Mélanges prairiaux

LA DÉMARCHE

L'allongement de la durée de pâturage n'a pu se faire sans l'expérimentation de nouveaux mélanges prairiaux. 20 années d'essais ont permis d'identifier les espèces les plus propices au terroir et les mélanges les plus satisfaisants tant sur la qualité de la ration que sur la production d'herbe.

LES SAVOIRS AGROÉCOLOGIQUES

Déterminer les mélanges prairiaux les plus adaptés
  • Pour garantir une période de pâturage maximale, les principaux critères de sélection des espèces prairiales sont la résistance à la sécheresse estivale et la capacité de production en hiver.
  • L'association Ray-Grass Anglais (RGA) et Trèfle Blanc (TB) est la plus commune. Le pourcentage élevé de TB dans le mélange apporte un bon taux de protéines à la ration et permet d'éviter la fertilisation azotée minérale. De plus, le TB résiste bien aux périodes humides en étant peu sensible au piétinement.
  • Les mélanges complexes graminées-légumineuses (RGA, dactyle, fétuque, TB, lotier) sont de plus en plus développés. « Les mélanges multi-espèces permettent d'effacer les hétérogénéités sur la parcelle. ».
  • L'ajout de plantes à tanins telle que la chicorée (variétés Puma ou Comander) facilite l'assimilation des protéines. Grâce à ses racines pivotantes profondes, la chicorée présente une bonne résistance à la sécheresse.
  • « Les mélanges sont ajustés au cas par cas selon le terrain et la valorisation de la parcelle. L'analyse de sol est loin d'être suffisante. Il faut également une analyse foliaire avec un indice de nutrition. ».
  • Les mélanges d'espèces et de variétés sont également sélectionnés selon leurs stades de précocité pour maximiser la durée de pâturage.  
Modalités de semis

« Le semis nécessite une grande technicité, notamment concernant les doses de semences. Il faut se faire aider. ».

  • Ne pas utiliser de semoir à céréales en ligne car sur une même ligne, les graminées et les légumineuses sont en concurrence directes. L'avantage du semis à la volée : des pieds beaucoup mieux répartis, moins d'évaporation, une lumière favorable au développement des légumineuses.
  • Privilégier des semis « naturels » en laissant les épis arrivés à maturité au printemps. « C'est la solution la plus économe mais la plus technique. C'est le meilleur moyen de maintenir la pérennité des prairies ». Lorsque les semis naturels ne sont pas suffisants, un sur-semis est souvent réalisé. Le renouvellement des Prairies Temporaires (PT) est limité au maximum car les consommations énergétiques sont énormes (environ 10 ha renouvelés / an).

Itinéraire technique lors du renouvellement d'une PT :

Interventions culturales

Observations

Cultivateur lourd – vibroculteur - casseuse de cailloux - faux semis - rouleau.

Destruction du faux semis à la herse étrille.

Herse étrille combinée à un semoir pneumatique (6 m de large).

Part des légumineuses au semis : 40 à 50 %.

Semis à la volée : limitation de la concurrence graminées-légumineuses contrairement au semis en ligne.

Semis en surface des graines minuscules de trèfles (trèfle d'Alexandrie intéressant en phase d'installation).

Rouleau.

Bon contact terre-graines.

Pâturage.

60 à 80 jours après le semis.

Zoom sur la fertilisation

En 2014, André Delpech a pris la décision d'arrêter l'utilisation d'engrais azotés minéraux sur les prairies pour des raisons économiques et environnementales. Le prix de l'engrais ne justifie plus la production d'1 tMS/ha supplémentaire. « Economiquement, cela ne passe plus de fertiliser de l'herbe ». Ces essais zéro fertilisation sur les parcelles expérimentales lui permettent d'aborder plus sereinement ce tournant.

Zoom sur l'expérimentation  

Chaque année, des parcelles d'essais sont mises en place pour comparer les espèces et les variétés. Les essais sont conduits en damier : des bandes de variétés de graminées perpendiculaires à des bandes de légumineuses. Ce système permet de tester une diversité de mélanges graminées-légumineuses (15 variétés de RGA sont en test).

« On recherche des mélanges graminées-légumineuses afin d'améliorer qualitativement l'herbe à pâturer, l'objectif n'est pas de faire que du volume. En faisant des relevés à toutes les saisons, on voit comment réagissent les mélanges aux différentes conditions climatiques, notamment en plein hiver. Les écarts sont très importants, donc on est obligé de faire des tests. Il faut vérifier les mélanges dans son sol, son climat. On a trouvé comme cela une espèce de ray-grass anglais qui a résisté à la sécheresse de 2003. »

La luzerne fait l'objet de peu d'essais car elle est déséquilibrée pour la ration. Le sainfoin est une plante intéressante pour la ration, riche en protéine, pérenne mais elle résiste peu au pâturage intensif. Selon l'agriculteur, elle n'a pas fait l'object de suffisament de travaux de sélection.

  • Prairie Temporaire mélangée (y compris chicorée, plante à tanins) – sept 2014 (Solagro)
    Prairie Temporaire mélangée (y compris chicorée, plante à tanins) – sept 2014 (Solagro)
    Prairie Temporaire mélangée (y compris chicorée, plante à tanins) – sept 2014 (Solagro)

INTÉRÊTS DU POINT DE VUE DE L'AGRICULTEUR

Economiques

Agronomiques

Environnementaux

  • Diminution des coûts de production liés au renouvellement des prairies et à l'arrêt des engrais azotés minéraux
  • Prairies plus résistantes à la sécheresse et aux périodes humides et froides
  • Portance des sols
  • Qualité nutritive de la ration
  • Hétérogénéités parcellaires (mélanges multi-espèces)
  • Biodiversité (prairies multi-espèces)
  • Pollution de l'eau (arrêt des engrais minéraux)
  • Des coûts énergétiques liés au renouvellement des prairies

Social :

  • Travail en collaboration avec plusieurs organismes pour l'expérimentation
Aucun commentaire Ajouter un commentaire