Installer massivement des jeunes paysannes et paysans en agroécologie

C'est le défi qui attend le monde agricole dans les 10 années qui arrivent : installer des jeunes paysannes et paysans pour prendre la suite de ceux qui vont partir à la retraite tout en opérant une transition vers l'agroécologie et en prenant en compte les nouvelles demandes sociétales comme les circuits courts prônés dans les plans alimentaires régionaux ou les productions sou labels de qualité (bio, labels rouges, AOP). Le renouvellement des générations en agriculture est vital pour les territoires ruraux et pour la société dans son ensemble.

D'après les chiffres du recensement général de l'agriculture de 2020, quelque 58 % des chef·fes d'exploitations et co-exploitant·es étaient âgé·es de 50 ans et plus. Pour ce qui est de l'âge de départ à la retraite, il se situe entre 62 ans – âge légal de départ à la retraite – et 67 ans – âge maximal pour atteindre le taux plein. Si 58 % des agriculteurs·rices avaient plus de 50 ans en 2020, près de la moitié d'entre eux·elles prendra bien sa retraite à l'horizon 2030. La Mutualité sociale agricole confirme ce chiffre : "48 % des chefs d'exploitation ont aujourd'hui 52 ans. Donc dans dix ans, 48 % des chefs d'exploitation auront atteint l'âge légal de départ à la retraite."

La France vient de perdre 100 000 exploitations entre 2010 et 2020 (soit une baisse de 21%). Il est peut-être plus que temps d'arrêter cette hémorragie. Il restait donc en 2020, 389 000 exploitations agricoles correspondant à 583 000 emplois permanents à temps plein. Ce qui veut dire qu'il va falloir transmettre 195 000 fermes en 10 ans soit 20 000 fermes par an correspondant à 30 000 temps plein.

13 400 chef·fes d'exploitation se sont installé·es en 2019, d'après les derniers chiffres publiés fin décembre par la MSA. Mais 26,1 % des installations correspondent à des transferts entre époux·ses. Le nombre d'installations réelles n'est donc que de 9 900. Les installations ne compensent donc que la moitié des départs avec pour corolaire l'agrandissement de la taille des fermes.

Terre de Liens a ainsi mis en place une plateforme Objectif Terres pour accompagner à la fois les cédant·es, les porteur·ses de projet mais aussi la recherche d'associé·es.

L'inadéquation entre des fermes à reprendre et les projets d'installation est de plus en plus criante confirme le Réseau CIVAM. Les attentes sociétales pour une agriculture durable introduisent de nouveaux défis à relever par le cédant ou la cédante et le repreneur ou la repreneuse. Or le processus de transmission/installation allie à la fois continuités et ruptures dans les choix techniques, économiques et/ou organisationnels. Ces ruptures, si elles ne sont pas préparées, rendent l'installation plus difficile, voire la mettent en échec. Il est donc nécessaire de les accompagner techniquement et humainement pour réussir le renouvellement des générations agricoles et les transitions agro-écologique et alimentaire. Il faut aussi préserver le foncier agricole et le rendre accessible à ces jeunes.

 

Voici deux exemples parmi tant d'autres :

La ferme du Marigot près de Najac dans l'Aveyron recherche un·e quatrième associé·e pour rejoindre cette aventure paysanne.  Cette ferme bio est très diversifiée : vaches laitières, cochons, cultures avec huile de colza, châtaignes, atelier de pâtes, jus de pommes et ferme pédagogique. Elle s'insère dans un tissu de projets collectifs : magasin de producteurs, atelier mobile de pressage de jus de pommes, matériel en CUMA...

L'objectif est de partager le travail afin de libérer des week-ends et des vacances tout en prélevant un revenu régulier. Elle recherche un·e jeune motivé·e par l'élevage et/ou les cultures, et pour participer aux autres activités de la ferme. Il est possible de mettre en place un contrat pré-installation.

Contact :
Gaec du Marigot Sourbins 12270 La Fouillade
Mail : gaecdumarigot@gmail.com
Tel : 0565657743

 

C'est aussi le cas de la ferme bio de Philippe Guichard qui lui partira bientôt à la retraite à Pailloles en Lot et Garonne. Cette ferme en polyculture produit de la farine de blés anciens comme les blé Poulard et des légumineuses pour la consommation humaine avec une « belle » clientèle (restauration gastronomique et épicerie fine). La base du système : une rotation longue avec de la luzerne, des céréales et les légumineuses graines et beaucoup en association de cultures (luzerne/blé, cameline/lentille).

Contact :
Mail : paysanbio@aol.com
Témoignage : https://osez-agroecologie.org/guichard-videos

 

Source : https://www.civam.org/