Semences paysannes : à la découverte du maïs pop
Une semence paysanne, quézako? quelques définitions
La FAO estime que 75% de la diversité génétique des plantes cultivées a été perdue entre 1900 et 2000 (Source : FAO). L'autoproduction de semences paysannes à la ferme est donc essentielle pour maintenir la souveraineté alimentaire.
Au gré du temps, les premiers Hommes ont domestiqué les plantes sauvages et ont su choisir les variétés qui correspondaient à leurs besoins, participant ainsi dans un processus de co-évolution, à maintenir la biodiversité cultivée.
Diversité d'espèces, de variétés, une semence paysanne est différente d'une semence fermière ou commerciale. Elle peut se définir comme :
« Un ensemble de populations dynamiques reproductibles par le paysan, sélectionnées et multipliées avec des méthodes non transgressives de la cellule végétale. Ces semences sont renouvelées par multiplication successives en pollinisation libre et / ou en sélection massale. Elles sont librement échangeables dans le respect des droits d'usage définis par les collectifs qui les font vivre. Une semence paysanne est issue d'un processus nécessairement collectif ». (Source : Réseau Semence Paysanne, 2013).
Les semences paysannes peuvent appartenir à des variétés populations ainsi définies :
« Les variétés populations sont composées d'individus tous différents présentant une grande variabilité (à l'opposé des hybrides F1) mais génétiquement proches et exprimant des caractères phénotypiques communs.
Toutes les plantes à l'intérieur d'une variété population se combinent entre elles par pollinisation libre et croisée entrainant une grande diversité génétique » (Source : Réseau Semence Paysanne, 2013).
Elles présentent généralement une plus grande souplesse d'adaptation leur permettant d'évoluer selon les conditions de cultures, la diversité des contextes pédoclimatiques et des pressions environnementales.
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Les semences paysannes : tout un réseau
Le réseau Semences Paysannes créé en 2003 regroupe aujourd'hui une grande diversité de collectifs membres du réseau, 92 au total : organisations agricoles nationales, association de préservation et de renouvellement de la biodiversité cultivée ou encore des artisans semenciers.
Le RSP a pour but de « rassembler et mettre en réseau les acteurs de la biodiversité cultivée pour favoriser la diffusion des semences paysannes et des savoirs faire associés ».
Le réseau permet également au travers des Maisons de Semences Paysannes d'assurer une conservation collective des semences paysannes et promouvoir par l'échange et l'organisation entre paysans, jardiniers, cuisiniers, la biodiversité cultivée.
La carte ci-dessous réalisée permet de localiser les différentes initiatives sur le territoire favorisant les semences paysannes en Agriculture Biologique. On y retrouve des initiatives autour de semences de blé, de tournesol, fourragères ou encore de maïs.
Carte des initiatives sur les semences paysannes – Source : Recueil d'expériences du réseau FNAB sur les semences de population en grandes cultures, édition 2014
Pour aller plus loin : RSP, « cultivons la biodiversité : les semences paysannes en réseau »
Cas du maïs
Il y a 9 000 ans le maïs commence son histoire sous le nom de téosinte. Cette plante est cultivée par les premières civilisations amérindiennes. La téosinte s'est reproduite de manière naturelle par mutations génétiques mais surtout grâce à la sélection massale par les premiers paysans.
Au fil des siècles, le maïs voit son apparition dans les milieux tempérés notamment aux États-Unis (où l'on recense plus de 20 000 variétés). Il est cultivé en France à partir du XVIIe siècle et se répand rapidement dans le Sud-Ouest.
A cette époque, les paysans cultivaient encore la terre en ressemant une partie de leur récolte et en échangeant leurs semences. On retrouve des populations connues sous les noms « le blanc doré des Landes, le grand roux Basque ou encore la Millette du Lauragais.
Les diverses découvertes génétiques du XIXe siècle ont entrainé la modification de la structure génétique des variétés de maïs par la voie dite « hybride ». Les premiers hybrides apparaissent en France dans les années 1950 et ont participé à l'accélération d'un modèle d'agriculture productiviste, rapidement intégrée aux exigences industrielles (Bonneuil et al - Source : Semences : une histoire politique).
Petit à petit, une grande majorité de paysans abandonnent leurs variétés anciennes au profit des variétés hybrides de type F1 (dite de 1e génération).
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Aujourd'hui, il est difficile de quantifier la Surface Agricole Utile destinée au maïs population à l'échelle nationale. Toutefois, le nombre d'initiatives autour du maïs population est croissante dans plusieurs régions notamment pour une grande majorité d'éleveurs recherchant l'autonomie du troupeau.
A titre d'exemple, suite à une contamination de semences de maïs par des OGM en 2001, des agriculteurs du réseau Bio-Aquitaine se sont regroupés et ont mis en place le programme régional « l'Aquitaine cultive la Biodiversité ».
Le programme se structure autour de trois axes :
- Expérimentation et sélection participative
- Échanger les expériences et savoir faire
- S'organiser collectivement autour de la Maison de la Semence Paysanne
Le premier axe de ce programme permet d'acquérir des données sur les populations de maïs étudiés au sein de la plateforme régionale et en plein champ chez les agriculteurs engagés dans le programme. Au total, c'est plus de 85 variétés de maïs qui sont étudiées. Le résultat de ces essais sont compilés dans une publication annuelle : « Programme Régional d'expérimentation en variétés population ».
Pour aller plus loin : http://www.agrobioperigord.fr/upload/biodiv/webRAPPORT2016.pdf
Parmi les divers projets* concernant les semences paysannes, deux projets Casdar viennent compléter toutes les dynamiques exploratoires assurés par les divers collectifs sur les variétés population de maïs :
- Le projet CASDAR Proabiodiv dont l'objectif est de co-construire et formaliser un modèle de gestion dynamique locale pour développer l'autonomie alimentaire des élevages en AB et à faibles intrants. (CASDAR 2012 – 2015, INRA / ITAB+ une dizaine de partenaires)
- Le projet CASDAR Covalience pour la conception d'outils de pilotage et d'évaluation de la sélection du maïs pour accroitre l'adaptation des systèmes de production au contexte local. (CASDAR 2018 – 2020, INRA, ITAB + une dizaine de partenaires)
*Solibam, Cobra, Diversifood, Liveseed
Pour aller plus loin : http://www.itab.asso.fr/programmes/re-projets.php