Pratique du pastoralisme Conduire le troupeau en plein air intégral et valoriser la végétation naturelle

LA DÉMARCHE

L'objectif de ce système est de maximiser le pâturage toute l'année et de minimiser la consommation de foin et de céréales. Pour cela il faut caler les cycles de production sur ceux de la végétation grâce à la programmation de la saison de pâturage.

brebis de race limousine pâturant avec son agneau dans une lande à genet

parcours avec callune

 

La gestion du troupeau

Le foin est acheté. Il s'agit d'un très bon foin (regain et luzerne) venant de la Crau. Environ 40 T sont achetés (50% de luzerne). Le prix est de 150€ départ + 40€ de frais de livraison. 4,5 T de seigle de pays sont achetés au prix de 300€/T. Et 4T de paille.

 

Cédric gère 4 lots de 60 brebis qui agnellent toutes les 3 semaines. Et ainsi en 2 mois toutes les brebis ont agnelé. L'agnelage se fait dans la bergerie. Les brebis reçoivent 2kg de foin par jour pendant 20 jours environ soit 40 kg/brebis.  Les agneaux sortent au bout de 15 jours et restent avec la mère jusqu'au sevrage qui se fait courant aout, soir 4 à 5 mois.

 

A ce moment nous réalisons un tri. Les plus beaux agneaux mâles vont en bergerie pour être engraissés et les autres (les petits moins de 25 kg et les doubles) restent dehors. Tous les mâles sont engraissés. Les agneaux males sont castrés à la naissance. Les femelles les plus belles restent dehors et tous les agneaux petits restent dehors avec.

 

L'engraissement est lent et donc le gras se fait doucement. Cela fait des grandes carcasses.  La ration est de 1kg à 1,5 kg de luzerne/agneau/j et 300g de seigle. On ne donne pas de céréales aux brebis. Ces agneaux restent en bergerie entre 2 et 4,5 mois.  Il faut environ 10T de luzerne pour faire cet engraissement.  On ne donne des céréales aux brebis qu'au moment de l'agnelage.

 

Le reste du foin est donné aux brebis l'hiver (600g/j à 800g/j). Si il y a de la neige il faut donner plus. En effet courant janvier la ressource fourragère diminue aussi bien en quantité qu'en qualité et il ne reste plus que la bruyère.

 

Les brebis sont dehors tout le temps sauf au moment de l'agnelage. L'agnelage se fait en mars-avril en bergerie. Les mères et leurs agneaux restent moins de 2 semaines dans la bergerie. La bergerie de 120 m2 avec une aire paillée sécurise.

 

Tous les parcs ont été clôturés en ursus et à la main (soit l'investissement d'une génération). Ils sont redivisés avec des clôtures électriques.

LES SAVOIRS AGROÉCOLOGIQUES

 

« Il faut agir très finement sur ces milieux très spécifiques. Cela garantit une ressource fourragère toute l'année. Chacun des milieux fournit une surface de base par période et nous avons des surfaces de sécurité en cas de manque. L'objectif est de ne jamais manquer d'herbe et de devoir fournir du foin. Tous ces milieux herbagers sont très fortement imbriqués. Dans les zones séchantes mieux vaut la callune que l'herbe ».

 

« On pratique un pâturage tournant. Il y a beaucoup de différence de végétation. Par exemple on va essayer de faire évoluer une friche à bourdaine vers une pelouse. Mais l'objectif n'est pas de faire complétement disparaître les arbustes comme les genets, les ronces ou les bourdaines qui constituent aussi une ressource appréciée (écorce). Il s'agit d'un équilibre dynamique. Parfois je laisse filer et je rattrape ».

 

Utilisation des différentes ressources fourragères pour le pâturage

Milieu

Surface en ha

Période de pâturage

Intérêt dans le système fourrager

Rendement estimé en t de MS

Près

10

valorisés au printemps et à l'automne

Ressource de printemps et d'automne

4

Pelouses avec bruyère et genêt

15

valorisés au printemps et à l'automne

Ressource de printemps et d'automne

1

Prairies humides

20

utilisées entre le 15 juillet et le 15 septembre. avec un déprimage au printemps avant fin mai.

