas, je ne sais pas si elle est dans le nichoir, elle s'est peut-être installée dans un trou du mur mais je préfère ne pas l'embêter. Je trouve qu'installer des nichoirs est vraiment une bonne action à réaliser : les petits sont protégés, les parents chassent les mulots et campagnols qui nous embêtent et de ce fait on n'a pas besoin d'utiliser de pesticides, je trouve ça génial ». Jacques nous signale que grâce à l'installation de nichoirs mais surtout à l'aménagement d'espaces favorables aux oiseaux dans son exploitation, il observe 37 espèces d'oiseaux contre 15 à 17 chez ses voisins.

Bois : Pin maritime / Epaisseur : 17 mm minimum

Les côtes sont données pour l'espace réel intérieur disponible mais peuvent varier légèrement à la hausse. Elles sont un peu différentes de celles que vous trouverez dans notre cahier technique. Le nichoir que nous vous proposons est un peu plus petit, moins lourd mais tout aussi efficace au vu de nombreuses expériences.

Plan et texte réalisés par la LPO Aquitaine.