Du concept à la technique

Les éléments clés pour une plaquette de bois de qualité et compétitive

Les éléments clés pour une plaquette de bois de qualité et compétitive

En plus d'un Plan de Gestion Durable de la Haie, les points clés à respecter pour une plaquette de qualité adaptée aux litières et à un prix compétitif sont les suivants :

 

  • Un choix judicieux du bois destiné à la litière :
    - Haie mixte à privilégier (branches d'élagage de frêne, chêne, peuplier, tremble, bouleau, aulnes, saules, noisetier…) : sans tanin et bois peu denses donc plus absorbants quand ils sont bien secs.
    - Gros bois riches en tanins (bois de cœur de chênes, châtaigniers) ou résineux : Le bois de chêne et de châtaignier est utilisable s'il provient de tiges âgées de moins de 25 ans encore peu riches en tanin. Au-delà de cet âge, ces essences sont mieux valorisées en bois bûches ou en pieux pour les clôtures. A éviter en litière car les tanins et les terpènes (issus des résineux) peuvent acidifier les sols. A défaut, il est impératif de les composter avant de les épandre.
  • Un calendrier idéal : pour disposer de plaquettes parfaitement sèches en début d'hiver, il faut couper le bois en hiver mais possible du 1er août au 31 mars, le broyer en cours de printemps pour qu'il puisse fermenter, chauffer puis sécher en été. Délai de 3 à 4 mois incompressible pour faire sécher le bois.
  • Il est recommandé d'avoir un calibrage de 3 cm afin d'obtenir une plus forte capacité d'absorption.
  • Des modalités de déchiquetage adaptées : type de matériel notamment comme le grappin coupeur et la déchiqueteuse
  • Un séchage naturel :
    - L'idéal est de stocker les copeaux à l'abri couvert et aéré. Mettre les plaquettes sur une aire bétonnée pour éviter les remontées d'humidité. Si les plaquettes sont réalisées à partir de bois vert coupé au printemps en période de montée de sève, le taux d'humidité avoisine les 50 à 55 %.
    - Mise en tas de 2 à 3 mètres de haut minimum (jusqu'à 5 à 7 mètres si possible), la fermentation démarre rapidement et la température du tas s'élève progressivement de 70 à 80 °C, ce qui sèche naturellement les plaquettes, sans avoir à remuer le tas. Il ne faut surtout pas brasser le tas car son oxygénation provoquerait un phénomène de compostage. Passé ce délai, les plaquettes atteignent le taux d'humidité de 15 à 25 % qui permet de les utiliser dans une chaudière ou pour une litière.

Mise en œuvre technique de la plaquette bois en litière

  • Pour quels animaux est-elle employée ?
    La litière bois plaquette a fait ses preuves initialement sur les bovins allaitants mais elle est aussi utilisée en bovins lait, ovin, porcin, volaille....
  • Le protocole pour utiliser les plaquettes pour le paillage :
    3 techniques sont possibles : en sous couche (meilleure efficacité), en millefeuille ou 100 % plaquettes.

Source : Chambre Agriculture Cote d'Or

Le choix de la méthode ainsi que le ratio paille/plaquette dépend de la quantité de bois disponible sur l'exploitation ainsi que des spécificités de l'élevage (type de bâtiment, matériel disponible, type d'animaux, organisation du travail de l'éleveur).

L'idéal est d'utiliser le matériel présent sur la ferme : godet, pailleur, épandeur.

Epandre en couche de 8 à 10 cm (soit 1 m3 pour 15 m2) avant l'entrée des animaux, puis en fonction du salissement des animaux, rajouter régulièrement des plaquettes (6 à 8 cm) ou de la paille ce qui évite alors l'aspect contraignant du retournement de la litière.

Le paillage peut alors être moins conséquent (entre 50 et 70 % de la dose habituelle comparativement à une litière 100 % paille) de par l'effet structurant et drainant de la sous-couche. En 100% plaquette, certains éleveurs estiment que la litière est « froide » si elle est uniquement composée de plaquettes et qu'il est donc utile d'incorporer au moins une petite proportion de paille de façon à améliorer le confort des animaux.

Point d'attention avant rajout plaquette ou paille : Se fier à l'état de propreté des animaux pour rajouter une couche supplémentaire et non pas à la couleur de la litière très sombre.

Une grosse épaisseur en une fois sur 15 à 20 centimètres dans la stabulation avant l'entrée des animaux est contraignante car la litière dure environ trois semaines. Elle peut nécessiter un vibroculteur ou une herse rotative pour briser la croûte qui se forme et faire remonter les plaquettes propres pour prolonger d'une quinzaine de jours la litière sans rajout de paille. Cette méthode est donc peu répandue.