Ressource d'été. Le déprimage permet d'assurer un report d'herbe pour les agnelles et les agneaux de report.

3

Landes à callune

35

pâturés durant 3 mois en plein hiver

Ressource d'hiver. La callune reste appétante.

2

Fougeraie et friches avec genêt et bourdaine

15

pâturés au printemps ou en automne

Ressource de printemps et d'automne

2

Haies de frêne

 

Production de faines

Complément alimentaire très riche.

 

 

brebis pâturant dans les fougères
 

En 2013, Cédric a récupéré les 35 ha de sectionaux, ce qui lui a permis d'augmenter son troupeau. A l'époque il n'avait que 140 brebis. Mais cela faisait beaucoup d'espace à contrôler. Il a fallu reprendre ces friches. A cette époque il a utilisé le gyrobroyeur. Mais l'objectif est de ne plus utiliser de moyens mécaniques car le contrôle est moins bon que par le pâturage. L'objectif est de ne pas intervenir mécaniquement ou peut-être tous les 5/7 ans, ou pour rattraper une erreur (par exemple des genets qui deviennent trop hauts).  Le broyage a plein d'effets pervers sur les ligneux comme la ronce notamment.

 

Cédric cherche à optimiser sur la base d'une réflexion agronomique : qu'est ce qui convient le mieux dans la chaine fourragère ?

 

« La bourdaine est très consommée en été. J'essaye de faire évoluer quelques parcelles vers des mélanges prairies-bourdaine ».

 

Cédric ne cherche pas à augmenter son troupeau. Son objectif est de pouvoir passer tous les ans même en cas de sécheresse d'été ou d'automne. Il gaspille donc un peu chaque année mais il estime qu'il lui faut toujours un peu de rabe.

 

« Le déprimage dans les fonds humides est utilisé pour décaler la pousse d'herbe en juillet et aout. La bruyère est consommée tout l'hiver. La bourdaine de juin à novembre. Le genet peut-être consommer toute l'année.  Il y a bien sur un pic d'herbe au printemps mais on peut le reporter ».

L'appui technique est fourni par l'ADAPA au travers d'un groupe d'agriculteurs qui a travaillé sur le pâturage tournant sur pelouse et sur les zones humides. Le groupe a été appuyé aussi par SCOPELA. Pendant 2 ans nous avons étudié les différentes possibilités de gestion. C'était un travail collectif. L'objectif était de produire des savoir-faire utilisables par les agriculteurs Chaque année un regroupement national est organisé par le réseau Pâtur'Ajuste (www.paturajuste.fr) qui valide une fiche technique par an. Maintenant nous parlons de dynamique de végétation.

INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR

Economiques

Agronomiques

Environnementaux

Niveau de charges très faibles

Utiliser les ressources locales herbacées et ligneuses tout au long de l'année sans travail mécanique si possible

Valorisation et entretien des milieux ouverts en Natura 2000.

Alternative au boisement des terres agricoles

Social : maintien de l'emploi dans une zone difficile consolidé par les différents ateliers et la vente directe

Stratégie économique

La production d'agneaux

Les agneaux de bergerie sont vendus en colis de ½ agneau à un prix moyen de 14,5€ dans la région et de 16,5€ sur Paris. Après déduction des frais d'abattage, de découpe et de livraison, cette vente directe permet de commercialiser la carcasse à un prix de 9,3€/kg au lieu de 6,5€ en filière longue, soit une plus value de 30%.

Les agnelles de reproduction sont vendues entre 130 et 140€. Les agneaux de report sont vendus à un prix moyen de 15,5€ ce qui représente 10,3€/kg carcasse. Ces agneaux sont vendus au détail sur place en frais et en surgelé en morceaux de viande et en bocaux de ragout pour valoriser les bas morceaux.


Cédric De Guillaume : Pastoralisme

DURÉE : 2'11

Le gain en autonomie alimentaire pour le troupeau ovin et la réelle efficacité économique passent par la valorisation de milieux semi-naturels complémentaires. La planification du pâturage permettant notamment l'utilisation du report sur pied, est un moyen d'optimiser la productivité des différents milieux : landes à callunes, pelouses, fonds humides…

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