Le déclic

Avant l'arrivée de Sophie et de Laurent sur la ferme, le père de Sophie élevait des vaches à viande, entre 30 et 40 mères Charolaise et Blonde d'Aquitaine en système broutard. Les surfaces de l'exploitation étaient en prairies permanentes, prairies temporaires, céréales pour l'autoconsommation et cultures de rente.

Le paysage agricole local a subi des évolutions importantes dans les années 1980 et 1990 avec le remembrement parcellaire, l'arrivée des subventions aux cultures de la politique agricole commune et la création du lac de Puydarrieux pour l'irrigation. Les parcelles ont été agrandies et une partie des haies arrachée. L'irrigation a entrainé l'augmentation des surfaces en culture de printemps dont le maïs, avec des contrats pour la production de semences.

Dans le même temps, les effectifs de porcs gascons diminuaient. En 1981 on ne comptait plus que 34 truies et 2 mâles. C'est dans ces années-là que des éleveurs du Bigorre ont décidé de relancer cet élevage. L'association des éleveurs de porcs Noir de Bigorre a vu le jour en 1994, puis le Consortium du Noir de Bigorre a été créé en 1996 (association d'éleveurs et d'artisans charcutiers et salaisonniers) et la société du porc Noir de Bigorre (SICA) est née en 2001.

Après avoir travaillé à l'extérieur, Sophie s'est installée en GAEC avec son père en 2003. Empreinte du travail collectif des éleveurs de sa région, Sophie voulait agir pour la sauvegarde d'une race.

Progressivement entre 2003 et 2012, Sophie et son père ont fait évoluer la ferme en diminuant le nombre de vaches et en introduisant un atelier de porcs Noir de Bigorre. Les prairies permanentes sont devenues des parcours, l'ensilage d'herbe et de maïs a été arrêté au profit des céréales à paille pour l'alimentation et le paillage. A son arrivée sur l'exploitation, il fallait aussi faire évoluer les bâtiments d'élevage (étable entravée pour les vaches). Les bâtiments ont été réaménagés pour débuter l'élevage de porcs plein air (maternité en système « naisseur »). L'élevage a commencé en système « naisseur » puis a évolué vers « naisseur-engraisseur » 4 à 5 ans plus tard.

Avec son mari Laurent arrivé en 2012, ils ont continué à agir en faveur de la sauvegarde des races locales rustiques en introduisant un élevage de poules noire d'Astarac Bigorre.

Avec la mise en place de parcours, Sophie et Laurent œuvrent à la replantation d'arbres sur la ferme : haies en bordure et arbres sur les parcours.

 

Pour bien comprendre :

  • Le porc gascon, est le nom de la race.
  • Le porc Noir de Bigorre est le nom l'AOP. C'est un porc gascon élevé dans les conditions fixées par les cahiers des charges de deux AOP (porc Noir de Bigorre et jambon noir de Bigorre)
  • AOC signifie « Appellation d'origine contrôlée » et est un signe valable sur le territoire français
  • AOP signifie « Appellation d'origine protégée » et est un signe européen.

La filière du porc noir de Bigorre est maitrisée par ces acteurs. La production globale est limitée à 10000 porcs par an.

 

Les grandes lignes du cahier des charges de production d'un porc noir de Bigorre :

  • Porc de race gasconne, né, engraissé et abattu en Bigorre
  • Porc de plus de 12 mois, maximum 24 mois.
  • Un poids carcasse minimum de 100 kg, une épaisseur de gras minimum de 30 mm et une épaisseur de muscle d'au moins 45 mm, mesurées au mini rein
  • Porc élevé sur parcours enherbés validés par l'INAO, alimentation sans OGM, céréales locales qui proviennent de l'aire géographique de l'AOP
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