 

  • Les autres usages

La plaquette peut être utilisée également autour des abreuvoirs, devant une marche en béton, sous les nourrisseurs et les râteliers extérieurs, à la sortie du bâtiment pour accéder au parcours…

- Aire d'exercice intérieure bétonnée : mettre 1 cm d'épaisseur tous les 2 à 3 jours puis racler. Idem pour des bétaillères.
- Aide d'exercice extérieure ou zone très piétinée : ne pas hésiter à utiliser des plaquettes de gros calibre pour stabiliser le sol et résister au piétinement. Mettre 30 à 40 cm d'épaisseur sur sol sec sur un rayon de 3 à 4 m autour de la zone piétinée. Curer la couche supérieure en laissant 10 cm avant de remettre une épaisseur de 30 cm de plaquette.

Epandre le fumier incluant des plaquettes

Il faut tenir compte des essences utilisées et de l'âge des bois.

Pour des bois blancs feuillus et le chêne ou le châtaignier de moins de 25 ans, le fumier peut être épandu tel quel après curage.

Pour le fumier incluant des plaquettes de chênes issus d'arbres ou de branches de plus de trente ans, le compostage est nécessaire sinon on a tendance à acidifier le sol. Ce risque n'est toutefois avéré que dans le cas d'épandages régulièrement renouvelés.

La fermentation du fumier de plaquette débute plus rapidement qu'avec de la paille, à retourner deux fois en 1 mois avant utilisation en compost sur la base de 15 t/ha selon l'expérience du Lycée agricole de Montluçon-Larequille (03).

La valeur agronomique de la litière contenant des plaquettes est globalement intéressante, même si elle varie en fonction des essences utilisées et du compostage.

Une récente étude réalisé par la Chambre d'Agriculture de l'Isère (2019-2021)[1] apporte des références utiles.

Pour aller plus loin :

Sur le Plan de Gestion Durable de la Haie :

AFAC-Agroforesterie

Réseau des Chambres d'Agriculture

RMT Agroforesterie

AFAF association française d'agroforesterie

Pourquoi Comment Gérer et valoriser les haies bocagères, CIVAM Pays de Loire, 2020, 20 p

Cahiers techniques de l'agriculture durable : Gérer haies et bocage, CIVAM, 2003. 36 pages

 

Sur les référentiels existants sur l'utilisation de la litière plaquette :

Chambre Agriculture Puy de Dôme, Mission Haie, Aduhme, CUMA Puy de Dôme : Des plaquettes pour valoriser le bois des agriculteurs, Des atouts en énergie et/ou en litière, 2014, 28 p

Mission haie auvergne rhone alpes : des fiches témoignages dont une plaquette bien faite

Idele, Bien utiliser la litière plaquette dans mon élevage – Comment faire les bons choix ?, Projet CASDAR ARBELE, 4 pages

Chambre agriculture Côte d'or, Gestion et valorisation des haies, 14 pages,

Litière bois plaquette, Réussir sa litière en bovin allaitant, Bourgy E, Chambre d'agriculture de la Nièvre, 2020, 16 p

Guide technique Gestion et Valorisation durable de la haie, Les Cuma accompagnent les agriculteurs les communes rurales dans l'agroécologie, CUMA TERR'EAU CUMA Bourgogne Franche Comté, 8 p

 

Sur les valeurs agronomiques des fumiers ou composts de plaquettes :

Valeurs agronomiques des litières avec plaquettes de bois, Chambre d'agriculture Isère, Siteven R, 2021

La litière avec des plaquettes forestières : un intérêt agronomique, Chambre Agriculture Lozère 2019, 3 pages

 

Des retours d'expériences :

Chambre agriculture du Cantal, Des plaquettes pour ne pas rester sur la paille

 

De nombreux articles du magazine Entraid :

https://www.entraid.com/articles/avis-utilisateur-litieres-en-plaquettes-de-bois

https://www.entraid.com/articles/plaquettes-bois-litiere-pour-remplacer-la-paille

https://www.entraid.com/articles/plaquettes-de-bois-pour-les-litieres

https://www.entraid.com/articles/valorisation-bocagere-en-plaquette-en-cote-dor

https://www.entraid.com/articles/valoriser-bois-haies-plaquette-litiere

 

Mission Haies – Union des Forêts et des Haies Auvergne Rhône Alpes : Divers témoignages à télécharger

Revue Agronomie, Environnement et Sociétés  : Revue AE&S 11-2 Des démarches cliniques en agronomie dans les territoires pour la transition agroécologique - Décembre 2021 : TEMOIGNAGE « La création d'une filière locale pour gérer et valoriser les haies en région allaitante dans la Nièvre »

 

IDELE, retours d'expérience du projet CASDAR ARBELE :

Des plaquettes de bois en litière pour les brebis et les agneaux, IDELE/CIIRPO, 8 pages

un diaporama

multifilières : 13 témoignages d'éleveurs issus du projet ARBELE, 2017

 

Site web :

Bocage Pays Branché : retours d'expériences du projet CASDAR VIE2A Co-construire à l'échelle de l'exploitation de l'EPL, un plan innovant de valorisation des éléments arborés associant les apprenants et mobilisable par les territoires bocagers, 2019

 

 

 

 

 

 

 

[1]  https://rmt-agroforesteries.fr/wp-content/uploads/2021/11/synthes_analyses_litiere_38.pdf