Mise en oeuvre technique

Organisation et dimensionnement

Lors de l'achat de la presse, il existe deux modes d'organisation sont possibles :

  • achat d'une presse collective : copropriété, CUMA, coopérative
  • achat d'une presse individuelle (location possible)

Ce choix dépend des modalités d'utilisation souhaitées et du besoin. Les avantages et inconvénients de chaque choix sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Une fois fixé sur le mode d'utilisation individuel ou collectif, il convient de choisir le modèle. Même si dans les faits les agriculteurs n'ont souvent pas vraiment le choix et optent pour les modèles disponibles sur le marché de l'occasion pour limiter les coûts, il est important de choisir une presse au débit adapté voire un peu supérieur aux exigences de production.  En effet, selon une série d'enquêtes de l'IDELE sur le pressage d'oléagineux à la ferme, 15% des éleveurs utilisant une presse considéraient après coup que le débit était insuffisant, ce qui montre une tendance à sous-dimensionner le système (C. Veau, 2007).

Prendre en compte que le changement de système induit des changements au niveau des charges et des produits (exemple suivant).

Dans cet exemple, on prend le système suivant. Un éleveur de vaches laitières achète des tourteaux de soja et produit du colza en culture de vente. Il souhaite acheter une presse et dédier 4 ha de colza à la production d'huile et de tourteau. (rendement colza : 3 t/ha, rendement huile : 300 kg/t).

Il produit donc 12 tonnes de colza, soit 3,5 tonnes d'huile (3 820 L) et 8,5 tonnes de tourteaux. Sa production de tourteaux fermiers lui permet de substituer 5,5 tonnes de tourteaux de soja du commerce. Il achète seul pour 6 000 € de matériel amortissable sur 10 ans (presse à vis, filtre avec pompe, trémie,  avec des prix de matière première moyens (tourteau de soja : 350€/t, graines de colza : 350€/t, huile de colza en circuit classique : 750€/t).

Avec une presse au débit de 20 kg/h, il faut un total de 600 heures pour presser 12 tonnes de colza. Il est plus avantageux pour l'agriculteur de laisser tourner sa presse le plus longtemps possible pour limiter les heures consacrées au nettoyage. Cependant, une presse qui tourne doit être surveillée régulièrement au cas où il y ait bourrage ou casse. En laissant tourner la presse 24h par jour 25 jours par an répartis en 2 fois 8 jours et une fois 9 jours, l'agriculteur triture ses 12 tonnes de colza et produit des tourteaux frais tous les quatre mois. On considère qu'une session de pressage nécessite 2h pour mise en route du système et réglages le premier jour, puis 1h par jour de pressage et enfin 2h en fin de pressage pour arrêt du système et nettoyage. Soit dans notre exemple un total de 37h.

Exemple 1A : Passage d'un système vente de colza/achat de tourteaux à un système production de tourteaux de colza et vente d'huile (3-4 ha de colza) – Achat de presse individuelle

 

Exemple 1B : Passage d'un système vente de colza/achat de tourteaux à un système de production de tourteaux de colza et utilisation d'huile en carburant (3-4 ha de colza) – Achat de presse individuelle

On voit dans l'exemple 1A, au vu des prix du marché et des choix matériels, que l'agriculteur n'est pas gagnant économiquement avec cette stratégie, même si il a gagné en autonomie. Il est moins rentable à hauteur de 700 € par an de presser son propre colza que de vendre son colza et acheter des tourteaux de soja. Dans l'exemple 1B, le système est un peu plus rentable; il est plus intéressant d'utiliser l'huile pressée comme carburant autoconsommé que de la vendre à bas prix.

Les prix du colza et du tourteau de soja dépendent du marché. Les deux leviers sur lesquels l'agriculteur peut agir sont les charges de pressage et la vente d'huile. Les charges de pressage peuvent être limitées par un achat en commun (en CUMA, exemple 1C). De plus, la rentabilité des unités de trituration augmente avec le volume de graines traitées. L'achat d'une presse individuelle n'est en général pas motivé par des raisons économiques, à moins qu'il s'accompagne de la création d'un atelier d'embouteillage qui permet de vendre l'huile 6 à 10 fois plus cher. Dans ce cas, la masse de travail augmente alors aussi significativement mais la rentabilité économique est plus importante (exemple 1D).

