Autonomie alimentaire : trouver le bon équilibre entre optimisation de l’autonomie et rotation diversifiée

LA DÉMARCHE

L'EARL des frênes n'a pas assez de surfaces cultivables pour être 100% autonome en céréales. En 2021, l'exploitation est 100% autonome sur l'atelier volaille et à environ 30% autonome sur l'atelier porc.

L'objectif de Sophie et Laurent est de conserver un assolement diversifié et une rotation longue tout en valorisant le système d'irrigation présent sur la ferme. Chaque année, l'objectif est également de produire 100 tonnes de céréales (blé, orge et/ou triticale) pour couvrir 1/3 des besoins totaux de la ferme.

Ils ont donc progressivement augmenté la surface de céréales à paille après avoir repris la ferme. Pour autant, il était nécessaire de garder une certaine proportion de cultures de printemps pour limiter le recours aux produits phytosanitaires dans une rotation qui ne serait pas assez diversifiée. De ce fait, ils valorisent le système d'irrigation en produisant 60 tonnes de maïs et 3 tonnes de soja. Le tournesol vient compléter l'assolement pour aboutir à une rotation sur 6 ans.

Sophie et Laurent ont intégré dans cette rotation un méteil blé/pois entre 2010 et 2021 avec un rendement moyen de 40 quintaux / ha, sans engrais et sans traitements phytosanitaires. Le méteil a conduit à un salissement important de certaines parcelles et le rendement a chuté à 27 quintaux/ha ces dernières années. Il va être arrêté quelques temps.

Afin de satisfaire les besoins alimentaires de l'atelier volaille, un soja est conduit en dérobé de l'orge. Les résultats sont satisfaisants même si cette conduite en dérobé est risquée. En effet, cela impose de semer le soja tardivement après la récolte de l'orge (en juillet) et de le récolter tardivement en novembre.

Afin de maximiser l'apport de matières organiques au sol, des couverts d'interculture sont réalisés systématiquement entre une culture d'hiver et une culture de printemps. Des couverts de féverole sont semés en septembre avant un maïs ou un soja. Les couverts sont ensuite broyés et enfouis 3 semaines avant le semis de la culture de printemps.

Plus ponctuellement des couverts d'interculture courte (entre deux céréales à paille) sont réalisés : sorgho/phacélie, trèfle ou radis blanc. Ces couverts sont semés avec un semoir à semis direct directement après la moisson de la céréale.

200 balles de paille d'orge sont systématiquement gardées chaque année pour le paillage des bâtiments. Le reste de la paille est laissé au champ.

INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR

Economiques

Agronomiques

Environnementaux

  • Bonne valorisation du produit final dans une filière d'excellence
  • Le toastage à façon du soja par la coopérative permet de ne pas dépendre des cours du soja et des tourteaux
  • Résultat fortement dépendant du prix des céréales. 1 cochon mange 900kg de céréales et la ferme n'est autonome qu'à 30%. La flambée des prix des céréales avec la guerre en Ukraine en 2022 représente par exemple une forte menace pour la ferme. Le collectif réfléchit à un complément de prix aux éleveurs pour compenser la hausse du prix des céréales) 
  • Valorisation de milieux difficilement cultivables (zones boisées)
  • Rotations longues et optimisation de la couverture du sol (couverts)
  • Apports de matières organiques au sol : fumiers, couverts et pailles
  • Indice de consommation élevé en porc
  • Recours aux herbicides pour maitriser les adventices
  • Stockage de carbone sur les parcours agroforestiers (prairies, arbres) et grâce au système de culture (couverts et restitution des pailles)
  • Protection de la qualité de l'eau et de la biodiversité grâce aux prairies permanentes des parcours, aux haies et au bois
  • Le toastage à façon du soja par la coopérative permet de se passer de soja importé du Brésil
  • Faible chargement / ha
  • Impact sur la qualité de l'eau avec fertilisation azotée et recours aux herbicides