Terre à terre : faire du lait qu’avec de l’herbe et bien vivre de son élevage

Vous découvrirez cela et bien d'autres choses encore sur ce film documentaire « Terre à Terre » réalisé par l'association DéTERReminés et tourné en Bretagne mais aussi en Andalousie et en Allemagne. Ce reportage montre comment il est possible d'installer des jeunes et de donner envie de ce métier de paysan en le rendant attractif.

 

Jean-François et Olivier Glinec installés en 1996 à la Ferme de Trevarn à Saint Urbain dans le Finistère ont modifié radicalement leur système laitier en 2010 en abandonnant tout achat extérieur que ce soit des aliments, des semences, des engrais ou des pesticides. Les 15 ha de maïs ensilage ont été abandonnés. Cette culture coûtait trop cher, près de 1000€/ha en labour, semence, désherbage et chantier d'ensilage. Le troupeau de 50 vaches Holstein produisait alors 450.000 litres de lait, soit 9000 litres de lait par vache.

 

Aujourd'hui la ferme est occupée par 97 ha de prairies permanentes. Les 90 vaches et les 30 génisses de renouvellement ne sont plus nourries qu'à l'herbe, au pâturage ou l'hiver sous forme de foin et d'enrubannage, et ne produisent plus que 4000 litres de lait chacune. Mais le revenu des agriculteurs et la qualité de vie se sont nettement améliorés avec un salaire de 2500€ chacun par mois « sans y être jour et nuit et sans détruire la planète ». Le pic de production de lait par vache qui atteignait 40 litres par jour avec le soja et la maïs ensilage n'est plus que de 22 litres à l'herbe pâturée. Le troupeau est aujourd'hui conduit en croisement de races (Holstein, Jersiaise, Montbéliarde, Rouge Suédoise). La ferme est en conversion en agriculture biologique depuis 2018. Du fait de l'abandon de la fertilisation azotée chimique (60 unités auparavant), le troupeau devrait passer à 70 vaches et 10 génisses de renouvellement.

 

Mais les frères Glinec ne se sont arrêtés là. Ils ont permis l'installation d'Estelle en maraichage en 2013 sur une parcelle de 1,5 ha qu'ils ont mis à disposition, puis de Gwen qui a ouvert une brasserie et enfin Craig de Brooklyn qui est en cours d'installation comme fromager (scoop non cité dans le film). Ces installations ont permis de redynamiser le hameau qui était à l'abandon mais aussi de créer une réelle dynamique en échangeant des clients.  Et pourquoi pas d'autres ateliers comme de poules pondeuses ?

 

Ainsi il est devenu plus facile pour les Glinec de commercialiser en caissettes leurs veaux de lait engraissés à 3 mois, et leur bois de chauffage de haie. Leurs 10 km de haies permettent de produire chaque année 100 stères de bois (40 tonnes de bois sec soit l'équivalent de 16 tonnes de fioul).

 

Ils ont aussi, avec d'autres, sauvé une partie de leurs terres menacées par un projet de ZAC initié en 2011 par le bourg de Daoulas en faisant annuler ce projet au tribunal administratif de Rennes en 2016 puis à la cour d'appel de Nantes en 2017 pour non-conformité du PLUI avec le SCOT.

 

En Allemagne à Rouenhof, Fran et Susanna, en bio depuis 30 ans nous montrent qu'il est possible de créer 7 emplois sur 50 ha avec un salaire moyen de 1700€. La ferme comprend un élevage laitier, un élevage de chèvre et un atelier porc. Tout le lait est transformé en fromage et le porc en charcuterie. La transformation du lait en fromage permet de valoriser le lait à 2500€ la tonne. Tous les produits sont vendus en vente directe à la ferme ou avec un camion. La ferme comprend aussi des gîtes et accueille du public : écoles, mariages, goûters, ..Il est possible de créer de la richesse sur un territoire

 

En Andalousie à Cabra, plusieurs maraichers bio ont créé en 2009 un groupe de producteurs Subettica Ecologica pour commercialiser leurs légumes. Un système de panier a aussi été mis en place (4kg de légumes pour 6€) puis une centrale d'achat pour alimenter les cantines scolaires. L'agriculteur y gagne tout comme le consommateur, en prix et en qualité.

 

 

A découvrir : https://www.youtube.com/watch?v=Mg21-R5azhQ

Pour voir le sous-titrage en français n'oubliez pas de cliquer sur le bon icone.

 

Pour en savoir plus :  De la botanique à la multifonctionnalité : témoignage sur l'évolution d'une ferme qui a intégré les aspects sociaux et écologiques - Jean-François Glinec - Revue Fourrage n°237 .20129