Exemple 1C : Passage d'un système vente de colza/achat de tourteaux à un système de production de tourteaux de colza et utilisation de l'huile en carburant (3-4 ha de colza) – Achat de presse collective

Exemple 1D : Passage d'un système vente de colza/achat de tourteaux à un système production de tourteaux de colza et vente d'huile embouteillée (3-4 ha de colza) – Achat de presse individuelle

Les modèles les plus aboutis au niveau économique sont ceux qui valorisent le produit jusqu'à l'embouteillage. Cela permet de vendre l'huile beaucoup plus cher. Les modes d'organisation collectifs sont également intéressants car ils réduisent les investissements et le poids des charges. La rentabilité augmentant avec le volume de grains traité. Dans le cas d'un pressage et d'un embouteillage collectifs (non traité ici), on peut envisager deux entités adossées : une CUMA pour le pressage et une SARL ou une coopérative pour l'embouteillage et la vente d'huile, ou bien un seule coopérative chargée du pressage et de l'embouteillage.

Les chiffres avancés dans ces exemples ne tiennent pas lieu de référence et peuvent varier à l'infini. Il s'agit ici d'exposer un modèle de calcul de la rentabilité économique induite par le changement de système et de montrer, par de grandes tendances les modes d'organisation les plus rentables.

Types de presses
  • Presse à vis :

Une vis sans fin tourne dans un fourreau perforé. Les graines sont pressées à l'extrémité du fourreau par rotation de la vis sans fin. L'huile s'échappe par des trous au niveau du fourreau. Le tourteau sort en bouchons à l'extrémité de la vis.
La zone de compression et la zone de sortie de l'huile sont différentes ; l'huile doit remonter le pas de vis pour s'écouler dans les trous donc le taux d'extraction de l'huile n'est pas toujours optimal. Des débits assez faibles associés à un prix abordable rendent ces presses destinées plutôt à des usages occasionnels ou individuels.

  • Presse à barreaux :

Une vis sans fin tourne dans une cage à barreaux. Elle est plus épaisse au niveau des barreaux et les graines compressées libèrent l'huile qui s'écoule entre les barreaux. Le tourteau sort en chips à l'extrémité de la vis.

L'huile s'échappe au niveau de la zone de compression des graines donc le rendement en huile est meilleur et les tourteaux moins gras. Ce système permet en général d'atteindre des débits de graines et d'huile plus élevés. Il est en revanche plus cher.

Après le pressage
  • Filtration de l'huile

Après pressage des oléagineux, il reste des particules en suspension dans l'huile. On peut alors éliminer les particules les plus grosses par décantation pendant plusieurs semaines. La décantation avant filtration permet d'allonger la durée de vie du filtre (dans le cas de filtres jetables). Après la décantation, un système de filtration permet d'éliminer le reste des particule afin d'obtenir une huile pure.

Pour l'huile destinée au carburant, on préconise une filtration à 1 micron, soit avec filtre à bourbes (toiles nettoyables) aussitôt après le pressage, soit avec filtre à plaques (cellulose ou métal) ou à cartouches après une longue décantation.

Pour l'huile alimentaire, une filtration plus grossière est possible. Il est également possible de consommer des huiles non filtrées et seulement décantées. La filtration entraîne en effet des pertes de qualité organoleptiques et  nutritionnelles. Une huile plus riche en résidus est notamment plus riche en fibres, en revanche elle doit être consommée rapidement car il y a un risque de fermentation des résidus

 

  • Conservation des tourteaux

Il est nécessaire de faire refroidir et sécher les tourteaux avant de les conserver pour éviter les moisissures.

En général, on préconise de ne pas conserver les tourteaux plus de 3-4 mois car il y a un risque de rancissement de la matière grasse qui on le rappelle s'élève à hauteur de 10% à 20% de la composition du tourteau. Une conservation en big-bag suffit généralement, à l'abri de la chaleur, de l'humidité, de la lumière. (C. Veau, 2007)

Il est également possible d'investir dans des cellules ventilées pour le conserver plus longtemps.